« L’impact de la pandémie, les chiffres en attestent, a été très atténué par le volontarisme de la France à rester ouverte aux mobilités. » affirmait Donatienne Hissard dans le dernier rapport annuel de Campus France. La directrice générale de l’organisme public se réjouissait notamment de la capacité de la France à accueillir 2 000 étudiants ukrainiens, « leur fournissant ainsi un refuge académique en France ». Au total, le rapport indique que la France a accueilli cette année plus de 400 000 étudiants étrangers – en études supérieures ou en alternance.
L’Afrique en forte progression
Le Maroc et l’Algérie font partie des principaux pays d’origine des élèves étrangers en France. Ils étaient sur l’année 2021-2022 plus de 46 000 Marocains et plus de 31 000 Algériens inscrits dans le supérieur français. Affichant des croissances respectives de 22% et 19%, l’augmentation de leurs effectifs se calque sur la moyenne générale d’étudiants étrangers en France, qui s’élève à 22%. Même si l’Afrique du Nord demeure la première région d’origine, le rapport pointe une augmentation fulgurante des étudiants en provenance d’Afrique subsaharienne. Leur nombre « croît à un rythme deux fois plus rapide (+40%) que le nombre total d’étudiants étrangers en France » depuis cinq ans. D’une manière générale, sur les vingt-cinq premiers pays d’origine des étudiants étrangers, huit sont situés sur le continent africain.
À l’inverse, il semblerait que la France ait été moins attractive pour les étudiants asiatiques. Elle affiche notamment une baisse des effectifs d’élèves en provenance de Chine – qui reste tout de même l’une des principales régions d’origine après les pays du Maghreb – de 2% par rapport à l’année dernière, et de 4% par rapport à 2016. Même phénomène pour les étudiants vietnamiens : leurs effectifs a diminué de 4% par rapport à 2020-2021 et de 7% par rapport à cinq ans plus tôt. Selon Campus France, ce ralentissement est notamment dû à la pandémie de covid-19, l’Asie et l’Océanie ayant « connu le plus fort coup d’arrêt ». Pour cette raison, le nombre d’étudiants étrangers en provenance de cette zone n’a augmenté que de 2% depuis 2016.
La région parisienne en pole position
Sur les 400 000 étudiants et apprentis étrangers en France, 33% sont inscrits dans des établissements d’Île-de-France. C’est plus de deux fois supérieur à la région Auvergne-Rhône-Alpes qui constitue la deuxième destination pour les élèves internationaux. Campus France souligne en revanche des bonnes dynamiques de croissance pour la Bretagne et la Normandie, de respectivement +44% et +33%. Cela a notamment permis à la Bretagne de se hisser à la moyenne nationale en termes de pourcentage d’étrangers sur l’ensemble des effectifs étudiants, soit 13%. Le rapport observe également que « 53% des étudiants étrangers inscrits dans les établissements français sont des étudiantes », même si ce chiffre présente « des disparités selon le type d’établissement ». Si elles représentent 55% des élèves internationaux en université, ce chiffre tombe à 34% dans les écoles d’ingénieurs. Ce chiffre n’est pas étonnant, car selon le dernier baromètre de l’égalité femme-homme publié par la CGE (Conférence des grandes écoles) les écoles d’ingénieur affichent le plus faible taux de féminisation : seulement un tiers des étudiants dans ces cursus sont des femmes.
La France occupe le quatrième rang des pays accueillant des étudiants au niveau doctorat : 5% d’entre eux choisissent l’Hexagone pour réaliser leur thèse. Loin des États-Unis qui drainent 37% des doctorants mobiles, du Royaume-Uni et de l’Allemagne avec 9%. Malgré cette relative bonne place dans le classement, la France accuse une baisse de près de 10% de ses effectifs de doctorants. Les principaux pays d’origine de ces élèves sont la Chine, le Liban et l’Italie.
Doctorants et étudiants en mobilité internationale
Mais qu’en est-il des étudiants Français qui s’expatrient ? Selon Campus France, 108 654 d’entre eux sont partis étudier à l’étranger en mobilité étudiante, un nombre qui augmente d’année en année, ayant dépassé en 2019 la barre de la centaine de milliers. Depuis 2015, la mobilité des étudiants Français a augmenté de 25%, ce qui représente 22 000 étudiants supplémentaires. La France se place à la 6e marche du classement des pays d’origine des étudiants en mobilité internationale en 2020, avec une augmentation de 4% en un an. L’Hexagone est ainsi dépassé de peu par les États-Unis (110 000 étudiants) qui progresse plus rapidement sur un an (+ 7 %). Le podium, lui, reste inchangé : La Chine, l’Inde et le Vietnam sont les pays d’où proviennent la majorité des étudiants expatriés.
Mais où vont ces étudiants ? Toujours d’après les chiffres de Campus France, ils seraient plus de sept sur dix à partir étudier en mobilité diplômante dans un autre pays d’Europe (72 %), dont 48 % dans l’Union européenne. 23 % d’entre eux ont choisi de partir en Amérique du Nord (principalement au Canada), et ils sont seulement 3 % à s’être envolés vers l’Asie-Océanie (avec l’Australie et le Japon en tête). L’Europe, en plus d’être la première zone de destination pour les français, est aussi celle qui progresse le plus : les étudiants en mobilité y ont augmenté de 40 % en cinq ans, largement devant la progression des zones Asie-Océanie (+ 27 %) et Amériques (+ 19 %).
La francophonie, critère de mobilité pour les étudiants français ?
Le Canada est la première destination des étudiants français en mobilité, pour la troisième année consécutive. Le pays de l’érable en a accueilli 18 198 en 2020 (+ 29 % en cinq ans), soit 17 % des mobiles. Quelle est la raison de ce plébiscite selon Campus France ? Essentiellement des cours en langue française ainsi qu’un coût des études moins prohibitif qu’aux États-Unis voisins. À titre d’exemple, les étudiants français bénéficient au Québec de frais d’inscriptions avantageux, similaires à ceux que paient les étudiants canadiens.
Le Canada est suivi de très près par la Belgique (avec 18 089 étudiants), qui occupait la première place de ce critère jusqu’en 2017. Le voisin d’outre-Quiévrain est aussi francophone et géographiquement proche. L’accès à certaines filières – par exemple médecine, pharmacie, psychologie – y est plus aisé qu’en France. À la troisième marche du podium arrive le Royaume-Uni (13 912 étudiants français). Le nombre d’étudiants français y est en augmentation ces cinq dernières années (+ 20%), bien qu’on y remarque toutefois une stagnation sur la dernière année (+1%) qui, d’après le rapport, pourrait être liée au Brexit. Ces pays sont suivis successivement par la Suisse, l’Espagne (avec une forte augmentation en cinq ans, de 82%), et l’Allemagne.
Les États-Unis, moins prisés par les Français
Contrairement aux pays précédemment cités, les États-Unis accueillent chaque année de moins en moins de Français (- 7 % en cinq ans), passant ainsi de la 2e à la 7e place des pays d’accueil entre 2010 et 2020. Selon Campus France, ce résultat « illustre plus globalement une baisse d’attractivité auprès des étudiants européens ».
Parmi les autres pays du classement, la Roumanie (+58 %) ainsi que les Pays Bas (+82 %) enregistrent une forte augmentation du nombre d’étudiants français accueillis, même si sur ce point le Portugal les dépasse largement, multipliant par cinq le nombre de jeunes Français accueillis (+472 %). Ce fort succès est, selon Campus France, lié à une politique d’attractivité éducative conduite par le Portugal.