Il y a d’abord Sophie Suberville, officiellement basée à San Francisco, aux États-Unis. Après deux échecs, le premier lorsqu’elle avait été désignée deuxième de liste de Philippe Grangeon, appuyé par Emmanuel Macron après sa première élection à l’Élysée, transfuge du PS et proche de la CFDT. Malgré le soutien du Château, personne sur la liste n’avait été élu ! Le deuxième : lors du parachutage de Samantha Cazebonne de l’Assemblée au Sénat, Sophie Suberville, pensant que son tour était venu, a déjà voulu monter sa propre liste.
Problème déontologique
Notons que Sophie Suberville était dans un passé récent collaboratrice de Samantha Cazebonne, ce qui n’est pas sans poser question sur le plan déontologique. Certes, elle est élue des Français de l’étranger et a arrêté à temps sa collaboration avec la sénatrice, mais elle l’a tout de même accompagnée l’année précédente sur la plupart de ses missions à l’étranger. Ses détracteurs lui reprochent donc d’avoir fait campagne aux frais du Sénat. Rappelons qu’une grande partie du job d’un collaborateur parlementaire est d’entretenir le lien avec les élus français de l’étranger, ce qui revient, dans ce cas de figure, à garder le contact et développer leur propre corps électoral, ce qui pose un problème déontologique évident. D’autant que le cas se présente à trois reprises pour ces élections.
Bataille sourde avec le MoDem
De plus, n’ayant pas obtenu le soutien de Renaissance, elle s’attribue celui du Modem à l’étranger (autre composante de la majorité présidentielle, ndlr), qui ne dispose au mieux que d’une petite dizaine d’adhérents. Certes, elle a enrôlé en n°2 sur sa liste l’agronome Jean-Hervé Fraslin, élu de Madagascar. Avec ses faux-airs du comédien François Morel, il représentait pourtant un profil tout désigné pour le mouvement de François Bayrou, mais il a finalement renoncé à conduire une liste, au terme d’une bataille sourde entre Renaissance et le MoDem pour faire élire un sénateur des Français de l’étranger. Sophie Suberville elle, en profite pour entretenir le flou y compris dans les éléments de langage où utilise à tour de bras le terme « majorité », ce qui peut créer le doute dans l’esprit des votants.
Promesses non tenues
Le deuxième tête de liste dissident de Renaissance est Franck Barthélémy, que l’on a souvent surnommé « le brocanteur de Bangalore » à cause de ses activités en Inde. N°2 sur la liste de Samantha Cazebonne il y a deux ans, (alors que Sophie Suberville était numéro trois et Thierry Masson quatrième, nldr) Franck Barthélémy nourrit aussi une certaine rancœur après son échec. Certains affirment que des promesses de partage de mandat ont été faites et non tenues. Ils sont donc très en colère et déçus, d’où ces listes « sauvages », et cette entrée en résistance contre le candidat officiel de Renaissance, Thierry Masson. Sachant qu’Emmanuel Macron n’est pas autorisé à briguer un troisième mandat à l’Élysée, chacun des deux se sent autorisé à entrer en dissidence alors que ce n’était pas le cas il y a deux ans. Ces deux personnes, fidèles à Renaissance, pas dissidentes dans l’âme, sont au départ de bons petits soldats, mais qui, pour un poste au Sénat, sortent du bois, arme à la main. Voilà en tout cas qui ne fera pas les affaires de Renaissance.