Le portail Eures propose des millions d’offres d’emploi à travers l’Europe. Comment sont-elles sélectionnées et qui peut y postuler ?
Les offres diffusées sur le portail Eures sont reproduites à partir de celles qui ont été publiées sur les sites affiliés à Eures, gérés par des services publics ou privés. Avant d’être mises en ligne, toutes ces offres sont examinées conformément aux règles et pratiques nationales. Les ressortissants des 27 États membres de l’Union européenne, de la Norvège, de l’Islande, du Liechtenstein et de la Suisse peuvent y répondre. Mais cela peut aller au-delà. D’abord, n’importe quel ressortissant d’un pays tiers peut se connecter au portail. Ensuite, si les ressortissants non européens ont déjà un statut juridique stabilisé en Europe avec un permis de travail valide ou un statut de protection (comme la population fuyant l’Ukraine), ils ont le droit d’utiliser Eures comme n’importe quel citoyen de l’UE.
Comment se porte le marché du travail en Europe aujourd’hui ?
Il se remet bien de la crise financière et de la pandémie, avec un faible taux de chômage, ce qui entraîne d’ailleurs une augmentation des pénuries de main-d’œuvre. Le rapport de la Commission européenne de 2022 sur ces pénuries – établi à partir d’analyses menées dans l’UE en Norvège et en Suisse au cours des deuxième et troisième trimestres de 2022 – a révélé que 29 pays connaissent des pénuries, et 24 des excédents de main-d’œuvre. Ce déséquilibre entre l’offre et la demande existe à la fois au niveau national et au niveau régional. Il est dû à une multiplicité de facteurs tels que l’utilisation accrue de nouvelles technologies, la transition vers une économie climatiquement neutre, le vieillissement de la main-d’œuvre et les conditions de travail et l’emploi. D’autres événements plus récents comme l’invasion de l’Ukraine par la Russie y contribuent également.
Quels sont aujourd’hui les secteurs qui recrutent le plus en Europe ?
Selon ce même rapport, les métiers du logiciel, de la santé, de la construction et de l’ingénierie connaissent des pénuries généralisées. La diffusion rapide des nouvelles technologies numériques se traduit en effet par la nécessité de disposer de davantage de personnels ayant des qualifications Stem (sciences, technologie, ingénierie et mathématiques). Les besoins dans le secteur de la santé sont, eux, en partie dûs au vieillissement de la population européenne qui a besoin de davantage de soins. À l’inverse, les métiers de bureau et les professions liées aux sciences humaines et à l’art connaissent des excédents de main-d’œuvre généralisés.
De nouvelles tendances émergent-elles depuis la fin de la pandémie en matière de mobilité internationale ?
Les Européens gardent un avis positif sur la mobilité internationale. La dernière enquête Eurobaromètre réalisée après la pandémie montre que près d’un Européen sur cinq envisage de travailler dans un autre pays que le sien, un chiffre similaire à celui des années pré-pandémie. Et à la question : « La pandémie de Covid‐19 a-t-il influencé vos projets de travailler à l’extérieur ? », seuls 1 à 2% des participants français répondent positivement. Une nouvelle tendance apparaît néanmoins : le télétravail transfrontalier intéresse de plus en plus de travailleurs et d’employeurs. Tous sont demandeurs d’informations précises, notamment en matière de sécurité sociale et de fiscalité.
Quelles nationalités sont les plus représentées dans la mobilité intra-UE ? Où se situent les Français ?
Selon le rapport Intra-EU Labour Mobility at a Glance 2022, les pays où la main-d’œuvre s’est montrée la plus mobile en 2021 étaient le Luxembourg, la Suisse, l’Autriche, l’Islande, Malte et Chypre avec plus de 10% de mobilités parmi la population active. À l’inverse, la France, le Portugal ou encore la Pologne comptaient moins de 2,5% de mobilités parmi ses actifs. En 2020, les principaux pays d’accueil de ces travailleurs étaient l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Autriche et la Suisse.
Existe-t-il un dispositif spécifique pour aider les frontaliers à trouver un emploi dans le pays voisin ?
Eures apporte un soutien financier aux partenariats transfrontaliers, sous l’égide du Fonds social européen (FSE+). Parmi ces partenaires, on trouve des services publics liés à l’emploi, des organisations d’employeurs telles que les universités, les associations professionnelles, les syndicats et les chambres de commerce. Ainsi, en 2022 et 2023, sept structures partenariales impliquant neuf pays, reçoivent un financement du FSE+ :
- Eures-T Extremadura-Alentejo, Eures-T Galicia-North Portugal et Eures-T Andalucía-Algarve pour l’Espagne et le Portugal ;
- Eures-T Oberrhein-Rhin Supérieur pour la France et l’Allemagne ;
- Eures transfrontalier de la Grande Région pour la Belgique, la France, l’Allemagne et le Luxembourg ;
- Eures Scheldemond pour la Belgique et les Pays-Bas ;
- Euradria pour l’Italie et la Slovénie.
Eures organise-t-il des événements, physiques ou virtuels, autour de l’emploi ?
Oui, le réseau organise notamment les Job Days européens. Il s’agit de rendez-vous de recrutement sur une plateforme en ligne qui permettent de mettre en relation des employeurs et des demandeurs d’emploi de différents pays européens. Des milliers d’entre eux ont ainsi trouvé un emploi dans un autre État membre de l’Union européenne grâce à cette plateforme.
Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui souhaite partir travailler dans un autre pays européen pour que ses recherches aboutissent rapidement ?
Avant de commencer à postuler à des emplois à l’étranger, il est important de faire des recherches préalables : coût de la vie dans le pays choisi, disponibilité des emplois, culture du travail. Toutes ces informations sont disponibles sur le portail Eures. Pour avoir davantage de précisions, le mieux est de s’adresser à un conseiller Eures qui possède une expertise spécialisée dans les questions pratiques, juridiques et administratives liées à la mobilité aux niveaux national et transfrontalier. Ce service est gratuit.
De nombreux travailleurs français souhaitant s’installer à l’étranger hésitent à partir en raison de leurs faibles compétences linguistiques. Est-ce aujourd’hui une condition préalable à la mobilité ?
Selon les résultats de l’enquête sur la mobilité de la main-d’œuvre intra-UE, 23% des répondants français expliquent que la non-maîtrise d’une langue étrangère constitue un frein dans leurs éventuelles aspirations à partir travailler à l’étranger. La situation est similaire dans d’autres pays européens : plus d’un répondant européen sur quatre mentionne le manque de compétences en langues étrangères comme l’un des obstacles à la mobilité.
Et quels conseils donneriez-vous à une entreprise qui recrute des travailleurs européens ?
L’embauche de travailleurs issus d’autres pays de l’Espace économique européen (EEE) peut offrir aux entreprises la possibilité de trouver des travailleurs motivés et qualifiés, en particulier dans des secteurs économiques spécifiques où l’on constate un manque de main-d’œuvre au niveau national ou régional. Mais trouver des travailleurs d’un autre pays que le sien peut s’avérer difficile. Là encore, les conseillers Eures présents dans 31 pays peuvent apporter leur expertise aux employeurs européens et leur fournir un service personnalisé en fonction du profil de l’entreprise et des exigences en matière de recrutement.