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Le Québec, terre promise pour les professionnels français de la gastronomie
On pensait cette période révolue. Il n’en est rien. Les boulangeries, restaurants, cafés et autres salons de thé français continuent de fleurir au Québec. Preuve que la Belle Province est toujours en amour avec nos compatriotes, à condition qu’ils sachent s’adapter à la mentalité nord-américaine, comme le montrent ces témoignages depuis Montréal.
Il fait partie de ces professionnels français de la gastronomie qui ont trouvé au Québec un nouvel élan pour leur carrière professionnelle. Emmanuel Manent a passé vingt-trois ans au sein du groupe de distribution Decathlon, occupant différents postes, avant de s’établir au Québec. Il dirige aujourd’hui « Aux Merveilleux de Fred », une pâtisserie-salon de thé installée au cœur de Montréal. « Le prestige des Français dans les métiers de l’alimentaire est élevé et intact, témoigne-t-il. Il est lié à nos traditions culinaires. » La franchise, créée à Lille, est présente aujourd’hui dans dix pays. Elle propose notamment des spécialités flamandes comme les Merveilleux (gâteaux), les Cramiques (brioches) ou les gaufres.
« Nos clients sont des expatriés qui connaissent déjà l’enseigne en Europe. Mais il y a aussi beaucoup de Québécois que nous avons fidélisés », précise-t-il. Pour s’installer au Québec, le Français conseille de ne pas sous-estimer les coûts, plus élevés qu’en Europe. Il évoque aussi les lourdeurs administratives en matière d’immigration, de permis de construire et d’exploitation. « On idéalise souvent le Québec, qui n’a rien à envier à la France de ce côté ! » conclut-il.
Savoir apprécier la culture québecoise
Autre acteur de la gastronomie française au Québec : Jean-Yves Callies dirige lui la boulangerie « De Froment et de Sève » qu’il a reprise en 2014 à Montréal. Ancien cadre dirigeant dans trois groupes français de restauration (« Chez Clément », « Léon de Bruxelles » et « Pizza Paï »), sa nouvelle activité au Québec est un virage à 180 degrés par rapport à sa vie d’avant. « J’ai choisi un concept totalement artisanal alors que mon parcours est basé sur des process semi-industriels, voire industriels. De plus, nous sommes une entreprise totalement familiale. »
Le concept est un succès puisqu’il a ouvert un deuxième point de vente et qu’un troisième est prévu cette année. « Le savoir-faire français dans nos métiers de bouche est reconnu, assure Jean-Yves Callies. Les Québécois voyagent beaucoup, et très souvent en France. Ils ont pu apprécier notre culture gastronomique. » Quant aux erreurs à éviter avant de s’installer au Québec, le Français conseille de « garder l’humilité de se considérer comme immigrant et de savoir écouter et apprécier la culture locale. Les Québécois ont horreur du langage “français prétentieux qui donne des leçons” qu’ils entendent trop souvent. »
Bien s’entourer localement
Julie Valletta vit, elle, au Québec depuis sept ans avec son mari et leurs deux enfants. Originaires de Lyon, ils étaient cadres dans le secteur de la construction avant de s’installer à Montréal. Ils choisissent alors de développer la chaîne française de coffee shops « Columbus Café ». Le groupe exploite aujourd’hui onze établissements dans la Belle Province, des « tanières », et prévoit de s’étendre en Ontario dès cet été. Si la gastronomie française est reconnue au Québec, c’est à condition d’adapter les produits et les recettes à la culture québécoise, explique la Française : « Ils ont par exemple l’habitude de prendre un petit déjeuner avec des produits salés et d’expédier rapidement le repas de midi. Les Québécois privilégient aussi les produits locaux. »
Bref, une recette qui fonctionne dans l’Hexagone ne se taillera pas forcément un franc succès au Québec. Julie Valletta conseille de bien s’entourer localement : « Cela nous a facilité la vie. Nous avons pu éviter les pièges de la réglementation locale et nous appuyer sur de précieux conseils en matière d’emplacement géographique. » N’hésitez pas à avoir recours par exemple à des organismes comme La CCI Française au Canada, la BNI (réseau d’affaires professionnel) ou le CQF (conseil québécois de la franchise).
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