« Compte tenu de la situation à Niamey, des violences qui ont eu lieu contre notre ambassade avant-hier et de la fermeture de l’espace aérien qui laisse nos compatriotes sans possibilité de quitter le pays par leurs propres moyens, la France prépare l’évacuation de ses ressortissants et des ressortissants européens qui souhaiteraient quitter le pays. Cette évacuation débutera dès aujourd’hui. » Voilà ce qu’indique le Quai d’Orsay dans un communiqué de presse diffusé ce 1er août 2023.
« Plusieurs centaines de personnes »
Selon les chiffres de la direction des Français à l’étranger du ministère de l’Europe et des affaires étrangères, 1154 Français étaient inscrits sur les listes consulaires au 31 janvier 2022. Le nombre de personnes à évacuer est lui estimé à « plusieurs centaines de personnes » selon les mots de Catherine Colonna sur LCI. Interrogé par Français à l’étranger, le Quai d’Orsay n’a pas souhaité avancer pour l’heure de chiffre plus précis, expliquant que le décompte des personnes souhaitant partir est encore en cours. Cette évacuation fait suite au coup d’État perpétré au Niger par des militaires le 31 juillet 2023. Le président élu Mohamed Bazoum a été renversé, tandis que les putschistes ont affirmé que la France souhaitait « intervenir militairement » dans leur pays, information aussitôt démentie par la ministre sur BFMTV.
La ministre des Affaires étrangères et de l’Europe a précisé que cette évacuation avait été décidée par Emmanuel Macron dans la nuit du 31 juillet au 1er août et que les Français résidant au Niger ont d’abord été pré-alertés peu de temps après le coup d’état de cette évacuation imminente, avant de recevoir des consignes plus précises ce 1er août 2023. Elle précise que cette décision était nécessaire, les Français ne pouvant plus quitter le territoire du Niger « par leurs propres moyens puisque l’espace aérien a été fermé par les auteurs du coup d’État ». Si c’est le ministère des Armées qui gère ces évacuations aériennes, il ne s’agit néanmoins pas d’avions militaires, a précisé la ministre.
L’accès jusqu’à l’aéroport parfois complexe
« Les schémas d’évacuation varient beaucoup en fonction de l’attitude des autorités locales. Celles-ci peuvent accompagner cette évacuation ou être au contraire directement hostiles, ce qui complique les choses. Ces autorités peuvent aussi rester relativement neutres tout en fermant les yeux sur des pillages et autres actes violents, ce qui semble être le cas au Niger », explique un ancien diplomate qui connaît bien la région.
En l’occurrence, un premier avion a décollé en début d’après-midi de Paris vers Niamey, la capitale du Niger, pour embarquer à son bord un premier groupe de ressortissants français. Ceux-ci ont dû se rendre à l’aéroport par leurs propres moyens, dans un contexte particulièrement tendu. Ils avaient préalablement reçu des consignes directement du Quai d’Orsay ou par l’intermédiaire de chefs d’îlots sur place, des « volontaires qui essaient de gérer des groupes de Français qui résident dans les mêmes quartiers de manière à diffuser l’information et de faciliter leur évacuation », poursuit l’ancien diplomate.
Solidarité européenne…et internationale
D’autres pays européens ont exhorté leurs ressortissants à quitter le Niger. L’Italie a également opté pour la mise en place d’un pont aérien, tandis que l’Allemagne a suggéré à ses ressortissants d’accepter l’offre d’évacuation de la France. « La tradition entre Européens, c’est d’être solidaires. Si d’autres pays européens mettent également des moyens aériens à disposition, nous répartirons entre nous les personnes qui souhaitent partir », explique Catherine Colonna, précisant que « quelques centaines d’Européens » pourraient être concernés en plus des Français.
« Dans ce type de situation, tous les pays n’envoient pas d’avions. À l’échelle européenne, il y a des accords avec un mécanisme de solidarité qui fonctionne, confirme l’ancien diplomate. Mais si le Japon ou un autre pays extérieur à l’Europe nous contacte pour demander la prise en charge de plusieurs de ses ressortissants, nous acceptons toujours à partir du moment où il reste de la place dans l’avion. Paris doit néanmoins toujours donner son accord pour des questions administratives et financières. »