Afrique
Madagascar
L’élection présidentielle malgache, organisée le 16 novembre dernier, a permis au président sortant Andry Rajoelina d’être réélu dès le premier tour avec 58, 95% des suffrages. Son principal opposant, Siteny Randrianasoloniaiko, n’a obtenu que 14,4% des voix. Dans l’attente de la proclamation officielle des résultats par la Haute Cour constitutionnelle, probablement le dimanche 3 décembre, la plupart des candidats de l’opposition, réunis dans le Collectif des 10, refusent d’accepter les résultats en raison des nombreuses irrégularités qu’ils disent avoir constatées durant la séquence électorale. Par ailleurs, les manifestations organisées durant cette période par ces dix candidats de l’opposition (qui avaient finalement boycotté l’élection) ont été systématiquement dispersées dans la violence. À ce titre, l’ONU a dénoncé un « usage inutile et disproportionnée de la force » par les autorités malgaches. Compte tenu de ce climat post-électoral délétère, il est déconseillé de se rendre à Madagascar en cas de déplacement non essentiel, au moins jusqu’au 10 décembre prochain.
Sierra Leone
L’attaque de l’armurerie de la principale caserne militaire de la capitale Freetown, le 26 novembre dernier, a conduit les autorités à décréter un couvre-feu, finalement allégé le lundi 27 au matin. Les affrontements lors de cette attaque auraient fait treize victimes parmi les membres de l’armée régulière, selon les propos de son porte-parole, recueillis par l’AFP. Le président Julius Maada Bio, qui a déclaré que cette attaque était le fait de « renégats », est très critiqué en interne depuis sa réélection en juin dernier, en raison notamment de la dégradation socio-économique du pays. Près de 60% des Sierra-Léonais vivraient sous le seuil de pauvreté, tandis que le taux de chômage des plus jeunes ferait partie des plus élevés en Afrique de l’Ouest. Les forces sierra-léonaises ont annoncé avoir repris le contrôle de la situation et ont précisé que « la plupart des responsables ont été arrêtés ». Pour autant, les autorités ont tout de même invité les habitants à rester chez eux jusqu’à nouvel ordre.
Afrique du Nord/Moyen-Orient
Région
Dans la bande de Gaza, le cessez-le-feu conclu entre le Hamas et Israël, négocié sous l’égide du Qatar et de l’Égypte, a permis l’arrêt des affrontements en date du vendredi 24 novembre. Mais si plusieurs dizaines d’otages et de prisonniers israéliens et palestiniens ont été libérés de part et d’autre lors de des derniers jours, le gouvernement dirigé par Benyamin Netanyahou a rappelé que la guerre continuerait après la trêve et que sa volonté « d’anéantir » le Hamas demeurait intacte. Pour l’heure, le groupe islamiste détient encore plus de 200 otages et semble toujours disposer d’importantes ressources militaires malgré la perte récente de plusieurs de ses cadres lors de frappes israéliennes. En dépit de l’appel de nombreux pays occidentaux et moyen-orientaux à proroger cette accalmie, la reprise des affrontements reste le scénario le plus probable.
En Cisjordanie, la tension reste très vive entre les colons israéliens et les communautés palestiniennes. Les actions menées par Tsahal, notamment à l’encontre de groupes armés locaux tels que « le Repaire du lion » et « les Brigades de Jénine » ont causé la mort de plusieurs civils palestiniens. Situation d’extrême tension également au Liban où les affrontements se poursuivent de part et d’autre de la frontière entre les deux pays. Plusieurs civils, dont au moins un journaliste, auraient à nouveau été tués lors de frappes israéliennes. Par ailleurs, les hostilités dans le Sud-Liban, autour de cette zone frontalière, auraient contraint plus de 55 000 civils libanais et israéliens a quitter leur domicile pour échapper au danger. Dans d’autres pays proches du conflit, la situation reste stable en Jordanie, en Égypte et en Turquie où des manifestations propalestiniennes sont toutefois régulièrement organisées. Cependant, celles-ci ne dégénèrent que très sporadiquement en affrontements avec les forces de l’ordre.
Émirats arabes unis
Dans un contexte géopolitique régional fort instable, l’émirat de Dubaï se prépare à accueillir la Conférence sur les changements climatiques (COP 28) du 30 novembre au 12 décembre prochain. Un dispositif de sécurité très renforcé devrait entourer l’événement, compte tenu notamment de la présence simultanée de hauts dirigeants mondiaux dans la métropole émirienne. Plus largement, des troubles sociaux, mais aussi logistiques, ne sont pas à exclure en écho aux habituelles revendications environnementales observées lors de précédentes éditions de la COP.
Amériques
Haïti
La force multinationale conduite par le Kenya devrait arriver en Haïti d’ici la fin de l’année, comme l’a décidé le Conseil de sécurité de l’ONU, le 2 octobre dernier. L’objectif de cette mission sera de tenter de ramener l’ordre dans un pays où les gangs font régner la terreur depuis de nombreuses années. Ce déchainement de violences s’est encore amplifié depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse en juillet 2021. Haïti comptabilise près de 1 400 enlèvements et 2 500 homicides depuis le début de l’année 2023, tandis que 80% de la capitale Port-au-Prince serait devenue une « zone de guerre » selon les observateurs internationaux. Les vastes régions de l’ouest et du centre du pays ne sont pas épargnées par ces violences, les bandes armées prospérant sur fond de faiblesse de l’État et profitant d’une impunité presque totale. La mission de la force multinationale dépêchée en Haïti est prévue pour une durée d’un an, avec une analyse de la situation au bout de neuf mois pour juger de la pertinence de son maintien sur place. Si le Kenya s’est d’ores et déjà engagé à envoyer 1 000 policiers, la Jamaïque, les Bahamas et Antigua-et-Barbuda ont aussi proposé leur aide, mais sans la quantifier précisément à ce jour.
Asie/Pacifique
Corée du Sud
La péninsule coréenne connaît un regain de tension sécuritaire depuis que la Corée du Nord a décrété l’envoi d’un plus grand nombre de troupes et de matériel militaire à la frontière avec la Corée du Sud. Pyongyang a également annoncé ne plus être lié par l’accord militaire conjoint signé en 2018 avec Séoul, après que les autorités sud-coréennes ont suspendu certaines parties de l’accord en réponse au lancement par Pyongyang d’un satellite espion militaire (le Malligyong-1) le 21 novembre dernier. Grâce à ce satellite – dont le lancement a aussi été condamné par le Japon, les États-Unis et les Nations unies – la Corée du Nord affirme avoir déjà pu examiner des images des bases militaires américaines à Guam. Si le risque de conflit généralisé reste faible à l’heure actuelle, des actions de provocation ou d’intimidation ne sont pas à exclure et pourraient conduire à des troubles logistiques.
Europe
Irlande
L’attaque au couteau commise par l’homme qui a blessé grièvement une fillette et atteint trois autres personnes dans une école de Dublin le 24 novembre dernier a provoqué des épisodes de violences inédits en Irlande. Les émeutes déclenchées en réponse à cette attaque ont fait de nombreux blessés, notamment parmi les forces de l’ordre. Pour tenter de contrer les émeutiers, armés de barres de fer et scandant des slogans tels que « Irish lives matter », quelque 400 officiers de police ont été déployés en urgence, au sein d’un dispositif qui s’est avéré la plus importante intervention de policiers anti-émeute de l’histoire irlandaise. Les services de transport public ont également dû être suspendu dans la ville. Le calme est revenu dans la capitale irlandaise mais la situation demeure sensible, entretenue notamment sur les réseaux sociaux. Divers groupes continuent de tenir le gouvernement irlandais responsable des événements, tandis que d’autres appellent au soutien des émeutiers.