Certains employeurs sont prêts à tout, comme à offrir des ponts d’or pour recruter, des primes de l’équivalent de plusieurs milliers d’euros, même pour des postes de serveurs et des postes peu qualifiés.
Ce n’est pas encore le cas d’Adrien Chrunyk. Né à Garches, près de Paris, le Français a ouvert une boulangerie, baptisée « Tonton Bread ». Il reconnaît qu’aujourd’hui il est difficile en Australie aussi de trouver des employés sérieux : « C’est compliqué de trouver de la main-d’œuvre stable, témoigne-t-il, avec donc, beaucoup de places à pourvoir, du coup ça devient compliqué. »
Adrien est arrivé en 2017 à Sydney, avec son épouse et leur fille. Après avoir travaillé pendant deux ans pour un patron australien, ce qui lui a permis d’obtenir ses papiers de résidence, le Français a monté sa propre affaire, une toute petite boulangerie dans le quartier branché de « Surry Hills » à Sydney. Un quartier en plein essor, avec ses cafés branchés, ses boutiques de mode et ses restaurants internationaux, qu’Adrien livre en pains et en viennoiseries françaises, en plus des clients de son magasin et des marchés.
Avec un chiffre d’affaires autour de l’équivalent de 600.000 euros par an, sa boutique emploie sept ou huit employés. À 3,5%, le taux de chômage en Australie est au plus bas depuis 70 ans. S’ajoute à cela aussi le fait que Sydney est une ville touristique avec beaucoup de passage. Adrien témoigne que recruter la bonne personne lui prend parfois plusieurs semaines, voire plusieurs mois.
Quotas d’immigration relevés
Résultat : il offre un bonus à un vendeur ou à une vendeuse qui restera plus de quatre, cinq mois. Une fois par an, il revoit aussi tous les salaires à la hausse, en général au-dessus de la moyenne de Sydney, où le niveau de vie est bien plus élevé qu’en France. Pour pallier la pénurie, lui et son épouse pâtissière ont aussi remis la main à la pâte dans la boulangerie. « Si on veut une main-d’œuvre française, les jeunes boulangers français vont passer sur Sydney mais vont vouloir voyager en Australie. Donc ils ne vont pas rester longtemps. C’est souvent une main-d’œuvre qui tourne. On va les garder peut-être deux, trois mois, donc c’est vraiment très dur de garder une constance dans la production. Et si on se tourne vers une main-d’œuvre étrangère, australienne ou sud asiatique ou autre, c’est l’expérience qui ne sera peut-être pas adaptée à la boulangerie française, donc il faut tout apprendre. »
Cette pénurie est la conséquence d’une stratégie zéro Covid, appliquée par l’Australie, et qui s’est traduite par la fermeture totale des frontières du pays pendant deux ans. Le gouvernement australien en est parfaitement conscient. Aussi pour y remédier, et pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, il est revenu sur ses quotas d’immigration, en les relevant de 25% cette année pour accueillir jusqu’à 200.000 étrangers par an. Lire et écouter la chronique ici