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Emmanuel Langlois
25 mars 2024

FranceInfo, Français du monde. « Finlande : un four solaire pour cuisiner sans électricité »

Une Française a mis au point un système de collecte d’énergie thermique solaire, qui permet de cuire des aliments à moindre coût, et sans émettre de gaz à effet de serre. Plus de 150 sont déjà en service, en particulier en Afrique de l'Est.

C’est l’un des appareils les plus énergivores d’un foyer. Un four électrique consomme en moyenne 100 kW/h chaque année. Autant dire que dans un contexte de réduction des consommations d’énergie et de lutte contre les gaz à effet de serre, le four solaire mis au point à Tampere, en Finlande, par Eva Wissenz et sa petite société, Lytefire, prend tout son sens.

L’appareil se présente sous la forme d’un mur vertical de 7 m2 composé de rangées de miroirs incurvés et installés face au soleil. « Il s’agit d‘un champ de miroirs orientés de telle manière qu’ils concentrent la lumière du soleil sur un point focal, explique la Française, sur un four à pain en l’occurrence, pour créer de la chaleur sans aucune électricité. »

L’appareil permet également de torréfier des graines comme des arachides. Ici, la température peut atteindre 300 degrés. La production peut atteindre une centaine de kilos de pain par jour, après un temps de chauffe de trois quarts d’heure environ.

Grandie en Corse, à Saint-Florent, Eva Wissenz vit depuis plus de 10 ans en Finlande, séduite par le soutien et les prêts proposés aux entreprises en démarrage, ou à des projets pilotes par le pays scandinave. Pensé pour les pays en voie de développement, ce four solaire permet aux habitants d’utiliser l’énergie du soleil la majeure partie de l’année. « Dans des pays dans lesquels nous sommes très présents, comme en Afrique de l’Est, le soleil est là 10 mois par an, détaille-t-elle. Ça veut dire que pendant 10 mois, il n’y a pas de déforestation ou d’achat de combustible polluant. Et il y a une économie réalisée qui permet de revenir au bois ou au charbon, mais uniquement pendant deux mois.»

Pour l’Afrique, les fours sont fabriqués au Kenya, et deux formateurs proposent d’aider les locaux.

Formation à la boulangerie solaire

« Nous avons créé aussi une formation à la boulangerie solaire, se félicite la Française, ce qui nous permet quand on arrive quelque part de former des jeunes qui n’ont pas de travail à cette activité, pour qu’ils créent ensuite une petite boulangerie solaire locale qui pollue moins, et qui crée un peu de stabilité économique localement. »

Achetés essentiellement par des ONG, principaux clients de la société de Tampere, ces fours solaires autonomes équipent aussi des camps de réfugiés. Basiques, faciles d’entretien, avec une durée de vie de 16 à 19 ans, 150 exemplaires du four solaire de LyteFire sont en fonctionnement dans le monde. « C’est une machine qui est dehors tout le temps, argumente Eva Wissenz. Contrairement à un panneau photovoltaïque qui, lui, va produire de l’électricité, quand il casse, il faut en faire revenir un autre de Chine. Nous, notre modèle, c’est d’essayer de trouver localement des personnes qui vont acheter une licence, et fabriquer localement cet outil. »

L’appareil peut aussi produire de la vapeur. L’invention de la Française a même séduit l’ancien directeur technique de la société, aujourd’hui boulanger en Normandie, qui cuit son pain grâce à un four solaire. Des artisans le fabriquent aussi en France. La société emploie aujourd’hui six permanents et travaille entre la Finlande, la Suisse et le Kenya. Elle est aussi partenaire du laboratoire « low tech » de Grenoble, qui accompagne les personnes désireuses d’installer et d’utiliser un four solaire. Comptez 9 000 euros pour un appareil clé en main. Signe que les investisseurs, eux aussi, croient à l’avenir du four solaire, la Française vient de boucler, en Finlande, un premier tour de table, avec à la clé une levée de fonds de deux millions d’euros. Lire et écouter la chronique ici

Aller plus loin

Sa société à Tampere, en Finlande, Lytefire

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