Hors de question pour le gouvernement canadien de manquer le tournant des technologies émergentes, un secteur en constante expansion dans le pays. Après avoir connu une croissance de 5% en 2022 selon l’agence de placement Randstad, celle-ci devrait atteindre 22% en 2024. Alors, pour renforcer ses rangs, le pays a décidé d’ouvrir grand ses portes aux talents étrangers. Le 27 juin 2023, le ministre de l’Immigration, Sean Fraser, a en effet annoncé une nouvelle stratégie nationale pour les talents technologiques, intitulée « Tech Pathway », dont l’objectif est d’attirer davantage de travailleurs spécialisés en facilitant leur installation et leur embauche sur tout le territoire.
« Alors que le monde devient de plus en plus axé sur le numérique, le gouvernement fédéral est déterminé à prendre des mesures pour appuyer l’édification de l’économie canadienne de demain, nous précise le ministère canadien de l’Immigration, des réfugiés et de la citoyenneté (IRCC). Compte tenu de la demande croissante de talents à l’échelle mondiale, nous comprenons qu’il est essentiel d’avoir les bons talents au bon moment pour les employeurs qui sont à la fine pointe des nouvelles technologies. » De nombreuses provinces, à l’image du Québec, de l’Alberta ou encore de la Saskatchewan, proposent déjà des voies d’accès rapides destinées aux professionnels des technologies, mais c’est une première à l’échelle du pays.
Permis fermés et ouverts
Un nouveau volet « Innovation » devrait ainsi être ajouté au Programme de mobilité internationale d’ici la fin de l’année 2023. « Cela signifie qu’IRCC créera une nouvelle exemption du processus d’étude d’impact sur le marché du travail (EIMT, soit l’obligation pour toute entreprise canadienne d’obtenir l’aval du gouvernement avant de recruter un salarié étranger, ndlr) afin d’aider les employeurs à forte croissance et la main-d’œuvre talentueuse à appuyer les priorités du Canada en matière d’innovation et les industries de haute technologie », ajoute le ministère auprès du de Français à l’étranger.
Deux options seront offertes aux nouveaux immigrants : un permis de travail fermé (lié à un seul employeur), d’une durée de cinq ans maximum, pour les futurs salariés d’une entreprise désignée par le gouvernement canadien comme « contribuant à des objectifs d’innovation industrielle ». Seconde possibilité annoncée par le ministre Fraser : un permis de travail, ouvert cette fois, d’une durée de cinq ans maximum là aussi, pour les travailleurs hautement qualifiés exerçant des professions recherchées et qui pourront donc travailler dans n’importe quelle entreprise du pays.
La refonte du système d’accueil
Une autre passerelle concerne cette fois les travailleurs basés aux États-Unis, quelle que soit leur nationalité, afin d’accroître la mobilité professionnelle dans toute l’Amérique du Nord. Les détenteurs d’un visa de profession spécialisée H-1B – et leur famille proche – peuvent en effet dès à présent postuler pour obtenir un permis de travail ouvert au Canada, d’une durée maximale de trois ans, et ainsi travailler n’importe où dans le pays, pour n’importe quelle entreprise. « Cette mesure demeurera en vigueur pendant un an, ou jusqu’à ce qu’IRCC reçoive 10 000 demandes », conclut le ministère de l’Immigration.
Cette nouvelle stratégie s’inscrit dans la refonte plus large d’Entrée Express, le système d’accueil des immigrants au Canada. En effet, depuis le 31 mai 2023, les travailleurs francophones et/ou ayant des expériences professionnelles valorisées par le gouvernement canadien – dans le secteur des technologies donc, mais aussi de la santé, des transports ou de l’agriculture – peuvent directement présenter une demande de résidence permanente auprès d’IRCC, afin de répondre au besoin de main-d’œuvre dans les entreprises locales.