Comme souvent, tout est parti de sa propre expérience. Diplômée d’une grande école, Marie Fontbostier a dû mettre sa carrière entre parenthèses pour suivre son mari au Sénégal, puis dans quatre autres destinations en vingt ans. A l’étranger, Elle a constaté que beaucoup de conjoint .es se retrouvaient ainsi sur place sans activité professionnelle malgré leurs solides compétences. « J’ai eu envie de mettre en lumière ces talents déjà ancrés localement et de faire le lien en les proposant à des entreprises françaises à la recherche de relais à l’étranger qui seraient à l’écoute de leurs marchés », explique Marie Fontbostier. L’idée de « Visit For You » était née. La Française se lance alors dans l’étude du portrait-robot de ces conjoints suiveurs : la plupart du temps des diplômés du supérieur, bac +5 en moyenne, avec cinq ou dix ans d’expérience. « Ce sont des personnes intéressantes et expérimentées qui ont la double culture, constate-t-elle, elles connaissent à la fois le niveau d’exigence des entreprises françaises et les pratiques locales. Mais comme elles ont un parcours haché et décousu, elles pensent qu’elles ne sont plus employables et ne cherchent pas. Même le bénévolat est pourtant une expérience intéressante. Il y a cette idée de perte de confiance. »
De Dubaï à New York
De retour chez elle, à Toulouse, Marie Fontbostier créée donc sa société il y a 18 mois. Accompagnée au départ par la couveuse d’entreprises BGE, elle met aujourd’hui en relation les entreprises souhaitant se développer à l’international et son réseau de Français déjà sur place. « On organise des missions in situ pouvant aller jusqu’à du recrutement », explique-t-elle. En un an d’existence, « Visit For You » a déjà réalisé une douzaine de missions dans dix pays différents. Et si Marie Fontbostier est officiellement de retour en France, elle continue à aller voir du pays, au rythme d’un long voyage d’études de deux semaines deux fois par an, à Dubaï, au Maroc ou à New York. L’occasion d’effectuer des missions de développement commercial ou d’aller rencontrer l’écosystème de l’international. « Nos missions peuvent intéresser des franchises qui souhaitent vérifier le respect de leur charte, détaille-t-elle. J’ai aussi travaillé pour un avocat parisien qui cherchait à sécuriser des investissements immobiliers au Népal. Je lui ai fourni un relais français sur place pour lui expliquer les rouages de l’administration locale. Chaque mission est du sur-mesure. » La Française dispose de douze partenaires qui diffusent ses offres de missions, comme les accueils francophones de la FIAFE, l’AFCA-MAE (association des conjoints d’agents du ministère des Affaires étrangères) ou Racines Sud, l’association des Occitans expatriés. Elle est aussi parrainée par le réseau des CCE, les conseillers du commerce extérieur de la France.
Des yeux et des oreilles
En janvier dernier, Marie Fontbostier a ainsi opéré en marge du CES de Las Vegas, le plus grand salon de l’innovation technologique au monde : « On a mis à disposition d’une start up française une acheteuse internationale et multilingue pour l’aider sur le salon et assurer les premiers contacts. Au lieu de se déplacer avec deux personnes, le directeur export y est allé seul et a eu l’appui de quelqu’un qui connaissait parfaitement les salons internationaux et qui était déjà sur place. » En conclusion, Marie Fontbostier affirme que son modèle de missions relais avec des expatriés donne « des yeux et des oreilles » aux entreprises françaises à l’étranger. « Les visites permettent de lever un doute, de valider une idée, d’identifier de nouvelles opportunités, de confirmer le bon respect des accords contractuels et de collecter de l’information. » La société emploie aujourd’hui trois personnes au total dans le centre de Toulouse. Son objectif est de se structurer financièrement pour augmenter le volume de ses missions et accélérer sa croissance.