Coincé entre deux devantures anonymes le long d’un parking, sur la longue route qui va du centre de Detroit vers les quartiers chics de Bloomfield ou de Birmingham, c’est ici que Claude Bouly-Pellerin a installé son restaurant baptisé « The French Lady ». À l’intérieur, un comptoir, quelques tables et des affiches aux murs qui rappellent la France. Les plats aussi fleurent bon le terroir tricolore. Au hit-parade, ce sont la quiche lorraine, le cassoulet et le bœuf bourguignon qui marchent le mieux. « Ce sont les trois plats que je suis obligé de faire, explique la Française. J’ai renoncé à compter le nombre de quiches que nous faisons par semaine, et il faut faire du bourguignon et du cassoulet toutes les semaines, même en été. Cet été, j’avais des clients qui étaient déçus de ne pas trouver de cassoulet au menu. »
Née dans le Nord-Pas-de-Calais, Claude Bouly-Pellerin a toujours cuisiné. Légumes, viandes, fromages ou charcuterie. Elle a de la chance, à Détroit, elle trouve à peu près tous les produits dont elle a besoin pour confectionner ses plats. « Il y a juste la coupe de veau pour faire la blanquette que je ne trouve pas, reconnaît-elle. Sinon, j’ai la farine française, donc avec beaucoup moins de gluten. Et puis j’ai un merveilleux importateur qui importe les produits un peu spéciaux, les vrais saucissons, les saucisses de Toulouse, les andouillettes que je ne trouverais pas ici. » Chez « The French Lady », la clientèle est plutôt locale, mais certains viennent de loin : Cincinnati par exemple, à quatre heures de route ou de Windsor, dans l’Ontario, de l’autre côté de la frontière avec le Canada.
Eastern Market, un des plus vieux marchés d’Amérique du Nord
A une trentaine de kilomètres de Birmingham, tout à côté du centre de Detroit, se trouve l’Eastern Market, l’un des plus anciens marchés d’Amérique du Nord. Et c’est là que l’on retrouve Marie Wallace. Arrivée à Détroit il y a près de 20 ans, la Française cuisine et vend des crêpes, jusqu’à 350 chaque samedi. Si aujourd’hui sa petite entreprise « The French Cow » (la vache française) est un succès, il a fallu au départ apprendre aux Américains à apprécier le sarrasin. « Ils disaient « pourquoi elles sont marron, vos crêpes ? » se souvient la Française, parce qu’ils étaient habitués à manger des crêpes comme elles sont faites ici aux États-Unis, avec de la farine blanche. J’ai dû les éduquer, j’ai dû leur faire goûter gratuitement. J’ai beaucoup de clients qui n’osaient pas goûter au départ et qui adorent maintenant. »
La particularité de ce gigantesque marché fermier de Detroit, où on trouve la production de toutes les fermes du Michigan, est qu’il est ouvert vraiment chaque samedi, et accueille des centaines d’agriculteurs locaux. « C’est 52 semaines par an, et ça n’arrive pas aux États-Unis, en Californie par exemple, où le temps est merveilleux toute l’année. Ici, il neige pendant six mois, mais on a le marché toute l’année. » L’Eastern Market propose d’ailleurs plusieurs programmes de cours pour apprendre aux Américains à cuisiner chez eux des produits simples plutôt que d’acheter des plats tout faits. Lire et écouter la chronique ici
Aller plus loin
- « The French Lady », le restaurant de Claude Bouly-Pellerin à Birmingham, à une demi-heure de route de Detroit, dans le Michigan.
- « The French Cow », l’atelier de crêpes de Marie Wallace à l’Eastern Market, près de Detroit, dans le Michigan.
- « The Eastern Market » (en anglais), l’un des plus importants marchés d’Amérique du Nord près de Detroit, dans le Michigan.
- « Visit Detroit » (en anglais), l’Office de tourisme de Detroit, dans le Michigan.