L’appartenance à la grande communauté européenne n’empêche pas des rapprochements plus privilégiés avec certains de ses membres. Il en va ainsi du « traité d’amitié et de coopération entre la République française et le Royaume d’Espagne » – dit « de Barcelone » –, acté en janvier 2023 lors du vingt-septième sommet franco-espagnol. Le texte signe une volonté commune de renforcer les relations bilatérales entre ces deux pays qui restent néanmoins ancrés dans un positionnement très pro-européen. Jusqu’alors, la France n’avait signé traité de ce type qu’avec l’Allemagne en 1963 (en matière de défense et d’éducation) et l’Italie en 2021 (traité dit du « Quirinal »). Pour autant, du côté transalpin, le gouvernement de Giorgia Meloni a depuis succédé à celui de Mario Draghi, avec pour conséquence un net refroidissement des relations diplomatiques entre Paris et Rome.
En revanche, les liens entre le socialiste Pedro Sánchez et le libéral Emmanuel Macron n’ont cessé de s’affiner et ce traité de Barcelone signe le renforcement d’une alliance symbolisée notamment par le projet de pipeline d’hydrogène sous-marin Barcelone-Marseille. Appelé H2Med (ou Bar-Mar en contraction des deux villes), il devrait être opérationnel d’ici 2030 pour un coût estimé à 2,5 milliards d’euros. Sa fonction consistera à acheminer deux millions de tonnes d’hydrogène par an, un volume qui, selon les attentes, correspondra alors à environ 10% de la consommation européenne. L’hydrogène en question sera estampillé « vert », car fabriqué à partir d’électricité renouvelable, depuis la péninsule ibérique vers le nord de l’UE via la France. Il est à noter qu’au-delà de ce pipeline, le projet comprend également une interconnexion entre la ville portugaise de Celorico da Beira (nord-est) et Zamora (au nord-ouest de l’Espagne) et que cette infrastructure a vocation à aller jusqu’en Allemagne.
Une économie résiliente
Si l’économie espagnole a été l’une des plus touchées en Europe par l’impact de la crise sanitaire, avec un recul de son PIB de 10,8% en 2020 et 4 millions de chômeurs enregistrés en 2021, elle a su rebondir, comme après la crise financière de 2008. Ce sursaut, rendu possible en grande partie grâce aux performances de son secteur touristique, devrait lui permettre, selon le FMI, de retrouver son niveau d’avant-crise dès 2024. Si le pays attire chaque année plus de 70 millions de touristes, d’autres secteurs d’activité pèsent lourd dans économie espagnole.
L’Espagne est notamment un producteur agricole majeur, avec de gros volumes à l’export. L’industrie automobile est représentée par de multiples usines de fabrication de voitures et de pièces détachées. Les énergies renouvelables sont aussi un axe de développement important pour Madrid, à l’instar du projet H2Med évoqué précédemment. L’Espagne est devenue en quelques années l’un des pays leaders dans ce domaine en mettant en place de nombreux parcs éoliens et des installations solaires sur tout son territoire. Le secteur financier et des télécommunications sont d’autres contributeurs importants des ressources espagnoles, sans oublier celui, historique mais toujours primordial, de la construction.
Travailler
Comme tous les ressortissants de l’Union européenne, les Français n’ont pas besoin de visa pour vivre et travailler en Espagne. Mais au-delà de 90 jours de présence, il est impératif de solliciter un numéro d’identification des étrangers (NIE), nécessaire à toute formalité, qui servira aussi de numéro fiscal. La demande peut se faire en France auprès du consulat, ou bien en Espagne, dans le commissariat le plus proche du domicile. Le revenu a la particularité d’être calculé sur quatorze mois en Espagne. Le salaire minimum a progressé de 47% depuis 2018 et atteint aujourd’hui 1 080 euros mensuels (soit 1 260€ sur douze mois). Le salaire moyen lui, s’élevait en 2022 à 28 360 € brut annuel, mais il peut largement varier d’une région à l’autre.
En toute logique, les activités liées au tourisme, à la restauration et à l’hôtellerie, susceptibles d’accueillir des Français, sont le plus souvent situés le plus souvent le long des côtes. Le pays recherche des ingénieurs, particulièrement dans les domaines des nouvelles technologies, du génie industriel, de l’informatique mais aussi des employés pour le commerce et les centres d’appel. Le secteur de l’automobile est toujours en demande de personnel de divers profils. Et comme la fibre nationale peut toujours être un atout, il est aussi recommandé de se rendre sur le site de plusieurs grandes entreprises françaises présentes sur le sol espagnol, parmi lesquelles : Alstom, BNP Paribas, Axa, Orange, Capgemini, Airbus, Renault, Saint Gobain, Leroy Merlin Décathlon, Carrefour Auchan (Alcampo) ou encore L’Oréal.
Outre l’incontournable LinkedIn et le réseau européen de l’emploi Eures, de nombreux autres sites sont à consulter. Parmi eux, figurent ce site dédié aux francophones, l’Agence nationale espagnole de l’emploi, le site privé Info Empleo très utilisé dans le pays, cette plateforme qui propose des conseils et l’accès à de multiples centres de formation, ou encore Iagora où on retrouve des offres d’emplois, de stages et des missions en volontariat international en entreprise.
Étudier
Les universités espagnoles acceptent les étudiants étrangers après un processus d’homologation qui vérifie la qualité des diplômes et du dossier. L’organisme « France Espagne Education » accompagne les étudiants dans leur projet d’études et leur installation en Espagne.
Entreprendre et investir
L’Espagne encourage les investisseurs et les entrepreneurs en accordant des avantages fiscaux, des subventions et diverses aides régionales dépendant de ses dix-sept communautés autonomes. Toutes les informations sont regroupées sur un site géré par le ministère de l’Industrie, du Commerce et du Tourisme, qui propose des outils pour analyser un projet d’entreprise et en connaître les financements possibles.
Les étrangers désireux d’entrer sur le territoire espagnol afin d’y réaliser un important investissement peuvent demander un Golden Visa d’une durée préalable d’un an, à condition de répondre à plusieurs critères :
• Investir dans la dette publique pour une valeur égale ou supérieure à deux millions d’euros ;
• Participer à des projets d’entreprises d’intérêt général, en créant des emplois notamment, ou ceux ayant trait à une innovation technologique ou scientifique.
• Investir en actions dans des sociétés espagnoles à hauteur d’un million d’euros.
• Acheter un ou des biens immobiliers d’un montant supérieur à 500 000 euros.
Mais attention sur ce dernier point. Le gouvernement espagnol envisage, à l’instar du Portugal, de limiter l’octroi des golden visas. Ce système – mis en place pour remédier à l’effondrement du système immobilier – a produit des effets pervers avec une flambée des prix et un risque de blanchiment d’argent. Il devrait être prochainement revu, certainement en augmentant l’investissement minimum requis (qui s’élèverait alors à 1 million d’euros) ou en réorientant les investisseurs uniquement vers des projets d’entreprises ou l’achat d’actions. Le gouvernement n’a pas encore statué.
> Dans quels secteurs investir en Espagne ?
L’immobilier, par l’achat de biens résidentiels voués à la location ou de locaux commerciaux à des prix relativement abordables, reste un marché lucratif dans les grandes villes espagnoles. Les investissements sont globalement plus coûteux sur la côte méditerranéenne, et plus encore sur les très touristiques îles Baléares : Majorque, Ibiza et Minorque. Ces lieux, regroupant bon nombre d’activités liées au tourisme, offrent par conséquent bien d’autres opportunités.
Les énergies renouvelables, qui correspondent à la volonté du gouvernement de développer les énergies vertes partout sur son territoire, représentent un secteur prometteur.
D’autres secteurs offrent des opportunités en matière d’investissement ou d’entrepreneuriat. C’est le cas des hautes technologie, avec des viviers de start-up à Madrid, Barcelone et Valence. L’investissement dans des entreprises liées à l’agriculture est aussi envisageable car l’Espagne fait partie des principaux pays producteurs et exportateurs de produits agricoles en Europe.