C’est un rendez-vous hebdomadaire à ne pas manquer pour beaucoup d’entre eux. Eux, ce sont les Français d’Hô-Chi-Minh Ville qui participent aux activités de l’association des Français au Vietnam (AFV Saigon Accueil), pour certains depuis maintenant plusieurs décennies. Chaque mardi matin, ils se retrouvent aux Délices de mai, un café spacieux installé à l’ombre des ruelles du quartier de Thao Dien où vivent de nombreux expatriés. C’est dans ce café que la bibliothèque de l’association a élu domicile et chacun peut venir y emprunter des ouvrages en français parmi plus de 1 500 livres.
Les permanences « bibliothèque » sont loin d’être la seule occasion de se retrouver pour les membres de l’association, depuis ses débuts en 1989 puis son lancement officiel en 1994, alors que le Vietnam amorçait son ouverture sur le marché mondial après des années d’économie planifiée. « Dès le départ, l’objectif a été de favoriser les rencontres au sein de la communauté française », explique Patricia Le Thien, au Vietnam depuis trois décennies. « L’association s’est d’abord appelée L’amicale des Français au Vietnam, avant de devenir AFV Saigon Accueil. Depuis deux ans, elle est affiliée à la Fédération internationale des accueils français et francophones à l’étranger (Fiafe). »
Adhésion possible en solo ou en famille
L’ouverture croissante du pays dans les années 90 a drainé son lot d’expatriés français, permettant à l’association de grossir au fil des ans… jusqu’à la pandémie de 2020 qui a entraîné un certain nombre de départs. Aujourd’hui, 7 236 Français sont inscrits sur les listes consulaires – le chiffre réel tourne plutôt autour de 10 000 selon l’association –, tandis que 500 départs ont été dénombrés au moment du Covid. « Plusieurs personnes de nos équipes sont parties et nous cherchons donc toujours de nouveaux bénévoles qui souhaiteraient nous rejoindre. Car même si leur nombre a baissé, il y a toujours de nouveaux Français à accueillir ! », explique Isabelle Petit, la présidente d’AFV Saigon Accueil.
D’autant qu’au sein de l’association, les missions ne manquent pas. Moyennant le versement d’un cotisation (environ 25 euros pour les personnes seules et 50 euros pour les familles), les membres peuvent profiter d’activités sportives, de sorties culturelles ou de conférences, d’activités ludiques, etc. Mais au-delà de ces moments de convivialité, c’est surtout pour obtenir des renseignements pratiques que les Français du Vietnam contactent l’association. « Nous sommes souvent sollicités par des personnes qui préparent leur arrivée et cherchent à savoir dans quel quartier s’installer, quelle école choisir, comment obtenir un permis de travail, etc. », énumère Isabelle Petit.
Un pôle « pro » créé en septembre
Parmi ses plus de 200 adhésions, AFV Saigon accueil compte surtout des familles. « Soit des expatriés qui viennent pour quelques années, soit des familles françaises installées ici durablement, soit des Vietnamiens, décrit Patricia Le Thien. Il est plus difficile de toucher les jeunes actifs car ils sont plus dispersés et se créent un réseau à part. Et la plupart d’entre eux ne peuvent pas venir aux événements que nous proposons en semaine. »
Mais outre les activités de loisirs qui se montent en fonction des bonnes volontés – des cours de cuisine au concours photo –, l’association a souhaité créer en septembre 2022 un pôle « pro » à destination de la population. Le « Club des entrepreneurs », qui se réunit chaque mois, propose ainsi des visites d’entreprises francophones, des séances de coaching et des conversations en anglais pour améliorer les compétences linguistiques. Il s’adresse à ceux qui cherchent un emploi, envisagent une reconversion ou souhaitent monter leur propre entreprise. Les échanges d’idées et le réseautage y sont encouragés. « Il suffit d’être membre pour y prendre part, précise la présidente de l’association. Nos intervenants sont, eux, souvent des partenaires de longue date. »
Appareillage de personnes malentendantes
Depuis 2008, l’AFV Accueil s’est enfin engagée dans une cause caritative : elle participe à l’appareillage d’enfants et de personnes âgées malentendantes qui viennent de milieux défavorisés. Au sein de l’association, c’est le Franco-Vietnamien Dominique Hussin Monssigny – l’un des deux seuls hommes de l’équipe – qui chapeaute le projet. « Nous récoltons des fonds en organisant des vide-greniers et en recevant des dons. Cet argent sert à financer les appareils. Nous travaillons ensuite avec l’association française Audition solidarité. Elle se déplace tous les deux ans au Vietnam pour former des religieuses qui tiennent un orphelinat et s’occupent localement de l’appareillage des enfants. »
Ces dernières apprennent à tester et réparer les appareils, et montrent ensuite aux bénéficiaires comment s’en servir. « C’est une mission de longue haleine car les coûts sont élevés : pour un enfant que l’on équipe toujours avec un appareil neuf, il faut compter cinq millions de dongs, soit environ 200 euros pour un appareil, donc le double pour les deux oreilles. Pour les adultes, nous finançons seulement la réparation des appareils, ce qui revient moins cher », poursuit Dominique Hussin Monssigny. Depuis 2008, ce sont entre 600 et 700 personnes qui ont été appareillées.