Entre le 30 novembre et le 12 décembre 2023, tous les regards seront rivés sur Dubaï, hôte de la prochaine conférence de l’ONU pour le climat (COP 28). Ce grand rendez-vous planétaire constituera aussi une nouvelle étape dans la notoriété de cet émirat. Connu notamment pour ses pistes de ski indoor, ses îles artificielles en forme de palmiers et ses malls géants, il est passé en deux siècles d’un village de pêcheurs à une métropole du luxe, principalement en raison de ses spécificités géographiques – 72 km de côtes pour la pêche et le commerce, et une richesse en pétrole spécifique à la région – qui l’ont propulsé sur le devant de la scène économique mondiale. En dépit d’une superficie inférieure à celle d’Abu Dhabi, il est l’émirat le plus peuplé (3,6 millions d’habitants) et recèle la plus forte attractivité touristique. Selon le département de l’Économie et du Tourisme de Dubaï, la région a accueilli 14,36 millions de touristes internationaux en 2022 et vise à atteindre les 40 millions en 2031 dans le cadre d’une politique de diversification de son économie.
Du commerce de perles à l’imprimante 3D
De l’inauguration de la plus haute tour du monde en 2009 (la Burj Khalifa, qui culmine à 829 mètres) au plus grand bâtiment construit par imprimante 3D en 2019 (9,50 m de haut sur 640 m2, dans le quartier de Warsan), l’émirat s’illustre en matière de prouesses techniques. La technologie de construction par imprimante 3D repose sur une vison stratégique, la Dubai 3D Printing Strategy. Annoncée en 2016 par le Premier ministre des Émirats arabes unis et gouverneur de Dubaï – le Sheikh Mohammed bin Rashid Al Maktoum –, elle tend vers un objectif de parc immobilier qui serait composé à 25% de bâtiments imprimés. Au-delà de l’immobilier, la technologie est également sollicitée dans le domaine médical. Cette stratégie a donc pour objectif de faire de l’émirat un acteur majeur dans ce domaine – même si les plus importantes entreprises du secteur sont encore principalement aux États-Unis.
Cette volonté affichée sur le site officiel du gouvernement de prouver que « Dubaï n’est plus dépendant du pétrole » et qu’il est « plus diversifié » passe donc par le biais de l’innovation, mais s’explique aussi par le contexte historique. Contrairement à son immense voisin Abu Dhabi, l’émirat n’a pas attendu l’avènement de l’or noir pour prospérer. Déjà connu pour ses productions perlières depuis le XVIIIe siècle, c’est la signature du traité entre le dirigeant de l’époque Sheikh Rashid bin Maktoum et les Britanniques en 1892, faisant passer l’émirat sous protectorat britannique, qui a permis à Dubaï de devenir de devenir une place commerciale reconnue. Après un déclin au début du XXe siècle, l’émirat s’est enrichi, comme l’ensemble du pays, grâce à l’exploitation pétrolière, quelques années avant l’indépendance nationale en décembre 1971. Par ailleurs, son littoral abrite le port le plus important de la région, Jebel Ali, véritable hub commercial.
Un fort développement du commerce maritime
Aujourd’hui, la ville de Jebel Ali illustre la diversification économique de Dubaï et son ambition de « capitale de l’économie islamique », respectueuse des principes de la charia. Entre la Palm Island caractéristique, le village portuaire d’héritage britannique et la zone franche de Jebel Ali (ou Jafza) qui abrite plus de 9 500 entreprises, elle constitue l’un des piliers du développement économique de l’émirat. Le port de la ville, avec sa superficie de 133 000 m2, dispose d’une capacité d’accueil de 19,3 millions de conteneurs, faisant de lui le onzième port mondial selon l’association du transport international World Shipping. Et il ne compte pas s’arrêter en si bon chemin : un quatrième terminal d’une capacité de stockage de 22 millions de conteneurs est actuellement en construction. Un projet d’expansion qui semble toutefois en dissonance avec les objectifs écologiques affichés par la compagnie DP World, qui administre à la fois le port et la zone franche de Jebel Ali.
« Nous nous réjouissons de rejoindre la COP 28 en tant que principal pathway partner [principaux partenaires en collaboration avec la présidence de la COP, Ndlr] pour accélérer l’action contre l’agenda climatique, en alignement avec notre propre engagement de neutralité carbone d’ici 2040 et de devenir une entreprise zéro carbone d’ici 2050 », annonçait récemment sur Twitter le Sultan Ahmed bin Sulayem, président de DP World. En novembre 2022, à l’occasion de la COP 27, l’entreprise a annoncé investir 500 millions de dollars dans le développement des énergies vertes. Elle souhaite ainsi s’inscrire dans les principes Green Shipping Challenge, lancé par les gouvernements américain et norvégien, avertissant que « la trajectoire [du transport maritime] est incompatible avec l’Accord de Paris ». Cet entreprise rejoint l’objectif de neutralité carbone, « objectif 2050 » qui recouvre tous les aspects du développement du pays.
Des records en termes d’affluence touristique
Outre le commerce maritime, Dubaï capitalise sur le tourisme : émirat le plus prisé par les vacanciers, il a accueilli en 2022 plus de 14 millions de visiteurs internationaux selon le département de l’Économie et du Tourisme. Le secteur devrait apporter 122 milliards de dollars de contribution au PIB du pays, soit une augmentation de près de 170%. En 2022, il représentait 9% du PIB avec un bénéfice de 45 milliards de dollars à l’échelle nationale. « Le tourisme demeure un important contributeur au développement économique et durable de la ville, nous rapprochant de l’objectif de renforcer le statut de Dubaï comme l’une des trois premières villes pour le tourisme et le commerce », confirmait Helal Saeed Almarri, directeur général du département de l’Économie et du Tourisme dans un communiqué en février 2023.
La spécificité du tourisme dubaïote ? Le luxe. Entre la construction du prestigieux hôtel Burj Al Arab en forme de voile de bateau, les innombrables centres commerciaux – véritables villes dans la ville – et l’attrait pour les yachts et les courses hippiques, Dubaï mise sur l’abondance. Si le Guide du routard qualifie son offre culturelle comme étant « un peu pauvre », l’émirat se spécialise dans les resorts en bord de mer, les activités outdoor comme le 4×4 dans le désert, ou même indoor comme le ski en salle, le tout influencé par la « culture américaine » selon le guide de voyage. Les centres commerciaux représentent l’attraction la plus prisée : selon les chiffres 2019 du département du tourisme, 97% des touristes se sont rendus dans le Dubai Mall et 41% ont réalisé un safari dans le désert. En termes de fréquentation, ce sont les Indiens qui constituent la part la plus importante des touristes à Dubaï.
> Une ville cosmopolite
Quant à la population expatriée, elle est également dominée par l’Asie du Sud à hauteur de 59% selon l’ONU, avec l’Inde en tête. De fait, comme le reste du pays, l’émirat n’est composé qu’en minorité de nationaux émiratis, à hauteur d’environ 15%. Cette proportion s’explique partiellement par la forte culture entrepreneuriale, favorisée par la politique des zones franches répartie à travers le pays qui proposent une fiscalité intéressante pour les entreprises internationales. Les Britanniques y représentent la première population d’expatriés occidentaux, suivis des Français : ils étaient 28 000 inscrits aux registres consulaires en 2022. Cette immigration est largement encouragée par la délivrance du Golden visa en 2019 par le gouvernement émirati, dans le cadre de son objectif 2031 de devenir « nation d’entrepreneuriat ».