François Bibonne, comme de nombreux Français, a des racines lointaines, méconnues par ceux avec qui il est devenu ce qu’il est aujourd’hui, et celui qu’il veut devenir. Poussé par son besoin de liens, de connaissances et de partage, il réalise des documentaires sur ce pays qui compte tant pour lui, qu’il déchiffre avec ses codes, le Vietnam qui vit en lui pour toujours.
Français à l’étranger : Pouvez-vous nous raconter brièvement l’histoire liée à votre travail, votre parcours ?
François Bibonne : L’histoire commence en 2019 avec le décès de ma grand-mère qui était Vietnamienne. À ce moment-là, avec un master d’histoire et plusieurs stages en marketing à mon actif, je décide de partir au Vietnam pour mieux connaître son pays. Étant également passionné de musique, j’ai en tête l’idée de faire un film sur l’orchestre, de découvrir son pays à travers l’angle de la musique classique. Et puis, deux semaines après mon départ, le confinement est déclaré en France et je me retrouve donc « piégé » au Vietnam, où mon séjour a finalement duré quinze mois !
Ce qui vous a laissé le temps de faire votre premier documentaire, que vous qualifiez de « pont » entre le Vietnam, la France et la musique classique ?
En effet, j’ai pu concrétiser mon envie de faire un documentaire sur la musique classique et traditionnelle au Vietnam. Au début, je faisais juste de courtes interviews avec mon téléphone, et petit à petit le projet s’est professionnalisé, j’ai acquis une vraie caméra, recruté des gens, les médias vietnamiens m’accompagnaient sur les tournages. Ce travail a pris une véritable ampleur. À mon retour en France, j’ai monté une première version du film, qui s’est diffusée assez rapidement. J’ai été convié à des événements par des associations, des universités, ou encore au lycée français de Hanoï, qui m’a invité au Vietnam pour projeter le film. Je me suis également rendu à Colombia University, à New-York, où des festivals le programment toujours. En bref, ce documentaire a rapidement fait tout un chemin, qui se poursuit encore aujourd’hui.
Il paraît qu’il existe un lien fort entre le Vietnam et la France, l’avez-vous ressenti ?
Avant cette aventure, j’avais fait un premier voyage au Vietnam pour un stage de deux mois dans une agence de voyage et, j’avais constaté que le savoir des Français sur le pays était surtout touristique, ce qui est normal. J’ai donc voulu apporter un contenu différent, grâce à la musique, je trouvais que c’était une forme originale et belle pour fortifier cette passerelle entre les deux pays.
Outre la musique, les images sont primordiales dans votre travail…
C’était la première fois que je filmais avec une bonne caméra et j’ai une anecdote plutôt amusante à ce sujet. Je suis myope et ne corrigeais pas bien ma vue à ce moment-là. J’ai vite découvert que la caméra me permettait de mieux voir le réel. De faire un focus sur la réalité. La caméra était elle aussi un pont, entre la réalité et moi. Or, ce pays est très cinématique, et je ne suis pas seul à le dire : le Vietnam est sans arrêt en mouvement et il s’y passe toujours des choses loufoques pour mes yeux d’étranger, des scènes que j’ai envie de filmer !
Parlez-nous de votre nouveau projet sur le football au Vietnam ?
Cela part d’une anecdote racontée par une Française, qui s’était rendue au Vietnam et qui, par plaisanterie, se faisait appeler Zidane car elle avait les cheveux très courts. Un jour, ce nom a été prononcé en pleine foule et les gens se sont agglomérés autour d’elle pour lui demander des autographes ! J’ai adoré cette histoire, et ensuite j’ai appris que l’entraîneur de l’équipe du Vietnam était Français, il s’appelle Philippe Troussier. Un de mes amis passionné de foot voulait par ailleurs partir au Vietnam, les Jeux olympiques approchent, on parle beaucoup de sport… En bref, plusieurs éléments m’ont amené à réfléchir à ce que représente le foot au Vietnam. Pour ce projet, je ne voulais pas exclure la musique, car un match se joue également comme une partition et le coach que j’ai interviewé se voyait facilement comme un chef d’orchestre. J’ai donc décider de faire à nouveau un film musical, mais qui parlerait du foot au Vietnam. Pour l’heure, avec mon coéquipier Louis Suter, nous avons fait un premier voyage au Vietnam, mais ce n’est pas suffisant et je cherche de nouveaux financements pour y retourner et continuer ce travail.