Ils sont près de 4 millions recensés en France, sans compter tous ceux qui ignorent tout de leur maladie. Jusqu’à présent, un diabétique devait se piquer le doigt à intervalles réguliers, pour connaître son taux de sucre dans le sang, et ajuster au besoin son traitement. Cela pourrait rapidement changer grâce aux recherches menées par la société que dirige à San Francisco Bruno Thuillier.
« Ce qu’on propose, c’est de remplacer ce fonctionnement-là par un fonctionnement beaucoup plus simple, où il s’agit simplement de souffler entre trois et cinq ou six secondes. On va venir analyser la dernière partie du souffle parce que c’est elle qui est le plus riche, sans que vous ayez à vous piquer le doigt. »
Créée par le Français il y a quelques années en Californie, BOYDSense, c’est son nom, a bâti sa réputation sur la mise au point de nez électroniques, utilisés en particulier dans le secteur agroalimentaire. Elle a ainsi décroché un contrat en Chine, pour tester chaque année la qualité de millions de litres de lait.
Le principe est le même pour le diabète avec l’étude des composés organiques volatils, explique-t-il : « Il faut imaginer des toutes petites molécules, c’est environ 100 fois plus petit qu’un virus. On les trouve dans un bifteck ou dans des frites, ou dans un soda. Il y en a aussi qui sont générés par vos cellules et remontent dans le sang, puis passent dans vos poumons et se retrouvent dans l’air expiré. » À la manière d’un éthylotest, il suffit alors de mesurer en quelles quantités sont présentes ces molécules, pour en déduire la corrélation avec la glycémie, la teneur en sucre, présente à l’instant T chez le patient. La société a identifié une vingtaine de ces composés gazeux.
Un projet bien avancé
Mathématiques, statistiques, chimie organique : si elles paraissent simples pour un néophyte, ces mesures sont sophistiquées, et demandent beaucoup de compétences différentes. Pour le patient, la lecture se fait via une application directement, instantanément, sur l’écran de son smartphone. La mesure peut aussi permettre de juger de l’efficacité des médicaments et des traitements suivis par le patient.
BOYDSense travaille depuis huit ans sur le projet. Deux études cliniques ont déjà été menées, l’une en France avec le CHU de Toulouse, et l’autre en Angleterre. Le projet est aujourd’hui bien avancé, assure Bruno Thuillier : « On a des prototypes qui ont été fournis aux CHU qui ont fonctionné jour après jour, sans intervention, qui ont été utilisés par les infirmières, sans formation aucune. Donc on n’est pas dans des prototypes qui sont très loin du produit. Donc ça montre un certain niveau de maturité. » Lire et écouter la chronique ici
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Sa société BOYDSense en Californie