Si on vous disait que cela faisait plus de vingt ans qu’il n’y avait pas eu d’Alliance française à Montréal, vous auriez sûrement du mal à le croire. Et pourtant, ce symbole de la culture francophone et de la langue française avait déserté la métropole québécoise au début des années 2000, faute de repreneur. C’est peu dire que son retour était attendu ! Et c’est une véritable renaissance qui a été célébrée en grande pompe le 26 octobre dernier, en plein cœur de la plus grande ville francophone d’Amérique du Nord. « L’Alliance française de Montréal renaît de ses cendres », clame avec joie sa nouvelle présidente, Stéphanie Froissart. Et s’inscrit dans un réseau de 829 Alliances disséminées à travers le monde, dont dix au Canada.
« Un enthousiasme et un soutien incroyables »
Mais le projet n’était plus un secret pour personne, du moins depuis l’obtention par cette nouvelle Alliance de sa labellisation officielle à l’été 2023. « L’annonce a suscité un enthousiasme et un soutien incroyables, de la part des autres Alliances canadiennes bien sûr, mais aussi de la ville de Montréal, dont nous souhaitons être un allié pour promouvoir et protéger la langue française », poursuit Stéphanie Froissart.
Car si cette Alliance française 3.0 se veut « dynamique et très jeune », ses missions restent les mêmes que celles de ses grandes sœurs : l’enseignement du français, la promotion de la culture francophone, et l’intégration par l’interculturel – une programmation culturelle qui s’établira notamment en lien avec le consulat général de Québec, via son service de coopération. « Au Québec, et à Montréal en particulier, il y a de la place pour vivre en français, dans des communautés diversifiées, multiculturelles », se réjouit la présidente, bénévole comme le reste des membres de l’association à l’exception du directeur général.
Déjà vingt élèves et quatre professeurs bénévoles
L’équipe n’avait d’ailleurs pas chômé en attendant cette grande soirée de lancement : « Les deux premières priorités étaient de lancer les cours de français et d’obtenir les agréments pour proposer nos examens – c’est désormais chose faite », explique Stéphanie Froissart. Et les élèves peuplent d’ores et déjà les salles de classe des locaux pour l’instant temporaires de l’Alliance.
Ils sont une vingtaine, encadrés par quatre enseignants. « Dès mon premier jour à l’Alliance française en Inde, j’ai été plongée dans un bain linguistique, culturel et pédagogique », confirme Nadini Delu, ancienne élève et actuelle enseignante bénévole au sein de l’Alliance de Montréal. « Je voulais contribuer à ce que j’ai reçu. » Un témoignage qui fait écho à celui de la nouvelle consule générale de France à Montréal, Marie Lapierre : « L’Alliance française a changé ma vie. En Tanzanie, en Inde, les Alliances m’ont offert des possibilités auxquelles je ne m’attendais pas », confie l’élue.
Fédérer la communauté française de Montréal
Des opportunités ouvertes à tous et toutes : les programmes de l’Alliance française s’adressent à toute la population francophone du Québec, mais aussi aux entreprises, nombreuses à réclamer une main-d’œuvre francophone, et prêtes à « franciser » leurs employés présents ou futurs. Un premier contrat a déjà été signé, et un deuxième devrait suivre selon la présidente de l’association.
Objectifs de 2024 : proposer des séjours linguistiques en partenariat avec d’autres Alliances françaises en Amérique du Nord et du Sud, mais surtout trouver un lieu pérenne et accueillant, pour véritablement que l’Alliance française prenne pleinement son rôle de lieu fédérateur pour la riche communauté française de Montréal. Une notion particulière, peu commune au reste des Alliances du Canada, davantage tournées vers une population à majorité anglophone. « Nous avons hâte d’avoir un lieu à nous où organiser nos apéros, des projections de films, des épreuves des Jeux olympiques !, s’enthousiasme Stéphanie Froissart. Mais j’insiste sur le fait que l’Alliance française, c’est la francophonie. Nous soutiendrons donc autant les Belges que les Français ! »