On connaît le PVT, le Permis vacances travail, qui permet à un jeune, par tirage au sort, de venir passer jusqu’à deux ans au Canada. Mais on connaît moins le programme de mobilité francophone. Comme son nom l’indique, il permet aux francophones qui disposeraient d’une offre d’emploi en dehors du Québec, dans des professions qualifiées, de bénéficier d’une exemption d’étude d’impact sur le marché du travail.
En clair, les employeurs n’ont pas à prouver qu’un Canadien ou résident permanent, ne peut occuper l’emploi qu’il souhaite proposer à un travailleur étranger, francophone. La condition pour en bénéficier est de disposer d’une proposition d’emploi pour un poste, en dehors du Québec, explique Marjorie Le Borgne, Française employée à la Société de développement économique de la Colombie-Britannique ( SDECB) à Vancouver. « Une fois qu’un candidat a trouvé un employeur, et qu’un employeur a trouvé son candidat, et s’il est francophone, ce n’est pas forcément être Français, c’est vraiment parler français, il a accès à la mobilité francophone. C’est un visa qui coûte entre 200 et 300 $ canadiens, et c’est l’employeur qui le paye à ses frais. Et ça vous permet d’avoir un visa de la durée de votre contrat, auprès de votre employeur. »
L’inconvénient est donc que ce visa de travail, que l’on appelle ici « MF » est à durée limitée. Si vous décidez de quitter votre employeur, le permis ne sera valable que jusqu’à la fin de votre contrat initial, et vous ne pourrez pas travailler pour une autre société d’ici là.
Dans des provinces où l’anglais est la langue majoritaire, comme en Colombie-Britannique, sur les bords du Pacifique, parler français est de toute façon un avantage en soi. Chargée de marketing en France, au Canada depuis près de cinq ans, Marjorie se souvient ainsi de son premier job, dans un centre d’appels pour le service après-vente. « C’est un boulot que j’ai fait quand je suis arrivée ici, à Vancouver, j’avais besoin d’argent, c’était ma première expérience canadienne. Et parce que je parlais français, je gagnais 1 $ de plus par heure que mes autres collègues, qui parlaient anglais. Les entreprises nationales se rendent compte qu’elles ont aussi des clients francophones, et qu’elles doivent offrir du service en français. Et si elles peuvent avoir une ressource en interne, qui est capable d’offrir ce service en français, c’est valorisable. »
La jeune femme, née en Bretagne, conseille d’ailleurs aux nouveaux venus à Vancouver, d’accepter comme elle au départ, un poste inférieur à celui auquel on pourrait prétendre. « Vous avez beau travailler pour une super compagnie très connue en France ou en Europe, au Canada, ce n’est pas forcément connu en fait. Ils vont vous dire : c’est bien, on voit que sur ton CV, tu as de l’expérience, mais d’abord, tu vas me le montrer. Après, gravir les échelons, ça peut aller très vite. Ça va aussi très vite, si on ne fait pas l’affaire. Ils peuvent nous mettre très vite à la porte également. Ce qui est très important, c’est d’avoir cette première expérience canadienne en termes d’emploi. »
S’il présente quelques contraintes, ce programme de mobilité francophone permet en tout cas d’accumuler une expérience canadienne, pour qui souhaite s’installer durablement dans le pays. Il faudra ensuite décrocher la résidence permanente, après avoir rempli un dossier conséquent, ce qui donnera la possibilité de travailler pour n’importe quel employeur pendant cinq ans renouvelables, et pourquoi pas ensuite la citoyenneté canadienne. Lire et écouter la chronique ici
Aller plus loin
Le site de la SDECB , la Société de développement économique de la Colombie-Britannique