La présence économique française à Maurice est importante: il s’agit majoritairement de PME et d’ETI (entreprises de taille intermédiaire). Mais on y retrouve aussi plusieurs grandes entreprises tricolores: le groupe hôtelier Accor, Air France, CMA-CGM, Engie ou encore Veolia. Plusieurs sociétés ont en outre installé à Maurice des centres de services (comptabilité, traitements de données, relation clients, etc.) pour leur propre compte. D’autres se sont implantées sur l’île pour le compte de clients. « Certains domaines d’activité attirent plus particulièrement les investisseurs français. C’est le cas des TIC et de la “relation clients à distance”», explique Amaury Halgand, directeur général de la Chambre de commerce et d’industrie France Maurice (CCIFM).
Les autres secteurs prisés sont la grande distribution -avec Carrefour, Décathlon, Monoprix, etc.-, le tourisme et l’énergie. « Les exportations françaises, quant à elles, concernent principalement les équipements mécaniques, les produits agro-alimentaires et chimiques », poursuit Amaury Halgand. Selon les données du FMI, la France est aujourd’hui le quatrième fournisseur de Maurice avec 7,8 % de parts de marché. Elle se situe derrière la Chine, l’Inde et l’Afrique du Sud.
Post-Covid : des candidatures en hausse
La coopération entre la France et Maurice s’exprime également au travers de l’Agence française de développement (AFD). L’agence est le premier créancier de Maurice, devant la Banque africaine de développement (BAD). Elle agit via la mise en place de lignes de crédit en faveur des entreprises mauriciennes. C’est le cas en période de crise mais aussi pour les accompagner dans leur transformation vers un développement plus durable et respectueux de l’environnement. Un peu plus de 1 200 entreprises ont aujourd’hui un directeur ou un partenaire français sur l’île Maurice. Et depuis deux ans, ce nombre est en augmentation constante. Ces Français sont répartis dans une quarantaine de secteurs d’activités et représentent au total plus de 38 000 salariés. « Nous avons reçu plus de 50 candidatures de nouvelles adhésions courant 2022, c’est un record depuis la création de la CCIFM en 2006 », se félicite Amaury Halgand.
Dans les colonnes du magazine économique l’Eco austral, le président de la Chambre John Benatouil explique par ailleurs que trois grands axes stratégiques ont été fixés, « au bénéfice direct de nos entreprises membres ». « Ces axes stratégiques se matérialisent d’abord par de multiples événements organisés tous les mois permettant aux membres de développer leurs réseaux. Nous leur assurons par ailleurs une présence unique auprès des instances locales avec qui les liens sont très étroits. Par ailleurs, depuis l’année 2022, nous déployons des partenariats avec d’autres CCI à travers le monde pour encourager et accompagner nos membres dans leurs démarches d’exportation de leurs produits et services », précise-t-il.
Une offre « d’amorçage » complète
La CCIFM offre une importante palette de services. « Nous proposons un appui aux entreprises ayant un lien économique avec la France et qui cherchent à s’implanter à Maurice, détaille Amaury Halgand. Nous appartenons à la Team France Export pour les services d’amorçage qui comprennent un diagnostic, une étude de marché, une sélection de contacts avec différentes options, un test produit et une mission de prospection. »
Le rôle de la CCIFM est aussi d’informer ses membres via l’organisation de conférences, de petits déjeuners débats et d’ateliers sur des thèmes d’actualité. Située au carrefour de plusieurs routes de par sa situation géographique, l’île Maurice a toujours été proche de l’Europe par son histoire (France et Angleterre), de l’Asie par son passé (immigration de l’Inde et de la Chine). Sa proximité avec le canal du Mozambique lui confère une position stratégique. Enfin, l’île est un des acteurs économiques importants de la zone de l’océan Indien avec la Réunion où les échanges sont de nature différente : les entreprises mauriciennes sont intéressées par le rachat de sociétés réunionnaises alors que les investissements de l’île Bourbon se concentrent plutôt sur les biens immobiliers mauriciens.
Traité de non-double imposition
« Les atouts de Maurice pour attirer les entreprises françaises sont nombreux : la stabilité politique sociale et de la monnaie, une population formée aux dernières technologies et qui parle aussi bien le français que l’anglais », énumère Amaury Halgand. Fiscalement, les impôts sur les sociétés et les charges sociales sont moindres que dans d’autres pays. De plus, la France et l’île Maurice ont signé un traité de non-double imposition. En 2021, les échanges bilatéraux entre la France et Maurice n’avaient pas encore connu de reprise forte après la crise sanitaire. Maurice est le 80e client de la France, son 84e fournisseur et son 49e excédent. En 2021, les exportations françaises vers Maurice sont demeurées stables à 327 M€ (-0,2%), ne bénéficiant donc pas de la reprise des activités économiques suite à la crise sanitaire. Auparavant, et dans les dix années précédant la pandémie, les échanges bilatéraux entre Maurice et la France n’avaient cessé de croître.
La CCIFM s’étend également à l’international grâce à des partenariats conclus avec d’autres CCIFI à travers le monde, comme celles des Émirats arabes unis ou de la Lituanie. Ces accords privilégiés permettent aux membres de la CCIFM de bénéficier d’un accès prioritaire à ces marchés locaux étrangers, soit à des fins d’exportation, soit d’importation. « Le rôle de la CCIFM est donc en permanente évolution. C’est un atout décisif aux yeux de nos membres », ajoute John Benatouil.
Un immense intérêt pour Maurice, à l’instar du continent africain
Installé à Maurice depuis dix-huit ans, John Benatouil dirige un groupe qu’il a fondé et qui évolue sur le continent africain. À travers une start-up baptisée « Talenteum », sa vocation est de révéler les talents locaux aux entreprises du monde entier qui rencontrent des difficultés pour recruter dans leur propre pays. Très confiant en l’avenir, John Benatouil affirme constater « un réel intérêt des investisseurs envers le continent africain, et en particulier pour Maurice, avec un solde net d’installations bien supérieur au nombre de départs.
Conjoncturellement, cela s’explique bien sûr par la fin de la crise Covid mais il existe aussi des raisons plus structurelles à cet engouement, comme le travail de chacun, notamment d’organismes comme l’agence nationale pour le développement économique de Maurice (EDB) opérant sous la tutelle du ministère des Finances et du Développement, et dont le bureau à l’ambassade de Maurice à Paris est le partenaire privilégié pour tous les porteurs de projets à destination de l’île Maurice. » Selon lui, les investisseurs recherchent avant tout la stabilité, à la fois politique et fiscale, dans le milieu des affaires, mais aussi la sécurité, aussi bien de la personne que de la protection des investissements. D’autres éléments sont également déterminants comme le coût de la vie, celui de la main-d’œuvre et le climat. « Au vu de tous ces critères, Maurice offre un cadre attirant et rassurant tant pour les entreprises, de toute taille, que pour les retraités, qu’ils soient jeunes ou plus âgés », conclut John Benatouil.