Un cocktail de bienvenue servi dans un grand hôtel, dans un genre de petit berlingot, qu’on peut manger en même temps qu’on boit le contenu, des capsules de gel énergétique à boire, pour ravitailler les coureurs du marathon de Londres. Ces emballages souples, qui n’ont aucun goût, sont réalisés à base d’algues et ont été mis au point par la startup Notpla, cofondée par le français Pierre Paslier, dans l’est de Londres. « L’idée, c’est de se dire si le packaging était comme un fruit, un cocktail, ça peut avoir la forme d’une petite tomate cerise, à une dose de dentifrice. Ça peut ressembler à une petite baie de cassis ou autre. Il y a tout un tas de formes qu’on peut envisager d’utiliser avec les algues, qu’on ne peut pas faire avec du plastique, et du coup, d’essayer de créer quelque chose qui soit vraiment plus lié à l’environnement de la nature qu’à un environnement industriel. »
L’entreprise a été créée en 2014. Elle emploie aujourd’hui 70 personnes, et a levé 17 millions d’euros de financement pour développer la recherche et le développement. Notpla fabrique aussi des boîtes solides de livraison de repas à domicile, utilisées dans huit pays européens et affirme avoir déjà évité trois millions de conteneurs de plastique.
Un catalogue de solutions
Diplômé de l’école d’ingénieur INSA de Lyon, Pierre Paslier explique que cela fait près d’un siècle que l’industrie utilise des algues : « Du dentifrice à la mousse dans nos bières, jusqu’à différents engrais ou types de médicaments. Il y a déjà une utilisation industrielle des algues à grande échelle, ce qui nous permet de ne pas partir de zéro. Aujourd’hui, on travaille avec des gens qui produisent des quantités phénoménales pour d’autres industries. C’est pour cela qu’on utilise des algues qui ont une capacité à grandir, de l’ordre d’un mètre par jour pour certaines espèces. »
La société travaille avec des fermes d’algues qui lui fournissent la matière première de ses packagings totalement biodégradables, comme des films à base d’algues, pour produire des sachets de pâtes par exemple : « On travaille avec des gens qui sont déjà actifs pour des applications cosmétiques, pharma, alimentaire, et en fait, on arrive à utiliser leurs algues et leurs procédés pour créer des formules de matières à base d’algues. C’est un peu le début de ce catalogue de solutions qui permettra à de plus en plus de marques d’arrêter d’utiliser du plastique à usage unique, et de le remplacer par des algues. »
On estime qu’aujourd’hui, 200 millions de tonnes de déchets plastique polluent les océans. Autant dire que la marge de progression de la start up de Pierre Paslier est immense. Sa société a d’ailleurs reçu, en décembre dernier, le prix “Earthshot“, créé au Royaume-Uni par le prince William, pour récompenser les meilleures innovations en matière d’environnement. Lire et écouter la chronique ici