Stéphane Séjourné : un fidèle de la première heure au Quai d’Orsay

Il ne fait décidément pas bon avoir des cheveux blancs en macronie ! Après Gabriel Attal, trente-quatre ans, plus jeune Premier ministre de la Ve République, c’est un autre trentenaire qui vient d’être nommé ministre de l’Europe et des Affaires étrangères. Stéphane Séjourné, trente-huit ans, succède à Catherine Colonna, chiraquienne pur jus. C’est l’autre surprise de ce gouvernement Attal I après Rachida Dati à la Culture.

Jusqu’à présent secrétaire général de Renaissance, Stéphane Séjourné est considéré comme le bras armé d’Emmanuel Macron. Fidèle de la première heure, il était censé, il y a quelques jours encore, conduire la liste du parti présidentiel pour la bataille des élections européennes de début juin. Mais les cartes ont été redistribuées, et c’est peut-être finalement Gabriel Attal qui croisera le fer face à son vis-à-vis, Jordan Bardella, alors que le tête de liste RN fait la course en tête dans tous les sondages. Dans ses fonctions à la tête du parti présidentiel, Stéphane Séjourné a notamment récemment eu la tâche ingrate de reconnaître et tirer les conclusions de la Bérézina de Renaissance aux dernières élections sénatoriales, avec zéro élu sur six sièges à pourvoir ! Et de sermonner dans un communiqué ces frondeurs qui avaient cru pouvoir s’affranchir de la discipline du parti. Il avait à l’époque saisi la commission nationale des conflits en vue de la mise sous tutelle de l’Assemblée des Français de l’étranger (AFE) et confié à Anne Genetet la mission de réorganiser sans délai le bureau exécutif de Renaissance, ce qui n’est pas forcément le choix le plus pertinent. Méconnaissant totalement l’univers des expatriés, la députée macronienne de la 11ème circonscription des Français de l’étranger (Asie, Océanie et Europe orientale, soit 49 pays) émarge en effet plus souvent à Paris qu’à Singapour où elle est censée habiter. Elle n’est pas pour rien dans la déroute du parti présidentiel aux élections sénatoriales et dans la cacophonie au sein de Renaissance. Aux dernières nouvelles, elle a prévu de soumettre ses propositions dans le courant de ce mois de janvier. Stéphane Séjourné est aussi l’un des membres de «la bande de Poitiers», ce groupe de jeunes strauss-kahniens passés par l’Unef, politisés dans un combat étudiant marqué à gauche contre le contrat première embauche (CPE) en 2006.  

Une nouvelle page qui s’ouvre 

Élu député européen Renew, et président du groupe macroniste au Parlement européen, c’est donc un très proche d’Emmanuel Macron qui s’installe au Quai d’Orsay. Conseiller du chef de l’État de fin 2020 à octobre 2021, Stéphane Séjourné est un pilier de Renaissance : il gérait déjà la collecte des parrainages d’En Marche! pour l’élection présidentielle en 2017. Côté vie affective, le nouveau chef de la diplomatie française a été pacsé avec Gabriel Attal, de 2017 à 2022. Les deux hommes sont aujourd’hui séparés. Le nouvel arrivant n’aura pas l’occasion de se reposer sur ses lauriers. De nombreux dossiers brûlants l’attendent : à commencer par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, qui entrera le mois prochain dans sa troisième année, la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza, sans oublier l’Afrique, où il devra tenter d’apaiser les relations après des mois de grogne antifrançaise sur un continent secoué par plusieurs coups d’État (Niger et Gabon en 2023, Burkina Faso en 2022). 

Quid des Français de l’étranger ?  

Les Français de l’étranger vont eux scruter l’annonce, sans doute la semaine prochaine, du deuxième cercle de ce gouvernement avec la nomination des ministres délégués et des secrétaires d’État. Olivier Becht sera-t-il reconduit ou l’un de ces maroquins sera-t-il dédié à nos compatriotes expatriés, plus nombreux que ceux dans les Outre-mer qui, eux, disposent d’un ministère ? Certains se souviennent qu’à une époque pas si lointaine, Hélène Conway, Renaud Muselier ou encore le judoka David Douillet, se sont succédé pour représenter les Français de l’étranger au sein d’un ministère de plein exercice. Outre la sénatrice socialiste Hélène Conway, les députés Éléonore Caroit, Amélia Lakrafi ou Alexandre Holroyd connaissent sur le bout des doigts les attentes des Français installés à l’étranger. Autre fin connaisseur de ces dossiers, Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’Industrie dans le dernier gouvernement Borne, un temps pressenti à Matignon, devrait finalement être reconduit et hériter en plus du portefeuille de l’Énergie, selon les informations du média en ligne Politico.