Avec plus de 17 milliards d’euros, la France est le deuxième investisseur direct étranger au Portugal. Selon les chiffres officiels, les Français sont 60.000 à vivre et travailler au Portugal. Et si le pays attire environ 750 filiales de grandes sociétés tricolores, c’est qu’ici, les coûts d’opération pour les entreprises sont quasiment deux fois moins chers qu’en France.
Plusieurs secteurs de l’économie sont donc en croissance, commente Laurent Marionnet, directeur général de la Chambre de commerce et d’industrie luso-française (CCILF) : « D’abord le tourisme, évidemment, qui a fait redémarrer la machine, après la crise financière de 2008-2014. Aujourd’hui, le tourisme représente 20% du PIB, et il y a toujours des projets de développement. Ensuite, vous avez aussi l’industrie traditionnelle, qu’il ne faut pas oublier, car c’est elle qui permet au Portugal, en temps de difficulté, de fonctionner. Depuis quelques années déjà, on assiste à des relocalisations d’entreprises qui étaient parties produire en Asie ou en Afrique du Nord. »
Le maire de Lisbonne a d’ailleurs récemment symboliquement inauguré une “fabrique à licornes” dans la capitale, du nom de ces sociétés issues des nouvelles technologies et valorisées à plus d’un milliard de dollars. « On n’est pas sur des start-up traditionnelles, précise Laurent Marionnet, le Portugal est en train de changer de visage, et devient un pays d’innovation avec l’implantation de centres de recherche et d’innovation, notamment ans l’automobile, où vous avez beaucoup d’Allemands, avec pas mal d’emplois, et qui ouvrent des laboratoires de recherche, avec une liaison aussi avec les universités, qui se fait très facilement, donc c’est un vrai atout. »
Des projets dans les tuyaux
Le pays est également très en avance en Europe, sur les énergies vertes, et compte bien conserver son avantage. « Il y a des périodes, quand il y a beaucoup de vent ou beaucoup de pluie, où le pays fonctionne à 100% sur les énergies renouvelables, assure le Français, et c’est arrivé pendant plusieurs jours déjà. Il y a des développements éoliens, hydrauliques et solaires très importants, et il y a encore beaucoup d’opportunités pour les entreprises françaises. »
Dans les transports aussi, de nombreux projets sont dans les tuyaux, comme celui décroché par Alstom, pour la livraison de 117 trains au Portugal. Toutes les rames seront assemblées sur place, dans une usine construite par le groupe français dans le nord du pays. « À la suite du Covid, il y a des plans de relance et des fonds européens qui sont arrivés, rappelle le Français. Le Portugal a reçu pas mal d’aides, et en profite pour remettre à jour ses infrastructures. Il ne faut pas oublier que pendant cette crise financière, tous les investissements publics ont été bloqués. Il faut remettre à niveau, et il y a des projets dans les infrastructures, peut-être de construction de nouvelles lignes, on espère de liaison du réseau portugais au réseau espagnol, qui permettrait après de relier à l’Europe. »
Selon les dernières données de la Banque centrale portugaise, avec plus de 17 milliards d’euros investis en 2022, la France se place comme le deuxième investisseur étranger au Portugal derrière l’Espagne.
Reste que si le coût de la vie est moins élevé qu’en France, les revenus sont aussi plus bas : l’an dernier, le salaire minimum portugais net était à environ 680 euros. Le salaire moyen n’est guère plus haut. Revers de la médaille : victime de son succès, depuis plusieurs années, les tarifs de l’immobilier s’envolent au Portugal. Lire et écouter la chronique ici
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La Chambre de commerce et d’industrie luso-française (CCILF)