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Marion Zipfel
21 février 2024

Singapour, l’île des possibles

Il était une fois un petit confetti de 700 km2, situé à la pointe de la péninsule malaise, dépourvu de ressources naturelles, devenu le troisième pays le plus riche au monde. L’histoire de Singapour et de son incroyable trajectoire économique a des airs de fables pour enfants, et pourtant il s’agit bien d’une histoire vraie !

Cette histoire, Singapour la doit avant tout à son emplacement géographique. En 1819, Sir Stamford Raffles, employé de la Compagnie des Indes, débarque sur celle qu’on appelait alors Temasek. Il prend tout de suite la mesure de son positionnement stratégique exceptionnel, sur le détroit de Malacca, carrefour des routes maritimes reliant l’Orient à l’Occident. L’homme a du flair et déclare Singapour port franc, attirant alors les marchands du monde entier. Chinois, Malais, Indiens et Arabes se pressent à Singapour, portant ainsi sur les fonts baptismaux ce qui allait devenir un peu plus d’un siècle plus tard le deuxième port mondial.

Instinct de survie

Un destin exceptionnel, que l’ancienne colonie britannique doit également à la vision d’un homme, Lee Kuan Yew. « Un vrai géant de l’histoire qui restera pour les générations à venir comme le père du Singapour moderne et comme l’un des grands stratèges des affaires asiatiques », déclarait le président américain, Barack Obama, lors de la mort en mars 2015 de celui qui fut le Premier ministre de Singapour en 1959, année où la cité-Etat s’est affranchie de la tutelle britannique et qui resta à ce poste jusqu’en 1990. Hanté par la question de la vulnérabilité et de la survie économique de ce petit Etat qui, en 1965, n’est encore qu’une économie sous-développée, Lee Kuan Yew engage son pays sur la voie de la modernisation à marche forcée. Ses piliers : l’ouverture aux investisseurs étrangers, l’industrialisation et le capital humain. Il parvient en quelques décennies seulement à créer ce que l’on appelle souvent « le miracle économique du XXe siècle ». Les chiffres parlent d’eux même. Singapour est la première place financière d’Asie en compétition avec Hong-Kong et Shanghai et la troisième au niveau mondial en 2022. Son économie est la troisième plus compétitive au monde, et le quatrième pays qui reçoit le plus d’investissements étrangers.

L’aimant de l’Asie du Sud-Est

Avec son insolente réussite économique, sa stabilité politique, sa fiscalité avantageuse, son faible taux de corruption et le respect de l’Etat de droit, Singapour dispose d’un environnement des affaires qui attire les entreprises et talents du monde entier comme un aimant. Et les Français ne sont pas en reste. Le nombre d’entreprises françaises est en constante augmentation : 886 filiales tricolores sont établies à Singapour en 2022 contre 470 en 2010. Parmi les implantations françaises, on compte aussi bien de grandes entreprises, des ETI, des PME, que des succursales et des bureaux de représentation. La majorité de nos grands fleurons sont représentés, à l’instar de ST Microelectronics, Thales,  CMA-CGM, Dassault Système, BNP Paribas, Essilor ou AccorHotels. Des services aux entreprises, à la finance, en passant par la vente au détail, la plupart des secteurs sont représentés.

Un laboratoire à ciel ouvert

Toujours en quête de nouveaux moteurs de croissance, Singapour, aussi appelée le « laboratoire à ciel ouvert », mise sur l’innovation dans tous les secteurs. Une stratégie payante puisque la cité-Etat est aujourd’hui le cinquième pays au monde le plus innovant selon l’Indice mondial de l’innovation (Global Innovation Index) publié chaque année par l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI). Engie, Airbus, Thales y ont d’ailleurs installé leurs centres de R&D. Au-delà des entreprises, les instituts de recherche se pressent également à Singapour. C’est le cas notamment du prestigieux CNRS qui a fait le choix de Singapour pour implanter sa première filiale à l’étranger en 2019. Partenaire de Create (Campus pour la recherche et l’initiative technologique), un campus d’acteurs internationaux majeurs sélectionnés par le gouvernement singapourien pour accroître le dynamisme et la diversité de l’écosystème R&D du pays, le CNRS collabore avec universités et instituts de recherche à la fois français et singapouriens, notamment sur les questions de développement de l’intelligence artificielle hybride et sur les enjeux de smart cities.

Au total près de 250 chercheurs viennent travailler dans cette Silicon Valley asiatique qui ne s’arrête jamais. Attirés également par cet environnement stimulant, les entrepreneurs de tout crin viennent également tenter leur chance. Ils sont près de 300 aventuriers du business bien décidés à venir se tailler leur part du (mer)lion et plus particulièrement dans l’industrie technologique. Nombre de jeunes pousses se lancent dans les fintech, biotech, medtech, edutech. La French Tech qui regroupe toutes les start-up, à tous les stades de leur développement, de l’entreprise embryonnaire à la scale-up de plusieurs centaines de salariés, a fêté ses dix ans en 2023.

La  championne de la qualité de vie en Asie

Mais Singapour ne peut se réduire à sa seule dimension économique. Longtemps étiquetée comme la ville plus ennuyeuse d’Asie, autoritaire et besogneuse, perçue comme une simple escale, elle soigne depuis plus d’une dizaine d’années son image pour devenir une ville globale, dynamique, branchée et culturelle. Sans même sortir de l’aéroport, le visiteur prend toute la mesure de cette obsession de se réinventer sans cesse. Singapour ne se contente pas d’avoir le meilleur aéroport au monde, elle en fait une destination à part entière avec sa nouvelle attraction : Jewel.

Inauguré en 2019, ce terminal logé sous un dôme de verre et d’acier abrite notamment une cascade de 40 mètres de haut tombant au milieu d’une forêt intérieure de milliers d’arbres et de plantes. Tout simplement spectaculaire. Un joyau signé Moshe Safdie, architecte israélo-canadien dont le nom est connu de tous les Singapouriens puisqu’il est également le père de l’une des icônes architecturales de la ville : Marina Bay Sands, avec sa piscine géante perchée à 200 mètres de haut. Mais Singapour c’est aussi une ville multiculturelle où se côtoient Chinois, Malais, Indiens et qui se dévoile à travers dans les quartiers de Chinatown, Kampong Glam ou Little India. C’est aussi une ville où l’on peut commencer sa journée en visitant un temple chinois, enchaîner par un temple hindou, déjeuner d’une soupe pour une poignée de dollars dans un food court ou dîner dans un étoilé Michelin, découvrir l’art moderne du Sud-Est asiatique à la National Gallery, visiter le plus haut potager urbain au monde à 280 mètres de haut sur le toit de CapitaSpring, nouvelle tour en plein coeur du centre d’affaires, ou encore aller courir le long de la mer à East Coast.

Si Singapour est l’une des villes les plus denses au monde, c’est également une « ville jardin » avec près de 30% de son territoire constitué d’espaces verts. Du Jardin botanique imaginé au XIXe siècle au futuriste Gardens by The Bay et ses arbres géants d’acier en passant par la jungle tropicale du McRitchie ou de Bukit Timah, la nature n’est jamais très loin à Singapour. Autant d’atouts qui en font la championne de la qualité de vie en Asie. Même si les Français ont boudé un temps Singapour en raison notamment des restrictions liées au Covid, ils sont plus de 13 130 à y vivre aujourd’hui. Les écoles y sont de qualité avec notamment un lycée français qui peut se targuer d’un taux de 99,3% de réussite au bac 2023 et des hôpitaux à la pointe, de quoi rassurer les familles. Mais attention, ce portrait plutôt flatteur ne doit pas faire oublier les ombres au tableau. Au premier rang desquels le coût de la vie, préoccupation numéro 1 des Singapouriens comme des étrangers. Singapour : embarquement immédiat ? Oui, mais sans oublier d’avoir bien rempli son tableau Excel pour que le rêve singapourien ne se transforme pas en désillusion.

 

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