« Nous allons vers une dématérialisation de la monnaie et l’euro numérique fait partie de cette tendance qui vise à adopter une monnaie de plus en plus ‘légère’», explique l’économiste associé à la plateforme financière SPAK et professeur à Science Po Michel Ruimy. Selon lui, le projet de création d’une monnaie virtuelle européenne, ou « euro numérique » participe à une volonté de l’Union européenne de « maîtriser l’évolution de la monnaie ». Dans un communiqué du 18 octobre 2023, la Banque centrale européenne (BCE) notait en effet que « dans un contexte de déclin de l’utilisation d’espèces, ainsi qu’une transition accélérée vers le shopping en ligne et les paiements digitaux, il est crucial de s’assurer que la monnaie européenne demeure sécurisée ».
La phase d’investigation sur la viabilité du projet étant terminée, la « phase préparatoire » est désormais ouverte. Elle doit permettre de définir les modalités de développement de cet euro numérique en vue d’une mise en circulation prévue pour fin 2025. « La Banque centrale européenne avait initialement annoncé un lancement en 2024, mais les calendriers sont régulièrement ajustés. Il faut que toutes les banques centrales puissent s’aligner sur le projet, ce qui nécessite des technologies et des investissements. Aussi , il se peut que nous voyions apparaître les premières formes d’euro numérique entre 2025 et 2026 », confirme Michel Ruimy.
Un moyen de paiement reconnu dans toute la zone euro
Qu’apporterait cet euro numérique ? « La mise en place de cette cryptomonnaie permettrait de minimiser les coûts d’exploitation dans le système financier, explique Michel Ruimy. Actuellement lorsqu’un usager utilise sa carte bancaire, le système bancaire perçoit des commissions qui engendrent des frais annuels. La dématérialisation de la monnaie permettrait d’annuler ces coûts de gestion. » Contrairement aux autres cryptomonnaies, telles que le Bitcoin ou l’Ethereum, l’euro numérique serait également un moyen de paiement reconnu par tous les États de la zone euro et donc utilisable partout pour les paiements en ligne comme dans les commerces.
« Un euro virtuel permettrait de transposer les éléments clefs du liquide à l’ère du digital » précise le communiqué de la BCE. En effet, l’euro numérique offrirait le même anonymat que les espèces, contrairement aux transactions informatiques actuelles, et protégerait donc les données des consommateurs. « Lorsque l’on réalise des achats avec une carte bancaire, il y a une traçabilité. Or, ces informations peuvent être utilisées par un tiers, notamment pour déceler des habitudes de consommation et monétiser ces données », détaille l’économiste.