Actualités internationales
Abu Dhabi, une capitale aux mille facettes
Située au cœur des Émirats arabes unis, Abu Dhabi se démarque comme une capitale conjuguant politique, économie et une ambition culturelle sans précédent. En tant que siège du gouvernement fédéral et capitale du pays, l’émirat souhaite aujourd’hui diversifier son économie et ne plus être perçu seulement comme un producteur d’énergies fossiles.
Une plage, un campement et quelques pêcheurs, c’est tout ce qui existait à Abu Dhabi lors de sa création en 1793. Jusqu’au XXe siècle, les historiens s’accordent à penser que sa population ne dépassait pas les 6 000 habitants. Abu Dhabi, ville éponyme de cet émirat, gardera cet aspect jusqu’à la fin des années 1960. Depuis lors, la localité poussiéreuse s’est muée en une mégalopole prospère, capitale de l’émirat et de la fédération, comptant plus de trois millions d’habitants. Mais pour cela, il a fallu attendre que la découverte des premiers gisements de pétrole d’Abu Dhabi bouleverse le destin politico-économique des Émirats arabes unis.
Abu Dhabi se situe sur une importante façade maritime, celle du golfe Persique. La partie principale de la ville est en fait une île, accessible par plusieurs ponts la reliant au continent. Ses frontières sont très vastes et englobent tout le territoire non couvert par les autres émirats dont une grande partie de désert. L’émirat est le plus vaste des sept que composent les Émirats arabes unis, avec 86% de la superficie totale du pays, et se caractérise par la richesse en hydrocarbures de son sous-sol. Il est l’émirat qui détient le plus de réserves de pétrole de la fédération (94 %). C’est ce qui a permis, lors de l’indépendance du pays en 1971, d’accompagner son industrialisation fulgurante et de lui assurer un poids diplomatique conséquent.
Vers une diversification des ressources économiques
Zayed al-Nahyan, père fondateur des Émirats arabes unis et président jusqu’à sa mort en 2004, a beaucoup œuvré pour le développement d’Abu Dhabi, notamment sur le plan des infrastructures, avec la construction du port, Mina Zayed, de zones industrielles, et sur le plan agricole avec la création dans les années 1970 d’un centre expérimental afin de « faire fleurir le désert ». Mais son fils, qui prend son relais, voit l’avenir d’un autre œil. Lors du début de son mandat en 2004, celui-ci décide de transformer radicalement le cadre urbain. Il supprime entre autres la régularisation de la hauteur des immeubles d’Abu Dhabi, créée par son père qui avait imposé une limite maximale de sept étages afin d’éviter une trop grande densité sur l’île. Désormais, il existe des bâtiments de 70 à 90 étages à Abu Dhabi.
À partir de 2003, une instabilité du cours du pétrole est observée, pour atteindre un prix record le 3 mars 2008 s’élevant à 144,27 dollars le baril, soit cinq fois plus qu’en 2003. L’économie d’Abu Dhabi reposant en grande partie sur ses réserves en pétrole, ce choc d’offre pousse le gouvernement à assurer la pérennité et durabilité de son économie via une réelle diversification économique. Le prince héritier d’Abu Dhabi introduit alors une série de plans et visions, afin d’accompagner la croissance de l’émirat jusqu’en 2030. L’objectif de la « Abu Dhabi Economic Vision 2030 » est – selon la brochure du gouvernement d’Abu Dhabi – d’atteindre en 2028 un équilibre entre commerce pétrolier et non-pétrolier.
L’éducation, levier pour une main-d’œuvre qualifiée
L’éducation est un élément clé de la vision économique d’Abou Dhabi 2030, qui souhaite orienter l’émirat vers une « économie du savoir », c’est-à-dire d’après la définition de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), une économie basée sur la production, la distribution et l’utilisation du savoir et de l’information comme principales sources de performance. À cette fin, les autorités cherchent à diversifier les compétences de la population locale et à investir dans l’éducation pour obtenir une main d’œuvre de plus en plus qualifiée. Il y a aujourd’hui plus de 30 établissements d’enseignement supérieur à Abu Dhabi.
En 2006 ouvre notamment – dans une politique de coopération avec la France sur le plan scientifique, culturel et universitaire – une antenne de l’université de Paris-IV-Sorbonne. D’une superficie de 93 000 m2, elle dispense les mêmes cursus de sciences humaines et sociales qu’à Paris, tout en étant sous l’égide de l’organisme public Abu Dhabi Education Council (ADEC). Elle a aussi ouvert, en partenariat avec l’université Pierre-et-Marie-Curie, un premier parcours scientifique avec la licence de mathématiques-physique et propose un master de muséographie, pour former les cadres des musées d’Abu Dhabi. Sur l’île voisine, celle de Saadiyat, un campus de la New York University a ouvert en 2010. Souhaitant agrandir ses capacités universitaires, le campus est aujourd’hui en pleine extension qui devrait se terminer d’ici 2024. La Abu Dhabi University est aussi en train de construire un nouveau campus dans le district d’Asharej Al Ain. Dans ce bâtiment, l’université devrait accueillir 36 laboratoires scientifiques.
Une floraison d’établissements culturels
Toujours dans la volonté de diversifier son économie, le prince héritier a décidé de construire sur l’île de Saadiyat (« île du bonheur », en arabe), le Saadiyat Island Cultural District, lieu dédié à la culture. La capitale fédérale ambitionne en effet de devenir la référence culturelle de la région, laissant à Dubaï la primauté économique. Ce quartier s’étend sur une superficie totale de 2,43 km2. Le Louvre d’Abu Dhabi, conçu par l’architecte français Jean Nouvel, y a notamment ouvert ses portes en 2017. Selon Hasan Ismaik, directeur général d’Arabtec, constructeur du musée : « Le Louvre Abu Dhabi est sans aucun doute le développement culturel le plus attendu dans la région, et reflète fidèlement l’ambition des Émirats de renforcer sa position sur la carte mondiale en tant qu’épicentre culturel et destination centrée sur les activités de loisir. »
La Maison de la famille abrahamique, centre interreligieux qui abrite une mosquée, une église et la première synagogue officielle du pays, a été inaugurée en 2023. De nombreux projets sont encore en cours de construction, comme le Guggenheim d’Abu Dhabi, conçu par l’architecte Frank Gehry consacré à l’art contemporain, qui devrait être achevé en 2025. Citons aussi un musée d’histoire naturelle dont la construction devrait se terminer la même année, ou encore le teamLab Phenomena Abu Dhabi où le collectif d’art numérique japonais disposera d’une adresse permanente d’ici 2024. Un dernier musée devrait être la pièce maîtresse du quartier culturel de l’île de Saadiyat : le musée national Zayed sera conçu comme un mémorial au père fondateur et premier président des Émirats arabes unis. Il présentera l’histoire, la culture et la transformation économique des Émirats. Sa date d’ouverture est prévue pour 2025.
Une île consacrée au divertissement
Côté loisirs, le gouvernement d’Abu Dhabi développe en parallèle une île avec une fonctionnalité bien particulière : l’île de Yas, dédiée au divertissement, qui fut inaugurée en 2009. Cette île a été remblayée au cours des années 2000 et aménagée pour offrir à la capitale un espace de loisirs des plus variés. On y trouve le parc à thème Ferrari World (2010), consacré à la célèbre marque automobile italienne, mais aussi le parc aquatique Yas Waterworld (2013) et le parc d’attractions Warner Bros. World (2018).
Sont aussi sortis de terre le circuit automobile Yas Marina (2009), construit pour accueillir le Grand Prix d’Abu Dhabi de Formule-1 et de nouveaux centres commerciaux comme le Galleria Mall (2013) et le Yas Mall (2014). L’île accueille également plusieurs parcours de golf, des terrains de polo, un centre équestre, de nombreux hôtels haut de gamme ainsi que des résidences de luxe.
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