Utiliser une application pour commander un taxi, se faire livrer ses courses ou encore trouver un baby-sitter est devenu un geste banal pour un grand nombre d’Européens. Aujourd’hui, plus de 28 millions de personnes dans l’UE travaillent par l’intermédiaire d’une ou de plusieurs plateformes de travail numériques, qui les mettent en contact avec la clientèle et organisent le travail à effectuer. En 2025, ce nombre devrait atteindre 43 millions de personnes d’après la Commission européenne.
Un travail comme complément de revenu
Ces travailleurs d’un nouveau genre sont présents dans un grand nombre de domaines. Selon les chiffres de l’Union Européenne, les types de services les plus représentés sont les taxis à 39 %, les livraisons à 24 % et les services à domicile (nettoyage, artisanat) à 19 %. La plupart des travailleurs de plateforme numériques sont surqualifiés pour le travail accompli. En effet, 70 % des services offerts via des plateformes de travail numériques requièrent un niveau de compétences faible.
Le Conseil européen, qui travaille actuellement à l’élaboration d’une nouvelle directive visant à améliorer les conditions de travail de ces personnes, en a dressé le profil type. Il s’agit en majorité d’hommes jeunes, qualifiés, donc le travail via une plateforme est généralement une source de revenus secondaire, venant compléter leur travail habituel. D’après une étude de l’office européen de statistiques Eurostat, seuls 22,7 % des répondants ont déclaré y avoir consacré plus de 30 heures au cours du mois passé.
Une mauvaise couverture sociale
Le problème de ces emplois -et la raison pour laquelle le Conseil européen souhaite améliorer les conditions de travail sur ces plateformes- est qu’ils sont souvent classés à tort comme indépendants et ne peuvent bénéficier des mêmes droits et protections que les travailleurs salariés.
Pour la Commission européenne, ils sont 5,5 millions de travailleurs des plateformes à être qualifiés à tort de non-salariés. Ils n’ont entre autres aucune limitation du temps de travail hebdomadaire, pas de congés payés, ne peuvent toucher le chômage et n’ont pas de salaire minimum. Ainsi, 55 % d’entre eux gagnent moins que le salaire minimum horaire net du pays où ils travaillent. Depuis le 12 juin 2023, le Parlement européen et les Etats membres discutent d’une future directive européenne pour renforcer les droits de ces travailleurs des plateformes numériques.