Réaliser des études supérieures dans un établissement de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE), c’est désormais possible. Depuis la rentrée de 2022, trois établissements expérimentent cette nouvelle formule née d’un partenariat entre l’AEFE et le Centre national d’enseignement à distance (Cned), et proposent un cursus BTS bac+2. le Lycée Lyautey de Casablanca est même à l’origine de l’initiative. « En 2011 nous avons proposé notre première ouverture de BTS. Cela faisait dix ans que nous nous battions pour l’obtenir, mais comme l’AEFE n’a à l’origine pas vocation à faire de l’enseignement supérieur, ce n’était pas possible. Malgré tout, en 2022, Olivier Brochet (ex-directeur de l’AEFE) a trouvé une solution en concluant un partenariat avec le Cned », se souvient Jenny Estors, coordinatrice du BTS Commerce international de l’établissement marocain.
Deux autres écoles du réseau d’enseignement français à l’étranger rejoignent alors ce projet pilote : le lycée Regnault de Tanger, proposant également un cursus en commerce international, et le lycée franco-hellénique Eugène-Delacroix d’Athènes, avec un BTS Tourisme. Ces cursus, ouverts aux bacheliers des établissements d’enseignement français à l’étranger ainsi qu’aux étudiants issus des systèmes éducatifs locaux (titulaires d’un diplôme équivalent au baccalauréat), ont vocation à être pérennisés dans ces pays, mais aussi à être étendus dans d’autres établissements du réseau d’enseignement français à l’étranger.
Des étudiants très accompagnés
« Les élèves sont accueillis dans les lycées français avec un emploi du temps classique d’étudiant, entre 25h et 30h de cours par semaine, développe Armelle Philip, coordinatrice du BTS Tourisme grec. C’est une formation hybride : le Cned fournit les supports de cours ainsi que les évaluations en ligne et les élèves sont encadrés par les équipes pédagogiques du lycée pour les réaliser. » Selon elle, ce système semble porter ses fruits : « Les étudiants aiment ce format car ils ont accès à l’ensemble des cours en ligne. Ils peuvent vraiment avancer à leur rythme, sont très accompagnés et soutenus par les enseignants sur place. »
Pour cela, l’établissement met à leur disposition un lieu d’étude ainsi que du matériel informatique et une connexion internet adaptées leur permettant de suivre la formation à distance. « Avec une salle qui leur est dédiée, les élèves sont dans les meilleures conditions pour étudier », confirme Jenny Estors. Mais ce confort a un coût : 5 500 € l’année au sein du lycée Lyautey de Casablanca et 6 000 € pour le lycée franco-hellénique Eugène-Delacroix d’Athènes. Si ce cursus peut paraître onéreux, selon la coordinatrice du BTS de l’établissement grec il peut tout de même s’avérer avantageux, « notamment pour les bacheliers qui n’ont pas encore la maturité pour faire leurs études supérieures en France, loin de leur famille ».
Des cursus qui répondent à des besoins
Ces sections post-baccalauréat professionnalisantes visent à répondre à des demandes du marché local de l’emploi. Le port de Tanger et celui de Casablanca où sont situés les deux BTS en commerce international sont les deux plus grands ports marocains. « Ce cursus est donc celui qui s’insère le mieux dans la conjoncture économique locale », confirme Jenny Estors. Il en est de même avec le BTS Tourisme au lycée Eugène-Delacroix d’Athènes qui s’intègre, selon sa coordinatrice, « pleinement en Grèce où le tourisme est un pilier de l’économie nationale ». Ces formations devraient ainsi renforcer l’attractivité des établissements, de même que leur intégration dans le tissu éducatif et économique local.