Afrique
Guinée
L’instabilité consécutive au coup d’État du 5 septembre 2021 qui a renversé le président Alpha Condé a trouvé une nouvelle illustration avec la dissolution, le 19 février dernier, du gouvernement d’intérim du Premier ministre Bernard Goumou, en poste depuis juillet 2022. Ce dernier avait alors succédé à Mohamed Béavogui, mis en place par la junte dirigée par le colonel Mamadi Doumbouya, devenu ensuite président de la Transition et leader du Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD). Ces remaniements s’inscrivent dans un contexte de mécontentement grandissant au sein de la population guinéenne, impatiente de pouvoir à nouveau s’exprimer dans les urnes. Conformément au calendrier établi conjointement avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), le CRND s’est engagé à organiser ce scrutin en janvier 2025. Pour l’heure, plusieurs groupes de la société civile ont appelé à la mobilisation et à la grève générale, en dépit de l’interdiction de manifester, toujours en vigueur. La hausse du coût de la vie, les coupures d’électricité fréquentes et les restrictions dans les communications internet ces derniers mois participent du courroux des opposants à la junte.
Sénégal
Le statu quo demeure quant à la date de la prochaine élection présidentielle, prévue initialement le 25 février, repoussée au 15 décembre par le président Macky Sall, avant que cette décision ne soit invalidée par le Conseil constitutionnel. Si le chef de l’État s’est engagé à quitter son mandat le 2 avril comme convenu, l’opposition politique et la société civile restent vigilants et continuent à manifester. Toutefois, ces rassemblements se déroulent dans un climat pacifique, sans commune mesure avec ceux qui avaient suivi l’annonce du report du scrutin, émaillés de nombreux affrontement avec les forces de l’ordre.
Amériques
Brésil
Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées le week-end dernier à São Paulo pour soutenir Jair Bolsonaro. L’ancien président d’extrême droite est toujours visé par une enquête pour tentative de coup d’État et déclaré inéligible jusqu’en 2030, accusé de délit de désinformation. À l’instar de la stratégie de Donald Trump aux États-Unis, Bolsonaro cherche à renverser les charges et se considère victime d’une persécution. Défait par Luiz Inácio Lula da Silva (dit « Lula ») lors de la présidentielle d’octobre 2022, l’ancien président pèse toujours sur la scène politique brésilienne et tend notamment à exercer une influence sur les élections municipales qui auront lieu en octobre prochain.
Asie/Pacifique
Chine/Taïwan
La tension reste présente entre la République populaire de Chine et le petit État insulaire, étayée par de fréquentes escarmouches, comme ce bateau de croisière taïwanais abordé la semaine dernière par des garde-côtes chinois, semant un vent d’inquiétude chez les habitants de l’île autonome. Cet incident, survenu près de l’archipel taïwanais de Kinmen – au large des villes chinoises de Xiamen et Quanzhou – s’est produit le lendemain d’une annonce de Pékin affirmant que l’armée chinoise comptait renforcer ses patrouilles dans la région. En cause, la mort de deux pêcheurs chinois la semaine passée, noyés accidentellement alors qu’ils étaient poursuivis par des garde-côtes taïwanais.
Papouasie-Nouvelle-Guinée
Les violences tribales ont fait de nouvelles victimes la semaine dernière sur les hauts plateaux de la moitié orientale de l’île de Nouvelle-Guinée (la moitié ouest appartenant à l’Indonésie) – cet État souverain comprenant également l’archipel Bismarck, l’île Bougainville et de nombreuses petites îles. Selon la police locale, qui évoque la tuerie « la plus importante » de l’histoire contemporaine du pays, au moins soixante-quatre personnes ont été tuées dans ces affrontements qui prennent racine dans des conflits ancestraux. Un détachement militaire a été dépêché en renfort, mais son faible contingent fait l’objet de critiques en raison de son infériorité numérique face aux tribus locales qui, selon les témoins, seraient munies de diverses armes lourdes. Des manifestations ont eu lieu dans la capitale Port-Moresby pour enjoindre les autorités à mettre fin à ces violences.
Europe/Communauté des États indépendants (CEI)
Ukraine
La comptabilité macabre de l’invasion russe en Ukraine dévoile des chiffres accablants, mais que la nature du conflit rend difficile à confirmer précisément. Selon Volodymyr Zelensky, quelque 31 000 soldats ukrainiens auraient été tués depuis l’ouverture des hostilités en février 2022. Cette communication sur le nombre de tués côté ukrainien est la première que produit Kiev depuis le début du conflit. Si elle est probablement sous-estimée, cette estimation est cependant très inférieure aux centaines de milliers de soldats ukrainiens morts, évoqués par Vladimir Poutine. Selon l’ensemble des analystes internationaux, les pertes humaines seraient beaucoup plus importantes du côté de l’armée russe, mais il est là aussi impossible de les quantifier précisément, le Kremlin ne communiquant pas sur ce thème, sauf à largement minimiser ces chiffres pour servir un récit conquérant. Les victimes civiles payent aussi un lourd tribut au conflit. Selon les Nations unies, plus de dix mille d’entre elles auraient perdu la vie depuis le début de l’invasion russe.