Comment est née SKEMA ?
En 2009, mes collègues et moi observions que plusieurs secteurs étaient en pleine globalisation, mais que l’enseignement supérieur, quant à lui, n’était pas encore touché par le phénomène. Mais, très vite, il a été très important pour moi d’y participer en créant une école globale, implantée dans le monde entier, pensée pour que les étudiants intègrent facilement le marché du travail partout dans le monde.
Aussi en 2009, le CERAM Business school de Sophia Antipolis, que je dirigeais à l’époque, dépendait de la Chambre de Commerce. Nous étions alors sous la menace de voir s’amoindrir les financements des Chambres… Nous devions sortir de ça.
Dès le départ nous avions la volonté de créer une marque vraiment globale, la première école vraiment multinationale. Cependant, seuls dans le sud de la France, il fallait voir plus loin. Au même moment, je faisais l’audit de l’École Supérieure de Commerce de Lille. J’ai échangé avec les dirigeants sur l’idée d’un projet éducatif commun et radicalement innovant. C’était en janvier 2009 et en juin SKEMA était créée.
Dix ans plus tard nous avions quadruplé de taille. Nous sommes dans le top 5 des écoles françaises, le top 20 mondial et la seule structure monomarque présente sur quatre continents et toujours indépendante.
Quel héritage conservez-vous des deux écoles ?
À elles deux, ce sont 160 ans d’histoire cumulée ! L’école Supérieure de Commerce de Lille est née en 1892. Elle est la 4e école de commerce la plus ancienne de France. Elle fut créée en pleine révolution industrielle pour former des cadres prêts à gérer les usines de la région Nord. Nous appliquons le fort ancrage territorial, qui fait partie de son ADN, sur tous nos campus pour assurer aux étudiants une vraie immersion dans la vie du pays.
Quant au CERAM, il a ouvert en 1963, il était tourné vers l’international et l’innovation. Nous avons conservé la dimension internationale, l’innovation, le soutien à l’entrepreneuriat et la proximité géographique avec les entreprises, ce qui nous permet de collaborer avec elles, de les accompagner.
Notre école a la volonté constante d’être à la pointe de l’innovation. Nous nous sommes intéressés très tôt à la digitalisation, maintenant nous sommes sur l’intelligence artificielle. Nous développons des programmes spécifiques (AI for business par exemple) et un centre d’innovation à Montréal. Le gouvernement canadien soutient la recherche en IA, donc nous avons souhaité profiter de l’écosystème, au lieu de faire venir à nous les chercheurs. Ce centre nous sert à créer des outils pédagogiques spécifiques à SKEMA et à concevoir de vrais programmes d’AI for business. Nous créons nos outils pour être à l’avant-garde dans nos contenus et dans nos formats.
Nous devons donc toujours restructurer nos enseignements et accompagner nos professeurs.
Pourquoi avoir franchi le pas de l’international en 2009 ?
Nous commencions à voir qu’au-delà des échanges Erasmus, les étudiants étaient de plus en plus à la fois mobiles et en quête de mobilité — un élément devenu obligatoire dans leur carte de compétence. Il fallait anticiper ce phénomène, donc notre école a été pensée comme une plateforme mondiale pour nos étudiants. Ils ont à la fois la mobilité internationale, la certitude d’une expérience locale, tout en disposant de la même qualité de cours. Notre école est reconnue dans les pays dans lesquels nous sommes implantés : Chine, États-Unis, Brésil, Afrique du Sud. Les cours sont dispensés par des professeurs locaux, les diplômes sont délivrés par les autorités locales et nous travaillons avec des entreprises locales ! Là sont notre force et notre unicité.
Il existe quelques écoles multisites dans le monde mais aucune n’est interconnectée comme l’est SKEMA, aucune ne permet aux étudiants de naviguer d’un continent à l’autre et aucune n’a exploité l’hybridation comme nous le faisons actuellement via nos écoles en IA, en droit, en géopolitique et en design. Chacune a vocation à rassembler des programmes d’enseignements et de la recherche.
Comment choisissez-vous les lieux où vous implantez vos campus ?
Dès le départ, nous savions que nous voulions être sur tous les continents. Nous avons 3 critères pour choisir un nouveau site d’implantation dans le monde : aller là où les étudiants ont envie d’aller, là où les entreprises du territoire sont intéressées à co-construire le projet avec nous et nous échangeons ensuite avec le gouvernement local.
Notre campus de Suzhou en Chine fut le premier de nos campus internationaux. Ensuite, nous avons ouvert à Raleigh aux États-Unis, puis au Brésil. A la suite d’étude sur l’Afrique, nous avons fait le choix de l’Afrique du Sud. Nous avançons sur des projets aux Émirats arabes unis pour que les étudiants profitent de l’effervescence de cette partie du monde. Nous voulons aussi accompagner cette région dans la transition écologique, et accueillir des étudiants de la péninsule arabique, d’Inde, du Pakistan… Une extension sur la côte Ouest des États-Unis fait également partie de nos projets d’expansion.
« Nous pouvons dire que tant que nous n’aurons pas couvert le monde, nous continuerons à nous développer. »
SKEMA a un statut d’association à but non lucratif. Pourquoi ce choix ?
Parce que nous faisons la mission la plus noble possible et qui fait partie de l’ADN des établissements d’enseignement supérieur : créer et transmettre la connaissance, accompagner les jeunes générations à transformer la société. Cela n’est possible qu’avec une liberté académique dont on ne peut jouir qu’en étant indépendant.
Dotée du statut d’association loi 1901, SKEMA ne rémunère pas d’actionnaires. Nous sommes là pour réinvestir en permanence dans notre école, pour accompagner aux mieux les étudiants, avoir les meilleurs locaux, la meilleure qualité de cours possible, investir dans la recherche.
L’intérêt de ce secteur c’est la mission, la transmission, mais certainement pas l’argent.
Qu’aura de plus un étudiant de SKEMA ?
SKEMA c’est d’abord un apport global stratégique pour un étudiant. L’école a dans son ADN cette plateforme mondiale qui permet d’étudier où l’on veut quand on veut, avec un coaching personnalisé qui prend en compte le background de l’étudiant et qui lui permet de démarrer sa vie professionnelle n’importe où dans le monde, car la même excellence est délivrée sur chacun de nos campus.
Ensuite, nous avons des programmes multisites avec des approches interdisciplinaires. Nous avons créé plusieurs écoles, donc l’étudiant peut combiner les approches disciplinaires qu’il souhaite, par exemple IA et géopolitique, pour avoir un profil complet.
À qui s’adressent votre programme Global BBA et celui de la Grande École ?
Le Global BBA est une formation professionnalisante en 4 ans pour les élèves sortants du lycée. Ils peuvent entrer sur n’importe quel site dans le monde avant d’aller sur un autre pendant leur cursus.
Nos programmes sont multisites. Le Programme Grande École, parcours plus généraliste et pensé pour accompagner la carrière des futurs managers s’adresse aux étudiants de classe préparatoire ou issus d’un premier parcours universitaire. Il est délivré sur tous les continents.
L’hybridation des compétences est une particularité de SKEMA. Dites-nous en plus.
De nos jours, on ne peut plus former un manager ou un créateur d’entreprise avec seulement une formation en management. On s’est aussi aperçus que les étudiants recherchent une forte technicité, ils ont besoin d’une grande connaissance : en droit pour être des citoyens sachant comprendre les règles du jeu du monde, en géopolitique aussi, pour savoir décrypter les signaux faibles et l’actualité. Ils doivent aussi développer leurs soft skills. Ils obtiennent un mélange d’innovation, de créativité et de management. Cela est possible grâce à notre travail de coaching et d’accompagnement tout au long de leur parcours : nous prenons en compte leurs envies, leur background, qu’on croise avec nos champs disciplinaires et ce que proposent nos campus en termes économiques et culturels notamment. Le but est simple : un parcours sur-mesure pour que l’étudiant s’épanouisse dans sa carrière et sa vie personnelle partout dans le monde.