Entre une ressource insuffisante, un manque de canalisations pour l’acheminer et des événements climatiques comme les canicules, de plus en plus fréquents, l’accès à l’eau pour les Indiens est un problème quotidien. C’est ce dont témoigne Éline Caillaud qui habite à Jaipur, capitale de l’État indien du Rajasthan. « L’eau est distribuée par le gouvernement quelques heures par jour, en fonction des quartiers, le matin ou l’après-midi, qui remplissent des cuves. Et ensuite, une fois que la cuve est finie, on n’a plus d’eau potable au robinet. »
La Française vit à Jaipur depuis cinq ans. Elle constate que la population explose autour d’elle : « On voit clairement que la ville grossit et s’étend. Il y avait beaucoup de terrains vagues, de fermes tout autour, et on voit que c’est, petit à petit, mangé par les constructions. Il y a beaucoup de promoteurs immobiliers qui construisent des immeubles de 20 étages par exemple, en plein milieu d’un terrain vague ou d’une ferme, parce qu’ils savent effectivement que dans quelques années, la ville arrivera jusque-là, et donc qu’ils pourront vendre leurs appartements. »
Anxiété environnementale
Quant à l’eau, le rationnement touche essentiellement les foyers et les quartiers les plus pauvres, comme les bidonvilles, qui ont poussé comme des champignons autour des mégapoles indiennes, où les habitants font appel à des compagnies privées qui distribuent l’eau potable dans des camions : « Ce sont des citernes qui passent, et vous payez l’eau plus cher pour effectivement en avoir assez. C’est l’eau pompée dans les sols, les nappes phréatiques, comme il commence à faire chaud en avril, mai, juin, il y a de moins en moins d’eau distribuée par le gouvernement, donc il y a de plus en plus de personnes qui vont acheter à ces mafias privées. »
Du camion, l’eau est ensuite versée dans de grands bidons en plastique, que les habitants portent jusqu’à chez eux. La citerne ne passe, par endroit, que tous les trois-quatre jours, et parfois l’eau qu’elle transporte n’est pas de qualité suffisante pour être potable.
Éline Caillaud est professeure de français à l’université du Rajasthan à Jaipur et évoque parfois avec ses élèves la question de la population en Inde : « À chaque fois, ils vous disent : on est trop nombreux. C’est la phrase qui revient tout le temps. Qu’est-ce que ça représente derrière ? Ils ne l’expliquent pas vraiment, mais en tout cas, ils savent qu’ils sont trop nombreux. C’est dans beaucoup de discussions. J’ai l’impression que c’est quelque chose qu’on leur a beaucoup répété, et qu’ils répètent à leur tour. Occupation, artificialisation des sols, l’environnement… Il y a ici toute une partie de la population jeune qui, comme partout dans le monde, est sensible à ces questions-là et qui a cette anxiété environnementale. » Lire et écouter la chronique ici
Aller plus loin
L’université du Rajasthan à Jaipur où Eline Caillaud enseigne le français (site en anglais et en hindi).