En matière d’intelligence artificielle, « l’approche européenne est claire, du moins dans ses intentions : renforcer la recherche et la capacité industrielle en IA tout en garantissant les droits fondamentaux ». Voilà ce qu’indique la Fondation Robert Schuman dans un rapport intitulé « Intelligence artificielle : l’Europe doit se remettre à rêver » et publié le 27 novembre 2023. Elle rappelle que l’UE s’est emparée du sujet dès 2018 avec la publication, par la Commission européenne, du document « L’intelligence artificielle pour l’Europe ». D’autres textes ont suivi notamment la proposition de réglementation de la loi sur l’IA en avril 2021, toujours en phase de discussion.
Pourtant, malgré le fait que ce sujet soit pris au sérieux par les institutions, la Fondation note que « l’Union européenne est actuellement, au mieux, un acteur secondaire dans le développement de l’IA ». « Au cours des quinze dernières années, qui l’ont vu perdre du terrain face aux États-Unis et, dans une moindre mesure, à la Chine, le Vieux continent est trop souvent apparu comme le ‘continent des vieux’ », regrettent les auteurs. Ils pointent ainsi du doigt la « méfiance » à l’égard de l’innovation et de la prise de risque qui est, selon eux, plus présente en Europe qu’ailleurs.
L’IA, une opportunité pour faire « rêver » les Européens
Les « retards chroniques du secteur de l’innovation européen » s’expliquent par ailleurs par l’existence de différents obstacles : manque d’investissements, faible attractivité pour les talents européen ou encore « une jungle réglementaire pas toujours intelligible ». Or, pour les auteurs, l’IA doit être vue par l’Union européenne comme une opportunité pour « l’ensemble de l’écosystème d’innovation européen ». Et pour stimuler cet écosystème, il faut d’une part promouvoir les entreprises spécialisées mais aussi faire en sorte que les technologies développées soient adoptées « à grande échelle ». Car pour l’heure « seules 11% des entreprises non spécialisées utilisent des technologies d’IA, et les projections indiquent que d’ici 2030, elles ne seront que 20%, contrairement à l’objectif de 75% prévu ».
La Fondation Schuman estime aussi qu’au-delà des entreprises, l’IA est « l’allié idéal » pour faire de nouveau « rêver » les citoyens européens. Elle peut, selon les auteurs, « être un moteur de croissance, un levier pour rattraper le retard accumulé en termes de productivité et de croissance salariale, et un terreau fertile où la créativité, le génie et le talent européens peuvent germer et fleurir ».