L’université de Moncton au Canada, compte 27% d’étudiants internationaux, venant de 40 pays différents, dont la France, comme l’explique la française Lauriane Laforge, membre de la direction de l’établissement : « Au Nouveau-Brunswick et en Acadie, on a un très gros héritage culturel qui vient de France, transmis par la communauté acadienne, témoigne Lauriane Laforge, directrice du développement des affaires et des programmes à la formation continue de l’Université francophone de Moncton. Ici, on parle français et on vit en français. C’est une culture différente du Québec parce que l’histoire a été différente. Le peuple acadien a dû davantage et différemment se battre pour ses droits linguistiques parce qu’on est dans une province bilingue. Donc, il y a une fierté française. »
Personne n’a oublié ici le « Grand dérangement » de 1755, lorsque des milliers d’Acadiens ont été déportés, envoyés par les Anglais dans différents pays ou territoires, autour de l’Atlantique, d’où l’importance de cette université francophone au Nouveau-Brunswick, présente d’ailleurs sur trois campus dans la province (Edmundston, Moncton et Shippagan). L’établissement est relativement jeune. Il a été ouvert en 1963, et accueille aujourd’hui 5.000 étudiants. Ici, on enseigne le droit, l’éducation, les sciences, les services communautaires, l’administration ou encore l’ingénierie.
Un pas supplémentaire
Le département formation continue compte, lui, environ 2.500 inscriptions chaque année. « On a des gens qui sont déjà en emploi, et qui veulent se réorienter ou faire un pas supplémentaire dans leur carrière, détaille Mme Laforge, par exemple des techniciens qui veulent se lancer dans la gestion, ou qui veulent approfondir une notion, comme des cadres dans l’informatique qui veulent plutôt aller en intelligence artificielle, parce que c’est un sujet d’actualité. Ce n’est pas forcément une réorientation dans le même secteur, c’est parfois plus poussé. »
D’autres encore, en particulier les nouveaux arrivants, vont complètement se réorienter : « J’étais enseignant dans mon pays, et je vais venir ici, parce que je veux ouvrir un magasin. Du coup, je vais faire une formation en gestion. » Ajoutez à cela des personnes qui n’ont jamais travaillé auparavant, et pour qui c’est comme une première expérience universitaire : « Au lieu d’aller à l’université à temps plein, ils vont commencer par un temps partiel pour différentes raisons, explique Lauriane Laforge, parce qu’ils ne savent pas ce qu’ils veulent faire et veulent se tester, ou parce qu’ils veulent ou ont besoin de travailler en même temps. Et puis on a aussi des candidats qui viennent chercher un diplôme. »
Un MBA totalement à distance
Le plus important programme à temps partiel de l’Université du Nouveau est un MBA (maîtrise en administration des affaires) généraliste en management avec des cours de comptabilité, de marketing, de ressources humaines et de fiscalité, très reconnu sur le marché du travail au Canada. Le diplôme peut d’ailleurs être suivi entièrement à distance, depuis la France par exemple.
« Les personnes qui commencent leur parcours d’immigration peuvent démarrer le MBA de chez eux en France puis le finir ici, indique Mme Laforge. L’avantage est d’obtenir un diplôme local et reconnu au Nouveau-Brunswick. Le deuxième atout, c’est que vous travaillez ici, vous êtes dans les cours. En termes de réseautage, c’est énorme parce qu’on fait beaucoup de travaux de groupe dans le MBA, et quand on arrive sur le marché du travail, ça ouvre énormément de portes quand on cherche un emploi en gestion par exemple. Ça facilite l’intégration. »
Le département formation continue accueille aussi des personnes fraîchement immigrées dans le secteur de l’enseignement, venues compléter leur cursus. « Ici, le système est un peu différent, précise Mme Laforge. Il faut un certain nombre de crédits en pédagogie, qu’ils viennent chercher pour avoir le droit d’enseigner. Ils viennent aussi se former sur des thèmes qu’ils n’ont pas forcément vus en France, comme l’éducation en milieu linguistique minoritaire, car c’est vraiment différent d’avoir une classe devant soi et des élèves qui ne parlent pas tous un français du même niveau. Ils viennent chercher des cours de gestion de l’éducation au Nouveau-Brunswick parce que les lois scolaires sont différentes. » Lire et écouter la chronique ici
Aller plus loin
Le département formation continue de l’Université de Moncton