« Je suis un protectionniste de raison. » Voilà ce qu’a déclaré Arnaud Montebourg le 6 juillet 2023 lors de son intervention aux Universités d’été de l’internationalisation des entreprises (UEIE) – événement annuel dédié au commerce international – à Marseille. Invité à partager son expérience d’entrepreneur devant une audience de 200 acteurs de l’exportation française, l’ancien ministre a affiché clairement sa position: selon lui, la mondialisation et l’augmentation des échanges internationaux contribuent à « la mise en concurrence de tous contre tous ». Face à ce phénomène dont « les peuples [ne] veulent pas », le fondateur des « Équipes du made in France » prône un retour vers une production locale.
Réduire les importations constitue ainsi une « urgence nationale ». « Un pays qui importe trop est un pays en situation de dépendance » a-t-il souligné. Flambée du prix de l’énergie, taxations réciproques sur les importations des gouvernements chinois et américains… Autant de facteurs qui, selon Arnaud Montebourg, mettent les nations en « situation de fragilité » car « dépendantes de situations qui leur échappent ». « On voit bien que la bataille mondiale protectionniste a commencé » a-t-il déclaré. Il précise toutefois être en faveur d’un protectionnisme européen, et pas uniquement français. « Ce qu’il faut faire, c’est rétrécir le monde (…). Les supply chain (« chaînes d’approvisionnement » en français, ndlr) vont se recentrer de façon continentale, pas nationale. »
« L’objectif d’une entreprise est de servir son marché intérieur »
« Je ne demande pas que l’on produise tout ce qu’on consomme, mais qu’on équilibre notre balance commerciale » a-t-il par ailleurs nuancé. Alors que le déficit commercial de la France a atteint les 164 milliards d’euros en 2022, l’entrepreneur s’est désolé du rachat de plus de 130 entreprises françaises par des groupes étrangers en 2022, notant que «la France ne vend plus, elle se vend ». C’est pourquoi il encourage les entrepreneurs français non pas à exporter davantage pour rétablir ce déficit commercial, mais à s’imposer localement. « Pour moi, l’objectif d’une entreprise est de servir son marché intérieur (…) avant de pouvoir s’exporter. » Chercher l’innovation économique et environnementale dans un contexte de réindustrialisation nationale apparaît donc selon lui comme la meilleure approche.
Témoignant de sa « success story » en tant qu’entrepreneur, Arnaud Montebourg a donné l’exemple du marché des amandes, dans lequel il s’est imposé avec La Compagnie des amandes. Il s’agit, selon le site de la structure, d’un « projet d’investissement privé dans les vergers d’amandiers », soit d’une association entre financeurs et agriculteurs. « C’est un modèle très rentable » s’est-il félicité. Il a toutefois admis que le prix au kilo atteignait 10 euros, contre 5,5 euros pour les amandes importées de l’étranger. Or, une telle différence de prix constitue un facteur non-négociable pour beaucoup de consommateurs, particulièrement en période d’inflation.