Français à l’étranger: Pouvez-vous revenir sur le rôle de ce Conseil de développement économique ?
Joris Descaux-Desmares: Nous sommes une organisation provinciale, financée par le gouvernement canadien, qui soutient les francophones porteurs d’un projet d’entreprise, d’affaires ou de formation en Alberta. Nous avons un rôle de consultant et les aidons à mettre en place leur projet. Nous agissons comme des mentors grâce à notre connaissance du marché économique local et permettons une mise en contact avec des experts juridiques, en comptabilité, etc. Celles et ceux que nous accueillons ont souvent besoin d’un appui dans leur langue maternelle.
FAE: Qui sont les francophones qui profitent de vos services ?
J.D.D: Nous avons accueilli quelques francophones d’Europe qui envisageaient de s’installer sur le marché de l’Alberta mais aujourd’hui la majorité d’entre eux sont issus de d’Afrique francophone. Nous sommes en contact avec la Chambre de commerce et d’industrie française au Canada, basée à Montréal, qui oriente des Français attentifs à d’autres provinces que le Québec et qui veulent réaliser des affaires dans leur langue natale. Lorsque Total était basé à Calgary pour ses activités pétrolières, nous avons été en contact avec des expatriés français sous-traitants, notamment dans le domaine de l’énergie, des ressources humaines ou de la logistique.
FAE: Quels outils proposez-vous ?
J.D.D: Nous appuyons les entrepreneurs avec différents outils. Cela va de la construction du business plan à la mise en relation avec des experts ou de potentiels partenaires d’affaires, via notre réseau qui est bien implanté. Nous avons un programme de mentorat pour tous les entrepreneurs qui en ont besoin. Par exemple « Les Elles des Affaires » est un programme spécifiquement dédié aux femmes. Nous offrons aussi un suivi aux nouveaux arrivants qui ne sont pas encore des résidents permanents. L’objectif est de leur expliquer les étapes à franchir pour qu’ils puissent créer leur entreprise en bonne et due forme, et développer efficacement leur activité.
FAE: Le français est-il une langue propice aux affaires en Alberta ?
J.D.D: C’est une langue d’appui, notamment auprès des Québecois installés en Alberta. Cependant la langue des affaires reste l’anglais, avec cette culture très « nord-américaine » influencée par la proximité avec les Etats-Unis. Par exemple, les échanges doivent être rapides et directs, notamment par email, en gardant en tête cette idée de croissance au service du développement de l’entreprise.
FAE: Quels sont les atouts de l’Alberta pour un entrepreneur francophone ?
J.D.D: Le taux d’imposition sur les sociétés est un des plus bas du pays et il n’y a aucune taxe de vente provinciale, ce qui permet aux entreprises de garder la majorité de leurs bénéfices. On trouve une main-d’œuvre jeune, instruite, diversifiée et une forte croissance économique. L’Alberta est aussi connue pour ses ressources naturelles en pétrole et en gaz qui peuvent être intéressantes pour des entreprises souhaitant se développer dans le secteur de l’énergie ou de la technologie.
FAE: Quel serait le secteur le plus porteur en termes d’investissement ?
J.D.D: On voit de plus en plus de projets émerger dans le domaine du développement durable car l’Alberta est une des provinces qui bénéficie d’un des plus forts taux d’ensoleillement au Canada, ce qui permet un rendement énergétique très élevé.
>> Bon à savoir
• Entre 400 à 600 entrepreneurs francophone bénéficient chaque année d’un accompagnement du CDEA.
• En Alberta, 16 000 entreprises sont détenues ou codétenues par un Francophone.
• Tous les deux ans, lors de son gala, le CDEA organise les « Lauriers de la PME » dont le but est de reconnaître les mérites des entreprises francophones. Le prochain événement devrait avoir lieu