Santé, science, technologie, mathématiques, mais aussi charpentiers, plombiers ou surveillants d’exploitations agricoles… La liste des métiers en tension au Canada est conséquente. C’est dans ces secteurs en grande pénurie de main-d’œuvre que le nouveau dispositif du programme « Entrée Express » s’applique depuis ce printemps. Disponible uniquement en ligne, le système permettait déjà de gérer les demandes de résidence permanente dans trois catégories : travailleur qualifié, métier spécialisé fédéral et candidats de l’expérience canadienne.
« Pour passer par ce système, il faut justifier d’au moins une année d’expérience professionnelle dans un poste qualifié et un niveau intermédiaire avancé, soit en français, soit en anglais. Nous encourageons le bilinguisme et maîtriser les deux langues apporte des points supplémentaires », précise Louise Van Winkle, responsable de la promotion francophone à l’ambassade du Canada en France. Chaque candidat doit aussi justifier de « fonds d’établissement », une somme suffisante pour financer son installation dans le pays. Une fois ces démarches effectuées, le candidat se retrouve dans une « salle d’attente » virtuelle avant d’être invité à soumettre vraiment sa demande de résidence permanente.
Plusieurs billets de loterie
Chaque année, le Canada se fixe un objectif chiffré de nouveaux arrivants à accueillir. Jusqu’à présent, dans le système Entrée Express, seules les personnes obtenant le plus de points à la sélection étaient invitées. « Ce qui est nouveau, précise Louise Van Winkle, c’est que le pays s’est désormais doté de moyens pour recruter des professionnels avec des compétences spécifiques dont il a besoin immédiatement : soit des gens avec de l’expérience dans une profession particulièrement en demande, soit des personnes avec un bon niveau de français. C’est un peu comme avoir plusieurs billets de loterie. »
Les recruteurs saluent cette décision du gouvernement fédéral canadien. Muriel Berdat est conseillère française en recrutement international. Installée au Nouveau-Brunswick, elle travaille pour un réseau francophone de foyers de soins de longue durée. « Cela va nous permettre d’avoir accès plus facilement à des aides-soignants diplômés d’État de pays francophones, se réjouit-elle. Nos besoins sont très importants et vont croissant compte tenu du vieillissement de la population et des départs en retraite. Nos campagnes de recrutement vont donc continuer pour les prochaines années. »
Un programme pilote en zone rurale
Des consultations ont eu lieu dans les neuf provinces et trois territoires du Canada, où les besoins en main-d’œuvre ne sont pas les mêmes. Le Québec n’est pas inclus puisqu’il possède son propre système de sélection. « En plus de ce dispositif, il existe toujours bien sûr le programme des candidats des provinces, indique encore Louise Van Winkle, qui permet à chaque territoire de sélectionner les immigrants qui correspondent à leurs besoins ou qui ont des liens avec la province. »
Un programme pilote a également été lancé en faveur des communautés rurales et du nord, éloignées des grandes métropoles de Toronto ou Vancouver par exemple, où les employeurs sont encouragés à afficher les postes disponibles pour attirer des candidats. Aujourd’hui, l’immigration économique représente environ 60 % de l’immigration vers le Canada, les 40 % restants correspondant au regroupement familial et la protection des réfugiés. Ces dernières catégories ne sont pas concernées par le processus de sélection précédent.