Français à l’étranger : Vous êtes à la tête de l’entreprise Wellzia basée en Suisse. Que propose cette entreprise ?
Patrick Nacabal : La mission de la société Wellzia est de représenter et de développer des marques françaises de produits cosmétiques qui souhaitent s’implanter en Suisse et en Autriche. Nous obtenons leur représentation et assurons leur importation, leur promotion exclusive ainsi que leur distribution. Pour cela, nous collaborons avec des pharmacies, des grands magasins mais aussi différents acteurs du canal digital, qui nous contactent pour se procurer et commercialiser les marques que nous représentons.
Pourriez-vous nous raconter la genèse de votre entreprise ?
Enfant, j’étais déjà expatrié avec mes parents. J’ai donc toujours baigné dans un univers international. J’ai par la suite effectué 80 % de ma carrière à l’étranger, en Afrique, en Espagne et en Amérique Latine. En tant qu’expatrié, j’ai toujours travaillé dans le domaine du marketing pour des groupes français spécialisés dans la santé et les cosmétiques : L’Oréal, Sanofi Pasteur, Pierre Fabre, etc. Fort de ces expériences, l’idée m’est venue il y a quatre ans de créer ma propre société de distribution de marques françaises en Suisse et par la suite en Autriche. J’ai donc lancé Wellzia en mars 2021.
Vous avez créé votre société en Suisse : pourquoi ce pays ?
C’est d’abord une question d’opportunité de marché. Le marché Suisse a la particularité d’être à la fois attirant par son image mais très problématique par son développement. Il y a en Suisse seulement huit millions d’habitants sur un territoire assez vaste et escarpé. Les coûts liés aux salaires, les charges et le coût de la vie y sont très élevés, ce qui fait que les grandes marques ne peuvent pas en tirer un chiffre d’affaires suffisant pour rentabiliser l’investissement financier effectué pour s’y installer. Elles font donc appel à de petites sociétés comme nous à qui elles délèguent leurs marques. En Suisse, plus de 99% des entreprises sont des PME !
Quels sont les avantages et inconvénients de la Suisse pour entreprendre ?
Après avoir voyagé dans le monde entier j’ai pu comparer beaucoup de pays. J’ai choisi la Suisse pour sa qualité de vie professionnelle. C’est un pays qui est extrêmement bienveillant dans le monde du travail. Lors des échanges et des négociations avec les enseignes, le respect mutuel est très fort. C’est aussi agréable de travailler dans un pays que vous avez envie de parcourir pour aller voir des clients. Ici toutes les villes sont belles et on y mange bien. Le pays fait par ailleurs partie des plus sûrs au monde. En revanche, il est compliqué de recruter en Suisse du fait notamment qu’il y a quatre langues officielles : l’allemand, le français, l’italien et le romanche. Pour travailler dans le commerce il faut en maîtriser trois idéalement. Il y a aussi peu de personnes qualifiées dans notre domaine d’activité.
Comment décririez-vous la communauté des entrepreneurs français en Suisse ?
J’ai débuté mon activité au sein de la Chambre de commerce et d’industrie France-Suisse (CCIFS) où nous avons été logés pendant trois ans au sein du “booster” d’entreprises. Par ce biais j’ai pu bénéficier d’une vraie entraide de la communauté française. Lorsque je demandais conseil, on m’aidait toujours et on m’a permis de rencontrer du monde. En Suisse, les entreprises françaises sont bien représentées et il est facile de se créer un carnet d’adresses.
Que conseilleriez-vous à un Français qui souhaite monter son entreprise en Suisse ?
Foncez ! Si vous avez une bonne idée et envie de travailler en Suisse c’est un pays très accueillant pour les entrepreneurs. Toutefois, il faut oublier les semaines de 35h. En Suisse nous n’avons que quatre semaines de vacances, et les RTT n’existent pas. Et il faut tirer un trait sur les acquis sociaux. En France, il y a aussi beaucoup d’aides pour l’entreprenariat. Tout cela n’existe pas en Suisse. Pour se lancer, il est donc essentiel de disposer d’un capital solide et de pouvoir s’autofinancer. Surtout qu’ici, les banques n’accompagnent pas les entrepreneurs comme en France. Mais si vous êtes bosseur, vous y arriverez, la Suisse a beaucoup d’autres qualités à offrir.