« De façon générale, la situation du moment au Sahel n’est pas bonne, elle est même très mauvaise », reconnaît dans un entretien au Figaro Mohamed Ould Ghazouani, le président mauritanien. « Tous les pays de la région sont sous pression, y compris la Mauritanie », admet-il, notant une intensification des activités des groupes terroristes « d’autant que les forces françaises de Barkhane ne sont plus là, ni celles de la mission onusienne de la Minusma ». Le même jour, cette fois dans les colonnes du Parisien, Christophe Béchu enfonçait le clou, estimant lui que le Sahel risquait de s’effondrer sur lui-même. « Le régime malien a préféré Wagner (le groupe de mercenaires russe, ndlr) à l’armée française, rappelle le ministre français des Armées. On voit le résultat : la région de Bamako est depuis encerclée par les jihadistes. Tout cela se terminera d’ailleurs très mal pour les juntes en question ».
Tombouctou sur le point de tomber
Dans un courrier confidentiel que s’est procuré Français à l’étranger, Bakoun Kanté, le gouverneur de la région de Tombouctou écrivait samedi dernier (30 septembre) au ministre malien de l’Administration territoriale et de la décentralisation que la ville est sur le point de tomber aux mains des terroristes. « J’essaie de calmer la population qui est maintenant à bout de souffle à cause de la pénurie de denrées alimentaires », écrit le gouverneur. « La situation est extrêmement critique, poursuit-il. Si nous n’avons pas des renforts dans les jours qui suivent ; ce sera la fin de notre présence à Tombouctou. »
Capacités militaires dérisoires
Car au propre comme au figuré, depuis l’attentat contre l’avion de son chef Prigojine, Wagner a explosé en vol. Tous ceux qui brandissaient des pancartes pro-russes lors des virulentes manifestations anti-français de Niamey en sont pour leurs frais. D’ici la fin de l’année ne resteront donc dans la région qu’un millier de soldats français au G5 Sahel, qui n’est d’ailleurs plus qu’un groupe à quatre (Mauritanie, Niger, Tchad, Burkina-Faso) depuis que le Mali en a claqué la porte.
« Le G5 Sahel n’est pas mort pour autant, martèle Mohamed Ould Ghazouani dans son entretien au Figaro. Cette organisation, que je préside, est encore en vie. Seul le Mali est pour l’instant sorti. Les raisons qui ont présidé à la création de cette structure – la lutte antiterroriste et les efforts communs pour le développement – restent pertinents. Nos défis partagés demeurent. II est de notre devoir, à tous, de maintenir cette organisation comme un acquis géopolitique et stratégique majeur au service de la paix et du développement des peuples du Sahel. Celle-ci est un rempart contre le repli sur soi et le regain des communautarismes. » Mais sur le terrain, une fois que les militaires français se seront retirés, les États disposeront de capacités aériennes et terrestres dérisoires pour lutter contre les djihadistes, ainsi que d’un renseignement hors d’âge. Le mouvement islamiste Le Togo, le Ghana, le Bénin, voire la Côte d’Ivoire et le Sénégal sont désormais menacés par cette vague terroriste