C’est à Anweiler-am-Trifels petite ville nichée dans une pittoresque vallée de Rhénanie-Palatinat (Allemagne) située à 30 km de la frontière française que Valentine Bazin, pétillante franco-allemande de 20 ans, a posé ses valises après une licence d’illustration. Originaire de Brest, la jeune femme a grandi en Bretagne entre un père français et une mère allemande « qui [lui] parlait allemand tous les jours ». Elle rend aussi régulièrement visite à ses grands-parents maternels en Basse-Saxe avec qui elle échange exclusivement dans la langue de Goethe.
Petite, l’allemand, « je savais le parler, mais pas l’écrire », se souvient-elle amusée. Arrivée au collège, Valentine suit donc des cours, ce qui lui permet de participer au programme d’échange Brigitte-Sauzay. Ce programme qui s’adresse aux élèves français de 4e, 3e, 2nd et 1re apprenant l’allemand propose un séjour linguistique de trois mois dans une famille d’accueil outre-Rhin. Pendant ce séjour, elle a fréquenté l’établissement scolaire de sa correspondante avant de la recevoir chez elle en France.
La cause environnementale en partage
L’apprentissage de la langue et son intérêt pour l’Allemagne lui ont « montré qu’un pays n’est pas une frontière » et lui ont ouvert « plein de possibilités », réalise aujourd’hui cette bretonne d’origine. Elle évoque notamment son stage en deuxième année de licence : « Un mois à Berlin dans un atelier de sérigraphie. J’ai adoré cette expérience ! » Plus récemment, elle a participé à un projet de reboisement organisé par l’Office franco-allemand pour la jeunesse (Ofaj). Avec une trentaine d’autres jeunes français et allemands, elle a replanté des milliers d’arbres dans une forêt affaiblie par les épisodes de sécheresse. « Cette action commune m’a permis de mener un grand projet bénéfique pour l’environnement en seulement quelques jours », raconte-t-elle avec enthousiasme.
Pendant les quatre jours qu’ont duré l’opération elle en a également appris davantage sur les conséquences du changement climatique sur la forêt et sur la manière de la protéger, mais a aussi noué des amitiés avec les autres participants, français et allemands. « Un enrichissement individuel et collectif », résume la jeune femme. Autant d’expériences qui ont élargi son regard sur le monde. « Si j’étais restée en France, je ne serais pas autant ouverte à ce qui m’entoure et je n’aurais pas conscience du grand nombre d’opportunités qui existe. Je crois que cette absence de frontière entre [la France et l’Allemagne] me rend plus libre ».
Programme pédagogique
Aujourd’hui, Valentine effectue un volontariat en Allemagne. « Je ne me voyais pas tout de suite entrer dans le monde du travail, alors j’ai cherché un service civique qui mêle deux de mes centres d’intérêts : l’écologie et le travail avec des enfants. C’est ainsi que j’ai trouvé ce volontariat qui fait partie du VEFA, un programme de volontariat écologique franco-allemand ». Ce programme permet à des Français et Allemands entre 18 et 25 ans de s’engager pendant un an dans une structure en lien avec la protection de l’environnement.
Depuis septembre, la jeune femme est donc volontaire dans un Naturkindergarten, un jardin d’enfants dans la nature, concept répandu outre-Rhin. « Les enfants apprennent à s’amuser avec ce qu’ils trouvent dehors, et je suis là pour les encadrer et répondre à leurs questions. J’ai découvert le concept en arrivant ici et ça me plaît énormément ! » Tous les trois mois, elle retrouve d’autres volontaires du programme lors de séminaires de suivi. « Ça nous permet de partager nos expériences et de rencontrer de nouvelles personnes des deux pays. Même si tout le monde ne maîtrise pas toujours la langue de l’autre, on arrive toujours à communiquer ». Interrogée sur ce qu’elle souhaite faire à l’issue de son volontariat, elle répond avec un large sourire : « Continuer à travailler dans un jardin d’enfants en Allemagne et illustrer des livres pour enfants dans les deux langues ».