Français à l’étranger: Quel bilan de votre activité faites-vous pour l’année 2022 ?
Jean- Marc Merriaux: Après un recul du nombre d’inscriptions dans nos établissements pendant la pandémie, nous constatons une reprise et sommes revenus à un niveau qui est pratiquement celui d’avant la pandémie. La rentrée de septembre 2022 a par ailleurs vu l’ensemble des élèves revenir dans les classes après des mois en distanciel un peu partout dans le monde. Cela a permis de recréer une dynamique au sein de tous les établissements. La période du Covid nous ayant par ailleurs permis de booster nos offres de formations, nous avons assisté à une explosion du nombre d’usages de nos plateformes numériques, notamment en ce qui concerne notre écosystème de développement professionnel.
La convention de partenariat avec le ministère de l’Europe et des affaires étrangères (MEAE) a été renouvelée en février : sur quoi porte cette convention et comment se matérialise ce partenariat au quotidien ?
Jean- Marc Merriaux: La Mission laïque française a aujourd’hui trois conventions avec l’État. Nous sommes d’abord amenés à renouveler tous les cinq ans notre partenariat avec le MEAE. Cela permet de confirmer notre rôle dans le développement de l’enseignement français à l’étranger, d’être reconnus comme un opérateur de formation et de renforcer -du fait de la mission d’intérêt général qui nous est confiée- notre capacité à accompagner les politiques publiques sur le sujet. Nous avons par ailleurs une convention avec le ministère de l’Éducation nationale : elle reconnaît la qualité pédagogique de notre réseau. Elle rappelle aussi que nous sommes un partenaire d’homologation c’est-à-dire que nous sommes capables d’accompagner des établissements dans le processus d’homologation octroyé par le ministère.
Enfin, la troisième convention a été signée en 2022 avec l’AEFE. Elle réaffirme les liens existants entre nous et l’Agence, et donne le cadre de nos relations pour certains sujets ou dans certains territoires qui sont plus en difficulté que d’autres. Je peux par exemple mentionner le soutien plein et entier que nous avons reçu de la part de l’État français -à travers l’AEFE- pour nos établissements du Liban. Ces trois conventions font de nous le partenaire de premier plan de l’ensemble des acteurs publics de l’enseignement français à l’étranger.
Comment travaillez-vous avec ces différents acteurs publics sur l’objectif « Cap 2030 » ?
Jean- Marc Merriaux: Nous ciblons un territoire en particulier : l’Égypte. La Mission laïque française a été très présente pendant longtemps dans ce pays avant de devoir le quitter pour des raisons géopolitiques. Le lien a néanmoins été conservé et nous avons décidé il y a maintenant trois ans de créer un poste pour reprendre notre développement sur ce territoire. Nous y avons investi pour favoriser l’implantation de nouveaux établissements et pourrions à terme accompagner jusqu’à dix établissements en Égypte si l’ensemble des accords aboutit.
D’autres territoires font-ils l’objet d’une attention particulière de votre part ?
Jean- Marc Merriaux: Nous sommes en train de structurer une politique de développement en Afrique subsaharienne avec comme base locale notre lycée d’Abidjan (Côte d’Ivoire), le lycée Jean Mermoz. Nous avons d’ores et déjà un certain nombre de partenaires, notamment en Mauritanie, en Angola ou au Gabon. Cela constitue autant de pistes de développement pour les années à venir. Enfin, notre réseau au Maroc est important -11500 élèves-, et il continue de se développer. Début mars, nous avons par exemple assisté à la pose de la première pierre d’un nouvel établissement à Casablanca : il devrait ouvrir ses portes à la rentrée 2024.
À quelle concurrence êtes-vous le plus souvent confrontés dans ces différents pays ?
Jean- Marc Merriaux: Elle vient des réseaux étrangers, notamment du réseau éducatif anglo-saxon qui manie parfaitement les enjeux marketing et sait valoriser son attractivité. Ils ont une force de frappe différente de la nôtre. Nous devons donc nous adapter et utiliser les mêmes outils qu’eux, tout en conservant les spécificités de notre modèle d’enseignement à la française.
Pour la formation de vos enseignants, vous avez créé des centres locaux de développement professionnel (CDP). Comment fonctionnent-ils ?
Jean- Marc Merriaux: Ces centres permettent d’identifier au plus près du terrain l’ensemble des demandes en matière de formation et d’accompagnement des personnels de la MLF dans leur cheminement professionnel. Nous avons par ailleurs créé deux centres de développement professionnel -à Abidjan et à Rabat (Maroc)- pour accompagner nos établissements dans leur politique de formation mais aussi pour renforcer la coopération éducative avec des acteurs de proximité.