Entreprendre à Abu Dhabi: portrait d’Anne Gineste, fondatrice de « French Vision »

Arrivée par un concours de circonstances à Abu Dhabi, Anne Gineste s’y est établie il y a trente ans. « À l’époque, se souvient-elle, j’ai découvert que l’image de la femme française était automatiquement associée à la mode, à la haute-couture et au luxe. » D’abord directrice d’une société de distribution de produits français dans les émirats, Anne Gineste s’envole ensuite pour un tour du monde de quatre mois. Elle revient un peu plus tard à Abu Dhabi, comme professeure à l’université. En 2002, la Française, née à Toulouse, ouvre alors sa propre agence, baptisée « French Vision ». Elle se spécialise dans la communication pour les entreprises et le gouvernement émirati.

Adnoc, Institut français et Alliance française

Dès le début, son principal client est Adnoc, la première compagnie pétrolière nationale des Émirats. Elle décroche aussi des contrats avec le musée du Louvre Abu Dhabi. « On élabore pour eux des plaquettes d’information et des brochures pour les enfants, explique-t-elle. Ils font beaucoup d’activités avec les écoles. On crée des cahiers de jeux qui permettent aux enfants de visiter et de jouer en même temps. On a aussi conçu pour le musée un livre en quatre langues toujours en vente à la boutique du musée. »

L’agence assiste aussi l’Institut français et l’Alliance française pour leur publications et productions vidéo. Anne Gineste travaille également avec des sociétés dans le domaine de la santé et plusieurs ministères de l’émirat. «Nous ne nous occupons pas de campagnes publicitaires, détaille la Française, dans la fonction publique, on s’occupe en général de leur communication interne. Ils ne font pas beaucoup de communication externe. On travaille surtout sur le design graphique. Mais, face à l’avancée grandissante des médias sociaux et du monde digital, nous avons ouvert, il y a deux ans, un département vidéo et animation à l’agence. Les clients viennent avec un cahier des charges et nous les aidons à atteindre leurs objectifs. » Marketing, designers, éditeurs et vidéographes… L’agence emploie aujourd’hui quatorze personnes de sept nationalités différentes.

Patrimoine et culture mis en avant

Célibataire sans enfant, fan de yoga et de méditation, ancienne de chez Airbus et de chez IBM, après 8 ans passé à Londres dans le trading de pétrole, « A Abu Dhabi, s’amuse à comparer la Française, on est plus à Washington DC qu’à Los Angeles ». Loin du bling-bling de sa voisine Dubaï, l’émirat joue plutôt la carte de la culture avec de nombreux musées, notamment français. « Ici, affirme-t-elle, on met en avant le patrimoine et la culture. Ils ont misé sur ce type de visiteurs. Abu Dhabi a l’ambition de devenir un centre culturel à grande échelle. Quand on voit la construction du futur musée national Zayed, conçu par l’architecte star Norman Foster et dont l’ouverture est prévue en 2025, on ressent bien toute cette énergie. »

L’agence « French Vision » a aussi été sollicitée pour monter toute la campagne de lancement du campus de la Sorbonne à Abu Dhabi, ouvert en décembre 2009. L’annexe de la célèbre université parisienne accueille ici chaque année 2 000 étudiants. « On est souvent sur des projets qui commencent, observe la Française. Lorsqu’ils grossissent, ils sont confiés à d’autres agences plus importantes. » La Française mise aujourd’hui sur sa réputation et sur le bouche-à-oreille. « Je ne suis plus à la recherche de nouveaux clients, assure-t-elle. Ils se parlent entre eux, c’est le téléphone arabe, on nous recommande et nous prenons bien soin d’eux. On participe aussi à des appels d’offres. On est toujours vu comme une société qui a le « chic », une façon de penser et de travailler particulière à la culture française. »