« Les personnes d’origine africaine font régulièrement face à des traitements injustes et des discriminations notamment lors de recherche d’emploi ou de logement » déplore l’agence des droits de l’Union européenne (FRA). Dans son dernier rapport « Being Black in the EU » (Être noir dans l’Union européenne ndlr) publié le 25 octobre 2023, l’agence a observé une augmentation des comportements racistes et discriminants envers des personnes afro descendantes. Ce phénomène serait passé de 39% des personnes interrogées en 2016 à 45% en 2022.
Ce rapport s’appuie sur une étude menée auprès de 6 700 personnes originaires d’Afrique subsaharienne dans treize pays de l’UE : l’Autriche, la Belgique, le Danemark, la Finlande, la France, l’Allemagne, l’Irlande, l’Italie, le Luxembourg, la Pologne, le Portugal, l’Espagne et la Suède. Il s’agit de la deuxième édition, la précédente ayant été publiée en 2018. Le bilan ? « Cinq ans plus tard, nous faisons le constat que le racisme demeure un phénomène continuel et à grande échelle. » observe la FRA. Mais si « près de la moitié des personnes afro descendantes fait face à de la discrimination et à du racisme dans sa vie quotidienne » en UE, le rapport note que « la majorité de ces occurrences reste invisible ».
Des discriminations rarement signalées
En effet, sur les 30% des répondants ayant vécu un ou plusieurs cas de harcèlement raciste – qu’il s’agisse d’offenses non-verbales, de commentaires offensants ou menaçant ou encore de menaces de violences – seulement 9% déclarent l’avoir signalé aux autorités ou à des organismes antiracistes. Ce chiffre tombe à 4% pour les personnes déclarant avoir porté plainte. De la même manière, sur les 4% des interrogés à avoir été victimes de violences liées à leur ethnie, deux tiers (64%) ont déclaré ne pas avoir porté plainte. Interrogés sur les raisons de ce taux de signalement faible, les répondants ont estimé en majorité que cela ne serait d’aucune aide (36%), d’autres ont été rebuté par la longueur des démarches administratives (19%) et enfin, 16% craignaient que les autorités ne les prennent pas au sérieux.
Car la discrimination provient parfois des autorités elles-mêmes : un quart des répondants au sondage ont déclaré s’être fait contrôler par les forces de l’ordre dans les cinq dernières années. Sur cette proportion, près de la moitié (48%) estiment que ce contrôle avait été motivé par des préjugés sur leurs origines à savoir un « contrôle au faciès », également appelé « profilage racial ». Cette statistique bondit concernant les personnes arrêtées dans les douze mois précédent l’étude, qui estiment à 58% avoir été victimes de profilage racial.
De large disparités entre les pays
En termes de travail et de logement, les personnes afro descendantes sont également victimes de discrimination. Comme l’observe le rapport, la proportion d’employés surqualifiés est supérieure chez les personnes d’origine visiblement africaine, en comparaison avec l’ensemble population (35% contre 21%). De la même manière, 23% des répondants au sondage estimaient avoir été discriminées lors de leur recherche de logement auprès de particuliers, une proportion quatre fois plus élevée que lorsqu’ils se tournaient vers des organismes publics.
Toutefois, ces observations sont largement inégales : les pays où les afro descendants subissent le plus de discrimination raciale sont l’Autriche, où 67% des répondants témoignent d’avoir été victimes de racisme dans les douze derniers mois, l’Allemagne (65%) et la Finlande (57%). Le pays avec le moins d’occurrences était le Portugal (17%). En France, près d’un tiers (29%) des sondés ont déclaré avoir subi des préjudices raciaux dans l’année précédant l’étude, et 40% dans les cinq dernières années. Un bilan « honteux » selon l’UE, qui a lancé pour la période 2020-2025 son premier « plan d’action antiracisme », afin de mettre en place des législations européennes pour condamner le racisme et la discrimination.