Malgré une hausse des décès et des naissances en berne, le Québec a enregistré en 2022 la plus forte croissance annuelle de sa population (+ 149 000 personnes) depuis les cinquante dernières années. Comment expliquer ce paradoxe mis en exergue par l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) dans sa publication du 24 mai dernier ? La raison est claire, c’est bien l’immigration – permanente et temporaire – qui a permis cette augmentation, à relativiser néanmoins si on la compare aux autres provinces canadiennes.
En effet, selon l’ISQ, « en 2022, la croissance démographique s’est intensifiée de façon encore plus marquée dans le reste du Canada qu’au Québec [qui] affiche la croissance relative la moins élevée de toutes les provinces. Le taux d’accroissement du Québec s’établit à 1,7% en 2022, comparativement à 3,0% dans le reste du Canada ».
Une population vieillissante au Québec
Pour autant, un point intéressant est à relever en ce qui concerne le Québec : toutes ses régions ont enregistré une croissance de leur population, et pas simplement la région métropolitaine du Grand Montréal (qui accueille quasiment la moitié des habitants de la province). Cette dernière reste cependant la plus attractive pour les immigrants, en raison notamment de la densité de son bassin d’emploi et d’une meilleure proximité avec toutes les infrastructures de base. Concrètement, les Québecois – 8,78 millions d’habitants au 1er janvier 2023 – représentent aujourd’hui 22,2% de la population canadienne.
Qu’en sera-t-il à moyen/long terme ? A l’instar de la grande majorité des pays occidentaux, le Canada, y compris le Québec, est vieillissant. Selon les prévisions de l’Institut de la statistique du Québec, « la part des personnes âgées de 65 ans et plus dans la population pourrait s’élever à 25 % en 2031 et continuer d’augmenter jusqu’à atteindre 27 % en 2066. On compterait alors 1 million de personnes aînées de plus qu’en 2022 ».
Une province autonome dans ses critères d’immigration
On le voit, le contexte démographique du Québec reste très propice à l’immigration, particulièrement pour les francophones, la province souhaitant toujours renforcer cette pérennité linguistique. Dès lors un petit rappel s’impose quant aux modalités à suivre pour concrétiser son projet.
Comme le précise le ministère de l’Immigration, de la francisation et de l’intégration de la province, « l’Accord Canada-Québec relatif à l’immigration et à l’admission temporaire des aubains détermine le partage des responsabilités entre le Québec et le Canada en matière d’immigration. Cet accord permet au Québec d’assumer pleinement ses responsabilités en ce qui concerne la planification des niveaux d’immigration, la sélection, la francisation et l’intégration des personnes immigrantes ». On l’aura compris, la province du Québec définit ses propres critères d’immigration. Par conséquent, il convient de s’adresser préalablement au Bureau d’immigration du Québec plutôt qu’à l’ambassade du Canada pour effectuer cette démarche.
Quelles professions ?
Il est délicat de définir de manière globale les professions en recherche de compétences au Québec. Les besoins ne sont pas forcément les mêmes dans la région de Montréal, celle de Capitale-Nationale (qui comprend la ville de Québec), ou encore dans celle du Nord-du-Québec, bien plus isolée. Toutefois, des constantes apparaissent, notamment au niveau des métiers de la santé et de l’assistance sociale, indicateurs patents d’une société où, comme dans la majorité des pays occidentaux, les gens vivent plus longtemps. Ces professionnels sont particulièrement recherchés dans les régions les plus reculées du Québec, avec des possibilités de négociation salariale intéressantes en raison de cette pénurie de compétences.
Les métiers du BTP sont aussi d’importantes voies d’accès à l’emploi. Dans les services, le commerce et les services professionnels, scientifiques et techniques ont enregistré d’importantes nouvelles offres d’emploi dans la période post-Covid. Les technologies de l’information et plus largement de la high-tech sont aussi prêts à ouvrir leurs bras à des professionnels compétents dans ces secteurs stratégiques pour la croissance économique du Québec.
Le permis de travail au Québec
Cela dit, reste la question cruciale du permis de travail dont l’obtention nécessite d’avoir trouvé un emploi avant son départ. C’est à son futur employeur d’en faire la demande, ce dernier devant prouver qu’aucun travailleur canadien n’est en mesure de remplir le poste.
Pour un emploi au Québec, il est nécessaire d’obtenir un Certificat d’acceptation du Québec, délivré par les autorités provinciales. Pour autant, il existe des solutions alternatives, notamment pour les plus jeunes qui envisagent d’abord des séjours temporaires.
>> Les différents programmes d’immigration
- Le programme régulier des travailleurs qualifiés du Québec (PRTQ) : il constitue le plus important volet de l’immigration économique du Québec. La sélection pour ce programme se fait à partir d’une grille constituée de facteurs et de critères auxquels un pointage est associé. Les critères pris en compte sont le niveau et le domaine de formation, l’expérience professionnelle, l’âge, les connaissances en français et en anglais, les précédents séjours au Québec, les liens de parenté avec un citoyen canadien ou un résident permanent au Québec, la possession d’une offre d’emploi permanent validée par le ministère québécois, les caractéristiques liées au conjoint, le nombre d’enfants et la capacité d’autonomie financière.
- Le statut de résident temporaire : il y a différentes manières d’obtenir ce statut. C’est le cas notamment du permis vacances travail (PVT). Pour les Français, il concerne les jeunes âgés de 18 à 35 ans. Il permet de vivre et de travailler pendant deux ans sur tout le territoire canadien. Important : le Canada impose des quotas (variables selon les nationalités) et il est nécessaire d’avoir des économies pour subvenir à ses besoins en début de séjour (au minimum 2 500 $CA ou son équivalent dans une autre devise).
- Le volontariat en entreprise (V.I.E) est une autre option intéressante. Il permet, sous certaines conditions, d’exercer une mission (scientifique, technique, commercial, humanitaire…) dans une entreprise française à l’étranger. Il faut avoir entre 18 et 28 ans pour s’inscrire. Le volontaire reçoit une indemnité. Autre solution avec le programme Mobilité des jeunes travailleurs. Il permet aux jeunes entre 18 et 35 ans d’occuper un CDD de six mois à douze mois au Québec. Ce programme bénéficie d’un accord de mobilité spécifique France-Québec, accordé exclusivement par l’Office franco-québécois pour la jeunesse (OFQJ).
- Le Programme de l’expérience québécoise (PEQ) : il s’adresse en particulier aux étudiants étrangers qui ont obtenu un diplôme admissible d’un établissement universitaire du Québec et aux travailleurs qualifiés avec une expérience de travail au Québec. Depuis le 26 janvier 2021, les candidats au PEQ doivent présenter leur demande de sélection permanente, transmettre les documents à l’appui de leur demande et payer les droits exigibles exclusivement via le système électronique Arrima (lire encadré).
>> Le portail Arrima
Toutes les personnes qui souhaitent immigrer au Québec dans le cadre du Programme régulier des travailleurs qualifiés (PRTQ), du Programme des étudiants étrangers (transmission des documents seulement), du Programme de l’expérience québécoise (PEQ) doivent obligatoirement passer par le portail Arrima. L’accès à cette plateforme est entièrement gratuit.