Actualités internationales
En Ontario, « une liberté d’entreprendre à l’américaine »
Directeur général du Club canadien de Toronto, point de rencontre de la francophonie dans la province, l’entrepreneur français Alexis Maquin nous donne les clés pour s’établir, et réussir, en Ontario.
Français à l’étranger : Quelle est la première chose à savoir avant de se lancer en affaires en Ontario ?
Alexis Maquin : D’abord, et c’est primordial, il ne faut pas venir en Ontario pour son entreprise mais parce qu’on a vraiment envie d’y vivre. Il faut avoir un attrait pour la province et la langue anglaise, et avoir l’envie d’être réellement à l’étranger. Si on se sent plus à l’aise en français et qu’on a peur d’être trop dépaysé, le Québec sera sans doute une meilleure option. Ici en Ontario, on appartient de fait à la minorité linguistique – nous sommes 600 000 francophones dans la province –, ce qui permet de se démarquer en tant que Français si on le souhaite. L’autre information à savoir concerne l’immigration : on ne peut pas créer son entreprise en étant en permis ouvert. Il faut être résident permanent ou citoyen canadien.
L’Ontario est-elle une bonne province dans laquelle investir ?
Il existe de nombreux de programmes officiels et communautaires de soutien à l’entreprenariat financés par la province, qui a décidé d’investir sur les entrepreneurs étrangers il y a une dizaine d’années. Favoriser l’émergence de nouvelles entreprises, c’est favoriser la croissance, l’emploi et finalement la richesse et la prospérité de la province.
C’est l’une des raisons qui m’ont poussé à vivre en Ontario : cette liberté d’entreprendre à l’américaine, et des codes professionnels totalement différents des nôtres. J’invite d’ailleurs les futurs managers qui aimeraient s’y installer à se renseigner avant de commencer leur travail !
Comment se créer et faire grandir son réseau professionnel lorsqu’on arrive en tant qu’expatrié ?
Le réseau est le point de départ principal de tout business, pour trouver des financements mais aussi pour faire grandir la future entreprise. Il faut préparer le terrain et recenser les organismes qui peuvent vous aider. C’est là que le Club canadien de Toronto intervient : les entrepreneurs francophones nous demandent conseil et nous les orientons selon leur profil et leurs spécificités. Nous comptons aujourd’hui 300 membres disséminés dans toute la province et faisons intervenir les leaders francophones dans de nombreux domaines, du leadership d’influence au système bancaire en passant par l’intelligence artificielle et la lutte contre la fraude.
Ici en Ontario, beaucoup d’organismes associatifs et d’incubateurs sont implantés pour accompagner les chefs d’entreprise, de l’idée à sa concrétisation et aux premiers clients, gratuitement ou pour des sommes modiques. Je pense à Agora Alliance, Impact Ontario ou à la Société économique de l’Ontario par exemple. Il y a aussi des aides spécifiques destinées aux femmes entrepreneures, comme Oasis Centre des femmes, ou aux chefs d’entreprise issus de la diversité, ce que propose le Centre francophone du Grand Toronto.
Les démarches administratives pour créer son entreprise sont-elles les mêmes qu’en France ?
Heureusement non, elles sont beaucoup plus simples et rapides ! Ici en Ontario, créer sa société prend 20 minutes et 60 dollars canadiens. C’est une vraie chance, pas besoin d’attendre des mois pour sonder le marché, débuter son activité et la faire croître. Autre avantage, les taxes. Les entreprises sont bien moins imposées en Ontario qu’en France, mais je conseille tout de même d’avoir recours à un comptable via le CPA Canada, l’équivalent de notre ordre des experts-comptables. En tant que chef d’entreprise, il faut impérativement savoir déléguer, et l’Ontario a une multitude de ressources disponibles. Mais attention, si les démarches sont plus simples qu’en France, créer son entreprise n’est pas chose facile : il faut avoir un sens du timing, et surtout être passionné car cela demande des sacrifices. Au début, il faudra travailler à côté et ne pas baisser les bras pour tenir sur le long terme.
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