L’heure est toujours au déblaiement des gravats, un mois jour pour jour, après le séisme meurtrier qui a particulièrement touché la région montagneuse de l’Atlas. Aurore Chaffangeon vit au Maroc depuis 23 ans, et se souvient de cette fameuse soirée du 8 septembre dernier, où elle était chez elle à Marraekch : « Ma maison a complètement bougé. J’avais l’impression qu’un train passait au rez-de-chaussée avec un bruit assourdissant. C’était très impressionnant. »
Créatrice d’un magazine de mode et de tourisme, Madame à Marrakech, la Française gère aussi depuis deux ans un centre destiné à offrir des activités culturelles à 700 enfants des quartiers défavorisés de Marrakech, « les Étoiles de Jemaâ El Fna ».
Si la ville a relativement été épargnée, à part le Mellah, l’ancien quartier juif de la médina complètement détruit, ce sont les petits villages jusqu’à 70 kilomètres autour de Marrakech, qui ont le plus souffert. Plus de 50.000 habitations ont été partiellement ou totalement détruites.
Un mois plus tard, le nombre de sans-abris a explosé. Ils essaient de survivre dehors, ou dans des tentes qui remplacent les maisons effondrées. Ce qui inquiète aujourd’hui les autorités, c’est l’arrivée des premiers froids et des premières pluies. « Les tentes sous lesquelles les gens sont installés ne sont pas isolées, souligne la Française. Dès qu’il va pleuvoir, ça va glisser sous la terre. Il y a encore des roches qui risquent de tomber. C’est plus compliqué. » En tout, plus de 500 écoles ont été détruites par le tremblement de terre.
Comment reconstruire les maisons détruites
Après le déblaiement des gravats, une épreuve dantesque toujours en cours, la question est de savoir comment reconstruire les maisons détruites. « Celles qui se sont vraiment écroulées sont celles qui n’étaient qu’en terre, constate Aurore. Celles qui étaient construites avec de la tourbe, de la pierre et du bois ont très bien tenu. Et ce sont celles-ci qui sont vraiment traditionnelles marocaines. Est-ce qu’on continue à réutiliser la terre ? Est-ce qu’on utilise le béton ou des choses un peu plus rapides mais tout aussi efficaces, pour ne pas défigurer non plus les villages, et pouvoir faire en sorte qu’ils retrouvent leur physionomie ? »
Quant aux vives critiques apparues en France, quand le Maroc a refusé son aide, Aurore Chaffangeon met cela sur le compte d’une « certaine arrogance », selon elle, de l’ancienne puissance coloniale : « En 48 heures, les militaires et les forces armées royales étaient dans les montagnes. Ça a été extrêmement bien géré. Le Maroc a choisi les pays qui allaient venir en aide, aussi en fonction des compétences spécifiques. Le Maroc n’avait pas besoin de la France et la France ne l’a pas compris. »
Après quelques jours de flottement, la Française assure par ailleurs que Marrakech a retrouvé une bonne partie des vacanciers qui s’y rendent chaque année : « Je vois autour de moi des touristes qui sont venus avec deux valises : une pour eux, et dans la deuxième, ils ont pris des vêtements chauds, des duvets ou des lampes torches en disant : on vient, mais on ne viendra pas pour rien non plus ! Il faut que les gens continuent à venir, et que la vie reprenne son cours. »
Les autorités marocaines ont annoncé un budget de 11 milliards d’euros, destiné à la reconstruction des zones dévastées. Lire et écouter la chronique ici
Aller plus loin
Les « Étoiles de Jemaâ El Fna » à Marrakech
Son magazine, « Madame à Marrakech »
Une vidéo tournée le 22 septembre dernier par Aurore Chaffangeon montrant les dégâts du séisme à Talaat N’Yacout, à deux heures de Marrakech et à 12 km de l’épicentre.