À gauche sur la carte, la Thaïlande, environ 90 millions d’habitants. À droite, le Vietnam, autour de 70 millions, et entre les deux, le Cambodge, 15 millions d’habitants. Petit pays, le royaume khmer, compte sur sa population, jeune, et sur sa position en Asie du Sud-Est, la zone la plus dynamique de la planète économiquement, pour exister. Antoine Fontaine est avocat à Phnom Penh, la capitale, depuis plus de quinze ans. Il témoigne de l’apport de la France dans tous les secteurs au Cambodge et regrette que les Français n’y soient pas plus présents. « Le droit a été reconstruit grâce à un appui extrêmement important de la France, à la fois dans la création du droit comme le code de procédure pénale, mais aussi grâce à un rôle très important dans l’enseignement supérieur cambodgien, notamment dans le secteur juridique. C’est un pays extrêmement francophone, extrêmement francophile, et en fait, les Français sont, assez tristement, relativement absents de ce pays. »
Un marché test dans la région
Pourtant, le Cambodge a des arguments pour séduire les investisseurs étrangers. Après une contraction de son économie post-Covid, une croissance négative pour la première fois en deux décennies, le pays a renoué avec une croissance positive dès 2021, et prévoit une hausse de 6% de son PIB cette année.
Ratana Thurik-Callebaut fait partie de ces jeunes Cambodgiens formés à l’étranger, et de retour au pays. Poussée par la guerre, elle a fui vers la France à l’âge de deux ans. Mariée à un Français, elle est aujourd’hui consultante à Phnom Penh, et souhaite changer l’image du Cambodge : « C’est un pays qui facilite une entrée au marché, dans la mesure où vous n’avez pas besoin du tout d’avoir de partenaires cambodgiens pour monter votre business, et l’investissement est minimal. Donc, il y a une histoire de perception et de taille intérieure de marché pour produire, c’est sûr. Mais on oublie souvent que le marché cambodgien peut permettre de servir comme marché test, pour s’étendre ensuite dans la région. »
Une économie émergente
Ils sont nombreux, ici, à chercher à changer la perception de leur pays que l’on peut avoir de l’étranger, comme Blaise Kilian. Arrivé au Cambodge il y a plus de 20 ans, le Français est aujourd’hui codirecteur du Sosoro Museum, le musée de la monnaie de Phnom Penh : « Vous serez peut-être étonné de savoir qu’aujourd’hui, on peut payer au Cambodge sa consommation, en utilisant un QR code, et non pas en argent liquide. Ce sont des choses que les gens n’imaginent pas à propos d’un Cambodge très moderne, et d’une économie émergente qui a connu une croissance extrêmement forte, exponentielle, au cours des 20 dernières années. En tout cas, jusqu’à la récession que nous avons traversée pendant le Covid, pendant un an. »
Si l’économie avance au Cambodge, le pays devra aussi évoluer sur le plan politique. Au pouvoir depuis 38 ans, le Premier ministre, Hun Sen, devrait se présenter à nouveau lors des prochaines élections législatives en juillet, sans adversaire de poids, puisqu’il a fait fuir ou emprisonner ses rivaux. Le leader de l’opposition à son régime totalitaire, a ainsi été condamné le mois dernier à 27 ans de prison pour trahison. Lire et écouter la chronique ici