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« Le sur-mesure est la meilleure manière d’aider les entreprises à aller à l’export » (Laurent Saint-Martin, Business France)

La rentrée de septembre 2023 a été marquée par la présentation du plan « Osez l’export » par le ministre délégué au Commerce extérieur, à l’attractivité et aux Français de l’étranger. Pour mettre en œuvre ce plan qui vise à encourager les petites et moyennes entreprises à exporter pour rééquilibrer la balance du commerce extérieur, tous les acteurs de la Team France Export vont travailler de concert. Parmi eux, Business France doit jouer un rôle prépondérant. Interview de son directeur général Laurent Saint-Martin.

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Le DG de Business France Laurent Saint-Martin

Français à l’étranger: Vous êtes à la tête de Business France depuis plus de huit mois : pourriez-vous présenter cette institution ?

Laurent Saint-Martin: J’ai été nommé le 6 janvier 2023 à la tête d’une agence aujourd’hui reconnue pour sa force de frappe auprès des entreprises françaises à l’export et des investisseurs étrangers en France, mais aussi pour son savoir-faire en matière d’accompagnement grâce -notamment- à la spécialisation géographique et sectorielle de nos équipes. Business France est aussi au cœur de la Team France Export (TFE) qui, depuis sa création en 2018, a rendu plus lisible l’action des acteurs qui accompagnent les entreprises françaises à l’international. Au sein de cette TFE, sous le chef de filât des régions, nous travaillons avec Bpifrance, les Chambres de commerce et d’industrie, mais aussi avec des partenaires essentiels que sont les conseillers du commerce extérieur, les chambres du réseau CCI France International, la French tech, les Instituts et Alliances françaises…Tous ceux qui peuvent contribuer au succès de la France à l’international.

Quel rôle joue concrètement Business France au sein de cette Team France Export ?

Laurent Saint-Martin: Nous proposons un continuum d’accompagnement. Nous avons près de 250 conseillers internationaux dans les régions françaises : ils y effectuent du porte-à-porte auprès des entreprises. Nous partons ensuite des demandes de ces entreprises pour construire un programme d’accompagnement adapté à la maturité de la société, à ses capacités de succès à l’international et à la réalité des opportunités business selon le marché et des zones géographiques. Business France fait aussi en sorte que les entreprises qui se lancent à l’export travaillent avec nos équipes à l’étranger, puisque nous disposons de près de 80 bureaux dans le monde. Ces derniers jouent le rôle de « connecteurs de business » : ils mettent en relation les entreprises françaises avec acteurs locaux.

En 2022, le commerce extérieur français enregistrait un déficit inédit : comment travaillez-vous à le combler avec l’ensemble des acteurs du commerce extérieur ?

Laurent Saint-Martin: Ce déficit a une origine structurelle et conjoncturelle. Pour y remédier de manière structurelle, il faut plus d’exportateurs et plus d’exportations et c’est là que nous agissons. Si nous parvenons à atteindre le chiffre de 200 000 exportateurs à l’horizon 2030, si le chiffre d’affaires cumulé à l’export augmente considérablement, si nous continuons à être un pays attractif, si nous gagnons en souveraineté économique et importons donc moins de biens et de produits, nous gagnerons cette bataille du commerce extérieur. Il n’y a absolument pas de fatalité. Il faut se donner des objectifs ambitieux et des moyens d’y parvenir : c’est ce que fait le plan « Osez l’export » [présenté le 31 août 2023 par Olivier Becht, le ministre délégué au Commerce extérieur, à l’attractivité et aux Français de l’étranger].

Business France va avoir un rôle clé à jouer dans la mise en œuvre de ce plan export : par quels biais ?

Laurent Saint-Martin: Business France est en charge de la mise en œuvre de huit des treize mesures de ce nouveau plan, les autres étant réparties entre Bpifrance et les CCI. Notre rôle d’accompagnement va notamment être renforcé en rendant plus accessible pour les entreprises l’accès aux salons internationaux en portant le niveau de subvention à hauteur de 30%. C’est un bouclier anti-inflation que nous offrons aux entreprises françaises, sachant que ces salons sont un vecteur de succès à l’export considérable. Nous allons aussi déployer des outils de ressources humaines : accélération et diversification des profils du V.I.E et création du Volontariat territorial de l’export (V.T.E). À travers le programme France 2030, nous allons également accompagner les plus belles pépites françaises vers l’export, qu’il s’agisse de PME ou d’entreprises de taille intermédiaire (ETI).

Comment va concrètement s’articuler cet accompagnement à l’export avec « France 2030 » ?

Laurent Saint-Martin: La réflexion est la suivante : si les lauréats de  France 2030 sont les champions industriels de la France de demain, il faut tout de suite les faire réussir à l’export. Aussi, une entreprise lauréate pourra bénéficier de l’accompagnement de Business France avec une prise en charge de ses coûts de projection à l’international à hauteur de 50%. Nous allons aussi lui donner les meilleures capacités de succès en mettant à son service la force de conseil premium de Business France via le programme « Booster ».

Le plan acte également la création du volontariat territorial de l’export. Qui pourra en profiter et à partir de quand ?

Laurent Saint-Martin: Nous souhaitons le mettre en œuvre le plus rapidement possible, d’ici la fin de l’année. L’idée est d’en faire un dispositif complémentaire au V.I.E en permettant à des jeunes qui ne partiraient pas tout de suite à l’international de réaliser d’abord un V.T.E : cela leur permettrait de devenir d’abord des experts de l’export depuis la France, avant de partir à l’étranger. L’enjeu est donc toujours d’encourager la jeunesse à envisager l’international. Cela permettra aussi d’accompagner les entreprises qui pourront embaucher un jeune dédié à l’export en touchant une aide financière. Celle-ci pourra atteindre 12 000 euros par contrat.

Le V.I.E va quant à lui connaître des évolutions : de quelle nature ?

Laurent Saint-Martin: De manière générale, nous devons continuer à renforcer le V.I.E qui est un outil qui fonctionne, apprécié des jeunes comme des entreprises. L’enjeu est plutôt de diversifier les profils. Le plan « Osez l’Export » entend donc cibler les jeunes issus des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) qui n’ont pas forcément accès aux informations nécessaires pour candidater, ainsi que les jeunes issus de formations courtes (Bac +3). Pour cela, une incitation financière va être mise en place pour que les entreprises fassent davantage appel à ces profils. Nous allons aussi travailler avec les associations et les collectivités pour y parvenir.

Avec ce plan, le gouvernement espère atteindre le chiffre de 200 000 entreprises exportatrices à l’horizon 2030 : comment ce chiffre a-t-il été fixé ? Sachant qu’il reste en deçà de ce qu’on voit chez certains de nos voisins européens, l’Allemagne notamment…

Laurent Saint-Martin: C’est en réalité un chiffre très ambitieux, surtout qu’il faut se souvenir que nous partons de loin. Il y a encore une dizaine d’années, nous plafonnions à 120 000 exportateurs. Ce chiffre a augmenté progressivement pour atteindre les 150 000 exportateurs et cela malgré la crise Covid : il existe donc bien une marge de progression. Gagner 50 000 exportateurs de plus d’ici sept ans relève donc du défi, d’autant que nous souhaitons qu’ils s’engagent dans l’export sur le long terme. Et en effet, l’Allemagne (300 000 exportateurs) ou l’Italie (200 000 exportateurs) sont en avance sur nous : ces pays ont moins désindustrialisé leur économie, comptent beaucoup plus d’ETI et ont globalement une vision de l’export plus intégrée à leur modèle économique. La France n’est donc pas en avance, mais elle se donne les moyens d’aller chercher un à un les chefs d’entreprises pour les convaincre des opportunités qu’ils peuvent avoir à l’export.

Qu’est-ce qui freine les PME et ETI dans le fait de se lancer à l’export aujourd’hui, et comment dissiper ces craintes ?

Laurent Saint-Martin: Il y a d’abord des freins culturels car, historiquement, la France n’est pas un grand pays d’export. Ensuite, certains patrons de PME estiment avoir un certain nombre de sujets à résoudre avant de pouvoir se lancer dans l’export : des problématiques de recrutement, de fournisseurs, des craintes vis-à-vis de l’inflation, etc. Or, l’export fait partie des solutions. Nous devons donc faire évoluer leur état d’esprit en leur montrant que l’international leur est non seulement accessible pour eux, mais surtout qu’il s’agit le plus souvent d’un investissement rentable sur le long terme. Le chemin peut s’avérer plus ou moins difficile, mais nous sommes là tout du long pour les accompagner de manière individuelle. Le sur-mesure est la meilleure manière d’aider les entreprises à aller à l’export.

Travaillez-vous plus spécifiquement avec certains secteurs d’activité ?

Laurent Saint-Martin: Nous travaillons avec tous les secteurs, mais priorisons de plus en plus les secteurs identifiés dans le cadre du plan France 2030, notamment ceux liés à la transition écologique. Nous sommes donc en quelques sortes un aiguilleur sectoriel dans notre capacité de conseil. L’export français étant néanmoins protéiforme, nous continuons d’accompagner les autres secteurs qui contribuent au rayonnement de la France dans le monde, comme celui des vins et spiritueux, ou l’aéronautique.

Une proposition de loi pour identifier et reconnaître les Entrepreneurs français à l’étranger (EFE) est à l’étude au Parlement. Ces EFE ont-ils, selon vous, un rôle à jouer dans cette incitation à l’export ?

Laurent Saint-Martin: Un certain nombre de ces EFE contribuent à valoriser la France à l’étranger en matière de business, notamment en important des produits français là où ils sont implantés. Beaucoup d’entre eux sont par ailleurs conseillers du commerce extérieur. À partir du moment où les EFE contribuent à faire augmenter le flux commercial entre la France et les autres pays, nous avons tout intérêt à travailler avec eux.

La France accueille cet automne la Coupe du monde de rugby, et hébergera les Jeux olympiques à l’été 2024. Comment êtes-vous associés à ces événements qui contribuent au rayonnement de la France ?

Laurent Saint-Martin: Le levier événementiel -qu’il soit sportif ou culturel- nous permet de favoriser les échanges business et de mieux faire connaître les opportunités d’investissement en France. Pendant la Coupe du monde de rugby, des « Business France Rugby Club » sont ainsi organisés dans toutes les villes qui accueillent des matchs. Cela permet à des investisseurs internationaux de rencontrer des agences régionales de développement économique. Pour les JOP 2024, un dispositif similaire sera mis en place.

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