Son portefeuille de clients grossit régulièrement. L’idée de la plateforme Impact est venue il y a environ cinq ans à Hassan Hajam. Son but : accompagner les entreprises locales pour répondre aux critères de plus en plus exigeants des fonds d’investissement étrangers responsables en matière de protection des droits humains et de l’environnement. C’est donc à un changement de mentalité profond que le Français engage ses clients. Il s’agit de tordre le cou aux idées reçues, comme en matière d’agriculture où limiter le recours aux pesticides ne fait pas forcément baisser le rendement des terres.
« On pense que changer la manière de produire avec moins d’intrants chimiques, ça va être plus cher et moins productif, ce qui est, à mon avis, faux, avance-t-il. Si on regarde sur le long terme, ces terres vont être complètement inutilisables sur plusieurs années et le fermier ne pourra plus produire sur une période de cinq, dix ou quinze ans parce que ces terres, il faudra les laisser se reposer pour qu’elles soient capables de se régénérer et reproduire. »
Manioc, noix de cajou, mangues, banane, poivre… le Cambodge fait partie des pays émergents à exporter la plus grande partie de sa production agricole, dans un secteur morcelé en petites propriétés familiales. Le pays vend aussi à l’étranger plus de 600 000 tonnes de riz chaque année. Il est également gros producteur de café et dans ce domaine particulièrement, il y a beaucoup à faire.
« Ces entreprises-là, aujourd’hui, travaillent avec des petits fermiers dans le nord-est du pays pour s’approvisionner en graines de café, qui vont être ensuite redistribuées sur les marchés locaux et internationaux, explique Hassan Hajam. Elles nous écoutent notamment en certifiant leurs fermiers ‘commerce équitable’ pour gagner encore plus de crédibilité, pour intégrer encore une fois ces nouvelles chaînes d’approvisionnement et de valeur qui sont en train d’être construites à l’échelle internationale. »
Montée en gamme
Mener cette démarche est apparu comme une évidence dans un pays comme le Cambodge où l’indice de pauvreté figure parmi les plus élevés au monde même si, entre 2014 et l’an dernier selon l’ONU, un Cambodgien sur cinq a réussi à sortir de la pauvreté. « Le consommateur a réussi à mettre la pression chez les grands groupes internationaux pour leur faire repenser toute leur stratégie d’approvisionnement, observe le Français. Effectivement, aujourd’hui, c’est en discussion dans les pays riches, mais il faut aussi être présent dans les pays émergents pour qu’ils soient capables de participer. »
La plateforme emploie une dizaine de personnes. Pendant six à huit mois, elle propose d’accompagner les entreprises cambodgiennes, quelles que soient leur taille et leur nature. Toujours classé par les Nations unies parmi les pays les moins développés – grâce à cette montée en gamme en agriculture, mais pas seulement – le Cambodge paraît donc en bonne voie pour se défaire de ce statut dans les prochaines années. Lire et écouter la chronique ici