Au cœur de la vibrante mégapole de Hô Chi Minh-Ville (HCMV), capitale économique du Vietnam, le bastion de l’éducation francophone n’est autre que le lycée français international Marguerite Duras. Pendant longtemps pourtant, cet établissement a porté le nom d’une autre femme écrivaine : l’école Colette. Elle était alors située en plein centre-ville, dans le « District 1 » où se trouvent la plupart des institutions et attractions touristiques. « La décision de quitter les locaux de l’école Colette a été prise il y a douze ans par manque de place, explique Jean-Hugues Mota, le proviseur de l’établissement. Depuis, l’essentiel du corps professoral a été renouvelé même si deux enseignantes de l’école Colette travaillent encore avec nous. »
Le terrain sur lequel est implanté le nouveau bâtiment de cet établissement en gestion directe n’a pas été choisi par les équipes françaises mais imposé par les autorités vietnamiennes. Celles-ci souhaitent en effet voir se développer un véritable pôle éducatif dans le « District 9 », quartier excentré de Saïgon où se trouve donc le lycée français. S’il semble pour l’heure difficile d’accès à certains -il se trouve à une vingtaine de kilomètres du centre-ville – cet enclavement devrait prochainement prendre fin avec l’arrivée du métro. « Nous aurons une station juste à côté du lycée », indique le proviseur.
1200 élèves, dont plus de 600 Français
Dans des locaux modernes et dotés de nombreux espaces extérieurs, le lycée Marguerite Duras accueille aujourd’hui environ 1200 élèves, répartis équitablement entre le premier degré (maternelle et primaire) et le second degré. « Si les effectifs sont en hausse, la proportion d’expatriés diminue progressivement, tandis que la classe moyenne vietnamienne émerge et constitue la nouvelle demande », détaille Jean-Hugues Mota, précisant que les élèves franco-vietnamiens sont considérés comme des ressortissants de l’Hexagone. Dans le détail, les Français et binationaux représentent un peu plus de la moitié de l’effectif total des élèves (687). « Nous avons par ailleurs constaté qu’environ un tiers des élèves parle le français à la maison, ce qui témoigne de la diversité des profils. »
L’ambition de l’établissement est de continuer à faire grossir les rangs de ses élèves, dans le cadre de l’objectif « Cap 2030 » fixé par Emmanuel Macron lors de son premier quinquennat et qui vise à atteindre un total de 700 000 élèves scolarisés dans le réseau d’enseignement français à travers le monde. Selon le proviseur, il existe néanmoins un obstacle majeur à ces velléités d’élargissement : « Pour accueillir davantage de public, il faudrait pouvoir agrandir les locaux, mais c’est aujourd’hui difficile car Hô Chi Minh-Ville est très chère sur le plan foncier. »
Des élèves « tôt ou tard » bilingues
Jean-Hugues Mota estime pourtant qu’à partir du moment où son établissement peut accueillir plus d’élèves, le public sera au rendez-vous. « Pour les vietnamiens, mettre son enfant dans une école étrangère constitue un vrai sacrifice financier. Mais c’est un choix stratégique car cela leur permet ensuite d’avoir un niveau de vie plus confortable pour leurs vieux jours. Car ici au Vietnam, la retraite est quasiment inexistante et ce sont les enfants qui entretiennent leurs parents. » Aussi, avec son taux de 100% de réussite aux examens et la possibilité de passer un bac français avec option internationale, le lycée Marguerite Duras constitue une option attrayante pour ces familles vietnamiennes.
Le proviseur précise aussi que, si l’essentiel de l’enseignement est en français et que le programme qui est suivi est celui du ministère de l’Éducation nationale, « tous les élèves deviennent tôt ou tard bilingues, voire trilingues en venant étudier ici ». L’étude du vietnamien est par ailleurs obligatoire de la petite section de maternelle à la sixième. « Ensuite, cela devient un enseignement optionnel. »