« Bienvenue ! » C’est en français que sont salués les quelque 300 invités réunis ce soir-là à l’ambassade de France à Berlin. Une occasion de célébrer un fleuron français : la French Tech fête ses dix ans. Au programme, une cérémonie de remise de prix à de nombreuses start-up et personnalités du monde de l’innovation. Une sorte de grand-messe franco-allemand où se côtoient des jeunes entrepreneurs européens. Créée en 2013, la French Tech ne cesse de se développer : en Allemagne, elle a désormais trois bureaux, à Berlin, Düsseldorf et Munich.
Après les mots d’ouverture de l’ambassadeur de France en Allemagne François Delattre, les responsables et fondateurs des start-up nommées se succèdent sur scène. Vient ensuite le temps de la remise des prix. C’est l’entreprise Singa, qui aide les nouveaux arrivants à s’implanter en Allemagne et à créer leur entreprise, qui décroche le prix de « best social organisation ». Une récompense de plusieurs années de travail pour cette petite équipe composée principalement de femmes. Ramona Hinkelmann, codirectrice de Singa, n’est pas seulement venue recevoir son prix. Le réseau French Tech permet aussi aux entrepreneurs, comme elle, de développer des projets ensemble. « Nous sommes une petite organisation, explique t-elle, nous avons toujours besoin de ce genre d’événements pour rencontrer d’autres entrepreneurs. »
L’exemple Doctolib
Sur les 1 825 start-up comptabilisées en Allemagne par le réseau StartUp Verband, plus d’une sur cinq a son siège principal à Berlin, une ville en constante évolution. Selon Niclas Vogt, du Startup-Verband, « la ville a définitivement changé, en bien. Les start-up ont créé un nombre fou d’emplois. Il y a aussi de nombreuses “licornes” (terme utilisé pour désigner une start-up valorisée à plus d’un milliard de dollars, ndlr) qui ont désormais un nombre d’employés à trois ou quatre chiffres. »
Les entreprises françaises n’ont pas à rougir. Doctolib, implantée en Allemagne depuis 2016, a aussi choisi la capitale allemande. Avec ses 500 employés, elle fait partie de ces start-up françaises qui structurent l’écosystème berlinois. Doctolib a d’ailleurs remporté le prix de la meilleure entrée sur le marché allemand lors des dix ans de la French Tech. Sören Weiß, senior talent acquisition team manager, fait partie des petites mains du groupe. Il accompagne les commerciaux de l’entreprise dans la recherche de partenariats avec des professionnels de santé : « Nous sommes leader du marché allemand avec 16 millions d’utilisateurs », explique-t-il, voyant grand pour la première licorne française : « Nous sommes toujours à la recherche de nouveaux talents venus du monde entier. Bien que la maîtrise de l’allemand soit importante dans certains domaines, lorsque je déjeune dans le quartier du Bergmannkiez près de nos locaux et que j’entends parler français autour de moi, cela me donne toujours le sourire. »
Une réelle densité de talents
Sören Weiß a vu la ville changer depuis une dizaine d’années. « La présence des start-up a une grande influence sur la ville et la population. Cette internationalité attire d’autres talents de différentes origines qui trouvent ici un nouveau lieu de résidence et une nouvelle patrie. »
En revanche, le souci auquel peuvent être confrontées certaines start-up est le fait de trouver des locaux. Même pour Doctolib, il est compliqué de déménager dans un open space plus grand. C’est aussi le cas pour les nouveaux arrivants qui doivent trouver un logement dans une ville saturée par la demande. « Mais chez nous comme dans d’autres start-up, on s’entraide ! Si un nouveau collègue arrive, tout le monde y va de son coup de pouce pour l’aider à trouver un appartement ! », s’enthousiasme Sören Weiß.