Dans un courrier envoyé fin décembre à la présidente de l’Assemblée nationale, ils étaient trente-neuf députés de gauche : écologistes, socialistes ou insoumis, parmi lesquels Julien Bayou, Louis Boyard, Aymeric Caron, Adrien Quatennens, Aurélien Taché ou encore l’écologiste Karim Ben Cheikh, député de la 9e circonscription des Français de l’étranger – Maghreb et Afrique de l’Ouest), à réclamer des sanctions contre leur collègue LR Meyer Habib, à commencer par la levée de son immunité parlementaire. En cause, des propos, dans l’hémicycle, qu’avait tenus député de la 8e circonscription des Français de l’étranger (qui comprend les pays du pourtour méditerranéen, Israël et les territoires palestiniens) sur la situation à Gaza.
Des propos polémiques
« Alors que la ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, était invitée à réagir à la mort d’un agent du Quai d’Orsay à la suite des bombardements israéliens sur un bâtiment d’habitation abritant des civils, Meyer Habib a prononcé distinctement, et par deux fois, les mots : “Et ce n’est pas fini !” », font valoir les auteurs du courrier. Selon le compte-rendu de l’Assemblée, il a réitéré ses propos un peu plus tard lors d’une intervention du député LFI Eric Coquerel. Les plaignants estiment que ces paroles peuvent « s’apparenter à l’apologie de crimes de guerre ».
Les élus de la Nupes demandent ainsi « une peine disciplinaire lourde » à l’encontre de leur collègue. Coutumier des polémiques liées à Israël, fervent défenseur du gouvernement de Benyamin Netanyahou jusqu’à nier l’existence d’une colonisation israélienne, Meyer Habib n’a pas tardé à réagir. Dans un long tweet posté sur le réseau social X, il dénonce une « manipulation grossière » des députés de gauche. « Leur pétard mouillé n’est qu’un contre-feu grossier pour tenter de faire oublier le négationnisme et l’antisémitisme à l’œuvre dans leurs rangs depuis le 7 octobre », déclare-t-il. « Oui ce n’est pas fini ! », écrit-il à quatre reprises, ajoutant qu’ « Israël continuera ses opérations jusqu’à l’élimination du Hamas. »
Colère noire
Mais ces arguments n’ont pas convaincu Yaël Braun-Pivet. Dans sa réponse, la présidente de l’Assemblée adresse à ses trente-neuf collègues une fin de non-recevoir ferme, estimant que « les propos tenus par un parlementaire dans l’hémicycle sont couverts, conformément à l’article 26 de la Constitution, par le principe d’irresponsabilité, lequel présente un caractère absolu et qu’aucune procédure ne permet de “lever”. » De quoi mettre les plaignants dans une colère noire. « Les soutiens inconditionnels des criminels de guerre israéliens se protègent entre eux, réagit sur X l’élu LFI Thomas Portes, le député français peut donc en toute tranquillité faire une apologie de crimes de guerre. Quelle honte ! »
Il faut dire que depuis l’attaque du Hamas, Meyer Habib multiplie les interventions, que ce soit dans l’hémicycle ou sur les plateaux TV, pour défendre Israël. Lors d’une séance de la commission des Affaires étrangères, il s’en était également pris avec virulence à Gérard Araud, ancien ambassadeur de France en Israël, qui évoquait un nettoyage ethnique en cours dans les territoires palestiniens. Meyer Habib avait alors lancé : « Un juif ne sera jamais un colon en Judée », reprenant l’appellation israélienne de la Cisjordanie et jugeant comme un « mensonge » toute référence à un nettoyage ethnique.